vendredi 12 décembre 2014

Microsoft séduit par le Bitcoin.

Apparu pour la première fois en 2008, le Bitcoin, une nouvelle devise monétaire décentralisée et anonyme, est en moins de 4 ans, passée d’un simple concept connu de quelques fanatiques du web à une monnaie alternative approchant plus de 90 000 transactions quotidiennes. Accepté dans de plus en plus d’établissements et de commerces à travers le monde, le Bitcoin qui commence à peine à émerger comme phénomène d’actualité est soutenu par plusieurs communautés web représentant plus de 200 000 usagers. Loin d’être la seule crypto-monnaie présentement en usage, ce nouveau phénomène pose à la fois un défi intéressant pour les structures économiques contemporaines et est une critique réactionnaire de tout un système mis en place depuis la modernité.

Dans une publication récente­­­, Microsoft, l’entreprise multinationale américaine a annoncé qu’elle accepte dorénavant le bitcoin comme monnaie d’échange lors de l’achat de ses produits numériques. Pour l’instant uniquement cantonnée au marché américain, l’initiative de ce géant de l’informatique emboite le pas de plusieurs compagnies dont Sears, Amazon, Home dépôt et Subway, qui ont porté un intérêt et se sont lancés dans cette expérimentation disons-le, novatrice.
Le concept de cette monnaie alternative prend racine chez les théoriciens de l’école autrichienne d’économie qui critiquent le système monétaire actuel contrôlé par les banques centrales sous la tutelle de l’État. L’intervention étatique sur les marchés monétaires conduit à une expansion excessive du crédit qui provoque des périodes d’inflation massives. Selon les tenants du libertarianisme, le Bitcoin serait un bon point de départ pour mettre fin au monopole d’émission de monnaie des banques centrales et du réseau bancaire classique puisqu’il élimine la nécessité d’un tierce-partie (banques) dans les échanges. De plus, un nombre limité d’unités de bitcoin en fait une monnaie non inflationniste. Toutefois, cette monnaie alternative présente encore pour certains, bien des risques. Complètement décentralisée et quasi-anonyme (traçable), elle permet de créer des économies parallèles échappant aux taxes, réglementations et interdictions. D’ailleurs, le Bitcoin est le mode de paiement le plus utilisé sur le marché noir « Silk road».  N’en reste pas moins que plusieurs avantages sont dors et déjà visibles. Une bonne partie du monde vit dans des pays où l'hyperinflation est une menace constante à la stabilité politique et ou les services bancaires ne sont pas à la disposition de tout le monde. Selon des statistiques parues dans the global Financial inclusion database, 41% des individus adultes vivants dans les pays en voie de développement, n’auraient pas de comptes bancaires. Cette technologie est également intéressante lorsqu’il est question de transfert d’argent, quand  on voit par exemple, que des compagnies comme Western Union ou encore Paypal font payer des frais pour les transferts de longue distance, qui dépassent la capacité de payer de certains individus.
               Sans n’être utile qu’aux pays du Tiers monde, cette monnaie alternative peut-être bénéfique pour les nations du nord. Aux États-Unis, on observe notamment l’entrée, dans le monde de la pauvreté, d’individus issus de la classe moyenne dont les revenus subissent une baisse sensible qui les contraint à changer radicalement de style de vie.  La crise de 2008 et les périodes successives d’inflation diminuent inlassablement le pouvoir d’achat des individus, et comme conséquence, heurte les salaires, emplois et standards de vie. Pourquoi les artisans et travailleurs font t-il face à une stagnation des salaires et une perte de pouvoir face aux forces de travail des économies émergentes? Une partie de la réponse se trouve dans les contrecoups systématiques de la marche de la mondialisation. Un monde ouvert comme le nôtre, dominé par la l’injonction de mobilité du capitalisme, conduit à une concurrence parfaite sur les emplois à faible coût. Là où existe un salaire minimum pour les citoyens, des non-citoyens traversent les frontières pour travailler pour des montants modiques. Qui gagne dans ce scénario? Dans les situations de monopole, la dynamique est bien souvent habilement conçue par l'élite bancaire qui prend des ristournes, influence sur les politiques et réglementations et participe à la  création d'un cycle d'endettement et d'étouffement de  la croissance productive. Peut-être que s’impose un changement fondamental dans les concepts de la valeur et de l'argent, de son mode de création, de transfert, et de la façon dont il est gagné.


De nos jours, des milliers d’entreprises et commerces à travers le monde, comme Microsoft, se disent prêts à accepter la devise en échange de biens et services réels aussi facilement que s’ils recevaient un dollar américain ou canadien. Cet engouement a créé une situation dans laquelle la monnaie cryptographiée décentralisée arrive à reproduire assez fidèlement les caractéristiques de la monnaie physique, sans toutefois en reproduire les inconvénients.

http://techno.lapresse.ca/nouvelles/201412/11/01-4827407-microsoft-commence-a-accepter-le-bitcoin-aux-etats-unis.php

Lucas Cerri

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