jeudi 11 décembre 2014

Vers une santé privée!

Vers une santé privée!
Le projet de loi 10 déposé par le ministre de la Santé, Docteur Gaétan Barrette, engendrera une modification de la structure des centres de santés et des services sociaux (CSSS). En abolissant les agences régionales le gouvernement croit pouvoir diminuer ses coûts d’exploitations, en une diminution de la main d’œuvre et prétend même pouvoir donner un meilleur service à la population. Cette pensé est paradoxale, car il y a plus de 10 ans le projet de loi 25, qui consistait à la création des CSSS, avait le même objectif que la loi 10, c’est-à-dire désengorger les salles d’attendes ainsi que d’offrir un meilleur suivit pour les patients. Cependant les investissements n’ont pas suivi l’idéologie du projet de loi et il fut laissé à l’abandon. Cette centralisation du pouvoir dans les mains du ministre ne fera que déboussoler la structure étatique de la santé et diriger les utilisateurs du système vers les alternatives privées.
En effet, cette restructuration vers la sous-traitance créera un débalancement dans la stabilité des travailleurs occupant les CSSS. Ces fusions regrouperont des masses de travailleurs qui seront sous la gérance maintenant d’un seul employeur distinct. On peut regarder dans la région de Québec ou la fusion entraînera 27 000 employés à travailler pour le même employeur. Premièrement, cela causera certainement plusieurs suppressions d’emplois, puisque plusieurs fonctionnaires avaient la même fonction dans leur centre respectif, mais qu’au final un seul poste restera. Deuxièmement, la charge de travail ne sera pas diminuée, ce qui signifie un ralentissement de service envers la population ou des coupures mineures dans le système.
De plus, le risque d’une augmentation du travail atypique pour les travailleurs de la santé est à craindre. Dans plusieurs domaines il est possible pour les établissements de faire affaire avec des agences pour de la sous-traitance dans les services. Depuis plusieurs années une tendance existe pour la sous-traitance des services auxiliaires dans le domaine de la santé. L’occasion se présentera encore plus avec ces fusions, car la gestion de plus grand territoire pourra  intéresser le secteur privé qui verra cette opportunité. La gestion des services auxiliaires par le privé enlève des emplois avec de bonnes conditions aux travailleurs. Tous les domaines associés aux CSSS soient : dans la cuisine, dans l’entretien ménager et immobilier, en informatique ainsi que dans les soins à domicile tous se retrouvent gérés par une convention collective due à un syndicat. Cette protection ne persistera certainement pas lorsque le secteur privé prendra en charge un de ses départements. Donc, cela entraînera une prolifération de conditions de travail moindre pour les employés, qui travailleront sans protection à un salaire moindre pour le même emploi qu’auparavant. Il faut aussi se questionner sur les avantages que ces changements apporteront réellement sur l’économie québécoise. La gestion due privée n’est pas nécessairement plus économe, certes leur main d’œuvre est beaucoup moins dispendieuse, mais leur but premier est de faire du profit. Alors, est-ce que la précarisation des travailleurs vaut vraiment l’économie de quelques dollars ou une restructuration des finances de l’État serait grandement envisageable ?
Dans ce point de vue peu de personnes dans le système de santé ne semblent appuyer ce projet qui ne semble avoir aucune coordination et aucune vue d’ensemble du réseau de la santé. Le seul parti se prononçant en faveur du projet est la fédération des chambres du commerce du Québec qui voit une opportunité pour les entreprises privées de se développer grâce aux finances publiques. On peut donc voir l’idéologie néo-libéraliste du parti au pouvoir qui de cette manière pourra indirectement financer les entreprises privées depuis une institution de l’État.

À mon avis, il est certain que ces transformations ne sont que le début d’une lente transition vers un système de santé régie complètement par le privé. L’établissement de ces mégastructures en fusionnant les CSSS n’est que le commencement d’une direction vers le privé. Il faut comprendre que le but premier de ces actions est une application pure et dure de politique libérale afin de favoriser l’économie d’entreprise et non les politiques sociales. L’État a toujours été un employeur de qualité majeur dans la société québécoise et la loi 10 pourrait faire en sorte que cela change. Le Québec est arrivé à un tournant où il doit décider si la création d’emploi stable est une priorité à un moment où le travail atypique est en pleine expansion ou si tout simplement la minimisation de la cotisation des citoyens est une priorité au-dessus de tout.

Par Alexandre Ashby-Poulin

Lien: http://www.ledevoir.com/societe/sante/425038/le-projet-de-loi-10-ouvrirait-la-porte-a-la-sous-traitance 

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