Vers
une santé privée!
Le
projet de loi 10 déposé par le ministre de la Santé, Docteur Gaétan Barrette, engendrera
une modification de la structure des centres de santés et des services sociaux
(CSSS). En abolissant les agences régionales le gouvernement croit pouvoir
diminuer ses coûts d’exploitations, en une diminution de la main d’œuvre et
prétend même pouvoir donner un meilleur service à la population. Cette pensé
est paradoxale, car il y a plus de 10 ans le projet de loi 25, qui consistait à
la création des CSSS, avait le même objectif que la loi 10, c’est-à-dire
désengorger les salles d’attendes ainsi que d’offrir un meilleur suivit pour
les patients. Cependant les investissements n’ont pas suivi l’idéologie du
projet de loi et il fut laissé à l’abandon. Cette centralisation du pouvoir
dans les mains du ministre ne fera que déboussoler la structure étatique de la
santé et diriger les utilisateurs du système vers les alternatives privées.
En
effet, cette restructuration vers la sous-traitance créera un débalancement
dans la stabilité des travailleurs occupant les CSSS. Ces fusions regrouperont
des masses de travailleurs qui seront sous la gérance maintenant d’un seul
employeur distinct. On peut regarder dans la région de Québec ou la fusion entraînera
27 000 employés à travailler pour le même employeur. Premièrement, cela
causera certainement plusieurs suppressions d’emplois, puisque plusieurs
fonctionnaires avaient la même fonction dans leur centre respectif, mais qu’au
final un seul poste restera. Deuxièmement, la charge de travail ne sera pas
diminuée, ce qui signifie un ralentissement de service envers la population ou
des coupures mineures dans le système.
De
plus, le risque d’une augmentation du travail atypique pour les travailleurs de
la santé est à craindre. Dans plusieurs domaines il est possible pour les
établissements de faire affaire avec des agences pour de la sous-traitance dans
les services. Depuis plusieurs années une tendance existe pour la
sous-traitance des services auxiliaires dans le domaine de la santé. L’occasion
se présentera encore plus avec ces fusions, car la gestion de plus grand
territoire pourra intéresser le secteur
privé qui verra cette opportunité. La gestion des services auxiliaires par le
privé enlève des emplois avec de bonnes conditions aux travailleurs. Tous les
domaines associés aux CSSS soient : dans la cuisine, dans l’entretien
ménager et immobilier, en informatique ainsi que dans les soins à domicile tous
se retrouvent gérés par une convention collective due à un syndicat. Cette
protection ne persistera certainement pas lorsque le secteur privé prendra en
charge un de ses départements. Donc, cela entraînera une prolifération de
conditions de travail moindre pour les employés, qui travailleront sans protection
à un salaire moindre pour le même emploi qu’auparavant. Il faut aussi se
questionner sur les avantages que ces changements apporteront réellement sur
l’économie québécoise. La gestion due privée n’est pas nécessairement plus
économe, certes leur main d’œuvre est beaucoup moins dispendieuse, mais leur
but premier est de faire du profit. Alors, est-ce que la précarisation des
travailleurs vaut vraiment l’économie de quelques dollars ou une restructuration
des finances de l’État serait grandement envisageable ?
Dans
ce point de vue peu de personnes dans le système de santé ne semblent appuyer
ce projet qui ne semble avoir aucune coordination et aucune vue d’ensemble du
réseau de la santé. Le seul parti se prononçant en faveur du projet est la
fédération des chambres du commerce du Québec qui voit une opportunité pour les
entreprises privées de se développer grâce aux finances publiques. On peut donc
voir l’idéologie néo-libéraliste du parti au pouvoir qui de cette manière
pourra indirectement financer les entreprises privées depuis une institution de
l’État.
À
mon avis, il est certain que ces transformations ne sont que le début d’une
lente transition vers un système de santé régie complètement par le privé. L’établissement
de ces mégastructures en fusionnant les CSSS n’est que le commencement d’une
direction vers le privé. Il faut comprendre que le but premier de ces actions
est une application pure et dure de politique libérale afin de favoriser
l’économie d’entreprise et non les politiques sociales. L’État a toujours été
un employeur de qualité majeur dans la société québécoise et la loi 10 pourrait
faire en sorte que cela change. Le Québec est arrivé à un tournant où il doit
décider si la création d’emploi stable est une priorité à un moment où le
travail atypique est en pleine expansion ou si tout simplement la minimisation
de la cotisation des citoyens est une priorité au-dessus de tout.
Par Alexandre Ashby-Poulin
Par Alexandre Ashby-Poulin
Lien: http://www.ledevoir.com/societe/sante/425038/le-projet-de-loi-10-ouvrirait-la-porte-a-la-sous-traitance
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