Nous voulons de
meilleures conditions de travail !
Imaginez-vous avoir un emploi où vous travaillez deux
jours par semaine. Comment ferez-vous pour subvenir à votre famille ? Imaginez-vous
que l’infirmière qui vous soigne est jugée sous des critères de performance.
Stressant non ? Et imaginez-vous être débordé au travail au point où vous ne
pouvez plus fonctionner. L’article publié dans Le Devoir, « De
meilleures conditions pour de meilleurs soins », présente la réalité des
salariés dans le domaine de la santé. Plusieurs font face à l’enjeu de la
précarité de l’emploi, à des problèmes psychologiques dus à la surcharge
de travail ainsi qu’à un manque d’autonomie et de formation. Ceci a engendré
une lutte pour de meilleures conditions de travail en cherchant l’aide syndical.
Selon l’article, le but principal du
front commun syndical, est de défendre les 400 000 salariés qui ont un statut
précaire et pour ceux dont l’emploi
prendra fin bientôt. En fait, Francine Lévesque, qui est première
vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux affirme, «Plus de 50% des salariés dans le
secteur de la santé ont un statut précaire, c’est-à-dire qu’ils sont inscrits
sur une liste de rappel ou ont un poste à temps partiel». Malgré qu’il y a eu
plusieurs créations d’emplois dans le secteur de la santé, on remarque que ces
emplois offrent seulement deux jours de travail par semaine.
Cette situation est liée aux idées de Jean-Pierre Durand (2004), qui parle
du travail flexible. Dans son texte, on retrouve le concept de
cœur/périphérie ; les employés au cœur sont ceux qui ont un emploi à temps
plein et stable tandis que dans la périphérie, nous avons les travailleurs qui
ont des emplois précaires. Comme dans l’article publié dans Le Devoir, ils ne
sont jamais certains du nombre d’heures qu’ils vont avoir. Daniel Gilbert,
vice-président de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
(FIQ), explique que les infirmièr(e)s doivent constamment accepter des heures à
la dernière minute pour pouvoir avoir une semaine complète. Mais ce n’est pas
toujours facile d’accepter ! Ceci peut
causer plusieurs problèmes familiaux. Lorsque celles-ci refusent les heures de dernière
minute, les centres de santé doivent payer des heures supplémentaires à un
autre employé. M. Gilbert explique qu’il faudrait avoir plus d’emplois à temps pleins pour
pouvoir avoir un meilleur équilibre.
Comme si leur emploi précaire n’était
pas assez stressant, les salariés ont un autre problème, celui de la surcharge
de travail. En conséquent, plusieurs salariés souffrent de problèmes
psychologiques. Le front commun syndical affirme que le coût des absences de
travail a augmenté dans les dernières années. L’année dernière, le montant à dépasser
390 millions de dollars, dont 40 % des absences étaient dues à des problèmes
psychologiques reliés au travail. Le front commun veut une diminution de la
charge de travail. La FIQ aimerait l’instauration d’un ratio
professionnel/patient. M. Gilbert ajoute
qu’au Québec, il y a ce genre de système, mais il n’est pas officiel. Donc, il
n’est pas pris au sérieux dans les établissements. Comme l’explique
Pierre-Henri D’Argenson (2010), un trop grand stress et un accent trop sévère
sur la performance peut devenir très déshumanisant pour les employés. Souvent,
l’importance de performer dont le fait de devoir atteindre des objectifs et avoir
plusieurs tâches à remplir, peut causer le manque de gratification de la part
des employeurs (D’Argenson, 2010). L’autoritarisme ainsi que l’insatisfaction
peuvent être retrouvé dans des endroits où l’on requiert beaucoup de travail
(D’Argenson, 2010). Il explique que plusieurs personnes souffrent et peuvent
développer des problèmes psycho-sociaux. Louise Chabot, présidente de la CSQ
(Centrale des syndicats du Québec) pense que les employées en santé et services
sociaux ont besoin de stabilité. Elle
explique, ‘Les travailleurs ont besoin aussi de se sentir appuyés, de se voir
offrir des mesures de conciliation travail-famille, de voir la lourdeur de leur
tâche diminuer. Ils n’ont surtout pas besoin de se demander où ils
travailleront dans ces nouvelles mégastructures et comment seront réorganisés
les milieux de travail’. En parallèle, D’Argenson (2010) explique qu’il faut
plusieurs changements pour faciliter la vie des travailleurs. On doit prendre
plus en considération le fait que les salariés ont une vie familiale et
personnelle à l’extérieur de travail.
Les salariés font aussi face au manque
d’autonomie et de formation. Il y a une augmentation de la performance requise.
Les salariés ont un temps limité pour administrer des soins aux patients. Plusieurs
doivent compléter de la documentation pour les patients, ce qui peut prendre
20-30% de leur temps. Donc, non seulement il y a une surcharge de travail mais
il y a un manque d’autonomie professionnelle. Les employés en santé ne peuvent
pas prendre leur temps avec un client pour l’aider. Tout est basé sur la
performance. Un autre lien peut être fait ici avec Pierre-Henri d’Argenson
(2010). Avec cette pression, les employés ne travaillent plus en tant que
professionnels de la santé mais en tant qu’agents de production. Aussi, les
employés doivent suivre des formations. Cependant, ils doivent trouver le temps
à l’extérieur de leurs heures de travail et doivent payer les formations eux-mêmes.
Ceci dit, on peut penser jusqu’à quel point
doit-on pousser ces individus pour qu’il y est un changement ?
Elaina Klukowski
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D’Argenson, P-H. 2010. ‘Souffrance au travail : ce qui a changé’, Le Débat, no 161. Pp.105-115.
Durand, Jean-Pierre. 2004. ‘Les réformes structurelles de
l’entreprise : l’intégration réticulaire et le flux tendu’, dans La chaîne invisible, Travailler
aujourd’hui : Flux tendu et servitude volontaire, Éditions du Seuil,
Paris. Pp. 11-18 : 175-206.
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