lundi 8 décembre 2014

Le harcèlement psychologique et la précarité du travail des femmes

Présentation de l’article «Harcèlement psychologique : 23 880 plaintes plus tard», de Gilbert Leduc du journal La presse le 17 juin 2014. En ligne au : http://www.lapresse.ca/le- soleil/affaires/vie-au-travail/201406/17/01-4776700-harcelement-psychologique-23-880- plaintes-plus-tard.php

Dans notre société actuelle, nous avons d’avantage le réflexe de nous arrêter sur les difficultés psychologiques et sociales rencontrées par les travailleurs plutôt que sur les blessures et dangers physiques comme c’étais le cas auparavant. Une de ces difficultés au travail qui nous est d’actualité est le harcèlement psychologique. Le harcèlement est une succession de comportements hostiles et répétitifs envers une personne et qui lui porte une grande détresse psychologique. Il faut se nuancer ici et ne faut pas trop s’alarmer par rapport au harcèlement psychologique, si l’on se fit au chiffres, celui-ci ne comporte que 8% des plaintes reçus par la CNT, pour les personnes évoluant dans un milieu non syndiqué.
Ce qui est intéressant, c’est d’observer le profil type de la personne plaignante. Il m’a été décevant de constater que la majorité des gens subissant du harcèlement psychologique au travail sont les femmes, à 62%. Ce qui est encore plus alarmant, et pourtant pas si surprenant, est que la cause de cette plainte de harcèlement psychologique sont souvent des hommes, qui sont dans 82% des cas en situation de pouvoir sur la femme. Ces femmes ont une moyenne de 5 ans d’activité dans leur compagnie et tolère environ 1 mois cette situation d’harcèlement avant de porter plainte. Souvent elles endurent plus longtemps la situation si elles sont plus âgées, ont de meilleurs salaires ou occupent un poste plus élevé dans la hiérarchie. Parfois celles-ci endurent le harcèlement pendant plus de 2 ans.
Comme je l’ai précisé plus haut, c’est l’abus d’autorité qui amène le plus souvent les femmes à porter plainte à la Commission des normes du travail. C’est le mobbing qui arrive en deuxième place comme raison. Cette forme de harcèlement consiste à tenir la femme à l’écart, qui n’est plus invité à participer aux réunions, n’est plus informé de rien, dont de fausses rumeurs circules à son sujet. Viens ensuite le bullying, la violence physique ou verbale et en toute dernière place, le harcèlement sexuel, qui est pourtant celui dont on entend le plus parler, probablement à cause de son aspect sensationnalisme. Si l’on fait un bilan des plaintes, l’on voit
sans surprise que le secteurs où il y a le plus de plaignantes au Québec est le milieu de l’hôtellerie, de la restauration et des bars et du commerce au détail. Viens ensuite celui de l’enseignement, de la santé et des services sociaux. Des milieux qui, en bref, regroupe beaucoup de femmes. Il y a 42% des femmes qui sont toujours dans le milieu de l’emploi où arrive le harcèlement lorsqu’elles portent plainte et seulement 21% d’entre elles conservent cet emploi lorsque la plainte est fermée.
Comment cela se déroule t-il lorsque l’on porte plainte à la CNT pour harcèlement ? Tout d’abord, dans les 48 heures la plainte est examinée, lorsqu’elle est jugée recevable, on convoque les différents partis pour tenir une séance de médiation avant de pouvoir tenir une enquête. Souvent cette enquête ne suivra pas après la médiation, celle-ci étant perturbante le plus souvent, pénétrant le milieu du travail directement. Si jamais la médiation ne débouche à rien, on procéderas alors à une enquête avant que le dossier soit transféré à un commissaire de la CRT qui tranchera. Avant que cette plainte ne se retrouve devant le tribunal, les partis aurons une nouvelle chance de s’entendre à l’amiable. Uniquement 100 à 160 plaintes sur 2000 se rendent à ce point. Dans les 10 dernières années, 93% des plaintes ont été fermées avant d’arriver à la CRT. C’est souvent la médiation qui fait toute la différence, cela se passeras la plupart du temps bien pour celles qui reste à leur emploi et on aideras les autres à choisir d’autres options et à rechercher un nouvel emploi.
Nous pouvons nous interroger sur le statut de la femme à notre époque d’après cet article. Il me semble qu’avec les avancés que celles-ci ont faite à travers les décennies dans le milieu du travail, l’on oublie parfois, ou l’on fait semblant, de ne pas voir que bien des enjeux existent toujours pour elles. Il y a un paradoxe entre la forte croissance de l’emploi féminin tout en apportant une dégradation et une précarisation de leur statut d’emploi. Ce sont en effet les femmes qui possèdent encore le plus de précarisation au travail, ce sont encore elles qui sont majoritairement moins bien payés, celles qui ont le plus d’emplois à temps partiel, de travail temporaires etc. Ces situations sont souvent jugées comme «normales» ou alors inéchangeables et on les ignorent ou les acceptent plus souvent qu’il faudrait. En effet, vu la précarisation de leur milieu de travail, les femmes vont avoir plus souvent tendance à s’adapter ou à changer de milieu de travail plutôt que d’essayer de faire changer les choses. Même lorsque de grandes compagnies

prennent des mesures pour «adapter» les femmes à leurs milieu de travail et les rendent plus compétitives (Apple ou Facebook et la cryoconservation par exemple), cela ramène automatiquement les femmes à ce qu’elles sont et à l’handicape de ce qu’elles sont. Au lieu de s’ouvrir les yeux et d’adapter le milieu du travail aux femmes, on essaie d’adapter les femmes au milieu du travail. 

Elise Légaré-Hains

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