dimanche 7 décembre 2014


Nous voulons de meilleures conditions de travail !


Imaginez-vous avoir un emploi où vous travaillez deux jours par semaine. Comment ferez-vous pour subvenir à votre famille ? Imaginez-vous que l’infirmière qui vous soigne est jugée sous des critères de performance. Stressant non ? Et imaginez-vous être débordé au travail au point où vous ne pouvez plus fonctionner. L’article publié dans Le Devoir, « De meilleures conditions pour de meilleurs soins », présente la réalité des salariés dans le domaine de la santé. Plusieurs font face à l’enjeu de la précarité de l’emploi, à des problèmes psychologiques dus à la surcharge de travail ainsi qu’à un manque d’autonomie et de formation. Ceci a engendré une lutte pour de meilleures conditions de travail en cherchant l’aide syndical.

Selon l’article, le but principal du front commun syndical, est de défendre les 400 000 salariés qui ont un statut précaire et pour ceux dont  l’emploi prendra fin bientôt. En fait, Francine Lévesque, qui est première vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux affirme, «Plus de 50% des salariés dans le secteur de la santé ont un statut précaire, c’est-à-dire qu’ils sont inscrits sur une liste de rappel ou ont un poste à temps partiel». Malgré qu’il y a eu plusieurs créations d’emplois dans le secteur de la santé, on remarque que ces emplois offrent seulement deux jours de travail par semaine.

Cette situation est liée aux idées de Jean-Pierre Durand (2004), qui parle du travail flexible. Dans son texte, on retrouve le concept de cœur/périphérie ; les employés au cœur sont ceux qui ont un emploi à temps plein et stable tandis que dans la périphérie, nous avons les travailleurs qui ont des emplois précaires. Comme dans l’article publié dans Le Devoir, ils ne sont jamais certains du nombre d’heures qu’ils vont avoir.  Daniel Gilbert, vice-président de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), explique que les infirmièr(e)s doivent constamment accepter des heures à la dernière minute pour pouvoir avoir une semaine complète. Mais ce n’est pas toujours facile d’accepter !  Ceci peut causer plusieurs problèmes familiaux. Lorsque celles-ci refusent les heures de dernière minute, les centres de santé doivent payer des heures supplémentaires à un autre employé. M. Gilbert explique qu’il faudrait avoir plus d’emplois à temps pleins pour pouvoir avoir un meilleur équilibre.

Comme si leur emploi précaire n’était pas assez stressant, les salariés ont un autre problème, celui de la surcharge de travail. En conséquent, plusieurs salariés souffrent de problèmes psychologiques. Le front commun syndical affirme que le coût des absences de travail a augmenté dans les dernières années. L’année dernière, le montant à dépasser 390 millions de dollars, dont 40 % des absences étaient dues à des problèmes psychologiques reliés au travail. Le front commun veut une diminution de la charge de travail. La FIQ aimerait l’instauration d’un ratio professionnel/patient.  M. Gilbert ajoute qu’au Québec, il y a ce genre de système, mais il n’est pas officiel. Donc, il n’est pas pris au sérieux dans les établissements. Comme l’explique Pierre-Henri D’Argenson (2010), un trop grand stress et un accent trop sévère sur la performance peut devenir très déshumanisant pour les employés. Souvent, l’importance de performer dont le fait de devoir atteindre des objectifs et avoir plusieurs tâches à remplir, peut causer le manque de gratification de la part des employeurs (D’Argenson, 2010). L’autoritarisme ainsi que l’insatisfaction peuvent être retrouvé dans des endroits où l’on requiert beaucoup de travail (D’Argenson, 2010). Il explique que plusieurs personnes souffrent et peuvent développer des problèmes psycho-sociaux. Louise Chabot, présidente de la CSQ (Centrale des syndicats du Québec) pense que les employées en santé et services sociaux ont besoin de stabilité.  Elle explique,Les travailleurs ont besoin aussi de se sentir appuyés, de se voir offrir des mesures de conciliation travail-famille, de voir la lourdeur de leur tâche diminuer. Ils n’ont surtout pas besoin de se demander où ils travailleront dans ces nouvelles mégastructures et comment seront réorganisés les milieux de travail’. En parallèle, D’Argenson (2010) explique qu’il faut plusieurs changements pour faciliter la vie des travailleurs. On doit prendre plus en considération le fait que les salariés ont une vie familiale et personnelle à l’extérieur de travail.

Les salariés font aussi face au manque d’autonomie et de formation. Il y a une augmentation de la performance requise. Les salariés ont un temps limité pour administrer des soins aux patients. Plusieurs doivent compléter de la documentation pour les patients, ce qui peut prendre 20-30% de leur temps. Donc, non seulement il y a une surcharge de travail mais il y a un manque d’autonomie professionnelle. Les employés en santé ne peuvent pas prendre leur temps avec un client pour l’aider. Tout est basé sur la performance. Un autre lien peut être fait ici avec Pierre-Henri d’Argenson (2010). Avec cette pression, les employés ne travaillent plus en tant que professionnels de la santé mais en tant qu’agents de production. Aussi, les employés doivent suivre des formations. Cependant, ils doivent trouver le temps à l’extérieur de leurs heures de travail et doivent payer les formations eux-mêmes.  

Ceci dit, on peut penser jusqu’à quel point doit-on pousser ces individus pour qu’il y est un changement ?

Elaina Klukowski

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D’Argenson, P-H. 2010. ‘Souffrance au travail : ce qui a changé’, Le Débat, no 161. Pp.105-115.

Durand, Jean-Pierre. 2004. ‘Les réformes structurelles de l’entreprise : l’intégration réticulaire et le flux tendu’, dans La chaîne invisible, Travailler aujourd’hui : Flux tendu et servitude volontaire, Éditions du Seuil, Paris. Pp. 11-18 : 175-206.

 

 

 

 

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