mardi 9 décembre 2014

Privé vs public. Le capitalisme qui favorise la division du travail : le cas des CLSC publics et les agences privées

1- Le capitalisme qui favorise la division du travail
La transformation du marché du travail s’est fait à travers plusieurs réformes. De l’industrialisation de la production au nouveau rapport salarial en passant par la tertiarisation de l’économie, le marché du travail a connu une véritable évolution au 19e siècle. Mais, dans cette brève étude de cas, nous allons plus nous  intéresser à l’application de la politique néolibérale dans le marché du travail et de ses conséquences.
À travers les mesures d’austérité auxquelles nous faisons face en ce moment même au Québec, nous pouvons affirmer sans  risque de nous tromper que c’est l’État qui favorise la fragmentation de l’emploi pour plusieurs raisons. Avec la mise place de plusieurs ententes entre le publiques et le privé (la sous-traitance) en plus de la privatisation de plusieurs entreprises, l’État n’a fait qu’accroitre les problèmes du marché du travail. Cette situation  a réorganisé de façon on ne peut plus problématique le marché du travail car, ayant causé sa division. Les employeurs embauchent  de moins en moins de travailleurs à temps plein parce qu’avec le travail à temps partiel ou contractuel, ils payent  moins cher et cela leur permet en même temps d’organiser la concurrence entre les employés. La  fragmentation structurelle des entreprises en plus de réduire la taille des travailleurs, diminue en même temps l’organisation syndicale. C’est dans cette mouvance que s’est développée une multiplication de statuts d’emplois (temporaire, informel, partiel, travailleur autonome, le cumul d’emplois, le travail invisible, le travail familial, le travail au noir, travail atypique).  Dans la politique néolibérale, le régime providentiel est fait de manière ciblée, ce qui fait que les travailleurs atypiques ne bénéficient ni d’assurance chômage ni d’assurance maladie et encore moins de congé payé. En effet, comme on l’a vu avec Standing  dans son texte «The precariat» extrait de son livre The precariat : The new dangerous class, le travail précaire peut être considéré comme un travail hétérogène où on est tout le temps sur le bord de perdre son emploi. Avec ce genre de travail, on ne peut bénéficier de protection sociale surtout dans des pays à l’instar de la France ou l’État de providence est un modèle assurantiel ciblé. Cela veut dire que, pour bénéficier d’une assurance  chômage ou d’une assurance maladie, il faut d’abord travailler et ensuite travailler un certain nombre d’heures requises. Cette situation a pour conséquence ce que Standing appelle le quatre A que nous allons citer. Premièrement «Angry» parce qu’on travaille et on ne gagne pas d’argent, en second lieu et en lien avec le premier «Anxiety» car, avec tous les efforts qu’on fait au travail, on n’arrive pas à joindre les deux bouts. En troisième position «Alienation», dans le sens où on investit physiquement et émotionnellement pour garder notre emploi, on est obligé de faire des sourires forcés ou de dire oui même quand on ne veut pas ou quand on est pas en accord avec  ce qui se dit. Et en dernier «Anomie», puisque, comme on l’a dit précédemment, les employés en situation de travail précaire ne bénéficie ni de droit, ni de lois pour leur protection.
2- Exemple : La CLSC publique et les agences privés.
En raison de coupures budgétaires, les CLSC sous-traitent 60 % de leurs soins et services à domicile avec des agences privées. Pourtant, les conditions de travail différentes entre les CSLC et les agences privées mènent à des situations inégalitaires et discriminatoires envers les auxiliaires qui travaillent en agences. Ces derniers sont payés moins que la moitié (7,10 $/h) du taux horaire des auxiliaires des CLSC (15 $/h). Les agences possèdent un bassin d’auxiliaires dont les horaires sont flexibles, ce qui engendre des emplois précaires puisque les auxiliaires doivent effectuer plus d’heures (notamment en raison de leur bas salaire) et s’inscrire dans diverses agences pour pouvoir joindre les 2 bouts. Également, les agences n’offrent quasiment pas de progression ni de support professionnel. Les auxiliaires ne bénéficient pas de formation d’appoint, ni d’encadrement administratif, ni de dialogue avec les autres professionnels de la santé. On note aussi l’entrée en jeu du genre et de l’ethnicité, comme critères d’analyse, dans l’accès à l’emploi au CLSC et en agences. Les tableaux nous indiquent qu’il y a plus de femmes (80,1 %) qui travaillent au CLSC qu’en agences et qu’il y a plus d’auxiliaires nés à l’extérieur du Canada qui travaillent en agences (61,6 %) contre 38 % au CLSC. 34 % des auxiliaires migrants noirs travaillent en agences contre 10 % des auxiliaires migrants blancs. Le genre, le statut d’immigrant et la race semblent être des critères discriminatoires qui engendrent un accès inégal aux emplois en CSLC.
Pourquoi cette article et ce sujet :
http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/actualites/sante/201410/03/01-4805907-50-m-de-moins-depuis-cinq-ans-en-sante-dans-la-region.php
J’ai choisi cet article dans la mesure où, depuis quelques mois déjà, le débat sur les coupures budgétaires et les mesures d’austérité du gouvernement sont au cœur de tous les débats car touchant notamment tous les secteurs, notamment la santé. Et j’ai trouvé intéressant de le mettre en lien avec tout ce que nous avons vu dans le cours pendant la session à savoir l’organisation du travail, le néolibéralisme et ses conséquences.
Texte a l’appui :
Marguerite Cognet et Sylvie Fortin (2003), «Le poids du genre et de l’ethnicité dans la division du travail en santé, lien social et politique» - RIAC, vol. 49, p. 155-172.

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