Apparu
pour la première fois en 2008, le Bitcoin, une nouvelle devise monétaire
décentralisée et anonyme, est en moins de 4 ans, passée d’un simple concept
connu de quelques fanatiques du web à une monnaie alternative approchant plus
de 90 000 transactions quotidiennes. Accepté dans de plus en plus
d’établissements et de commerces à travers le monde, le Bitcoin qui commence à
peine à émerger comme phénomène d’actualité est soutenu par plusieurs
communautés web représentant plus de 200 000 usagers. Loin d’être la seule
crypto-monnaie présentement en usage, ce nouveau phénomène pose à la fois un
défi intéressant pour les structures économiques contemporaines et est une
critique réactionnaire de tout un système mis en place depuis la modernité.
Dans
une publication récente, Microsoft, l’entreprise multinationale américaine a
annoncé qu’elle accepte dorénavant le bitcoin comme monnaie d’échange lors de
l’achat de ses produits numériques. Pour l’instant uniquement cantonnée au
marché américain, l’initiative de ce géant de l’informatique emboite le pas de
plusieurs compagnies dont Sears, Amazon, Home dépôt et Subway, qui ont porté un
intérêt et se sont lancés dans cette expérimentation disons-le, novatrice.
Le
concept de cette monnaie alternative prend racine chez les théoriciens de
l’école autrichienne d’économie qui critiquent le système monétaire actuel contrôlé
par les banques centrales sous la tutelle de l’État. L’intervention
étatique sur les marchés monétaires conduit à une expansion excessive du crédit
qui provoque des périodes d’inflation massives. Selon les tenants du libertarianisme,
le Bitcoin serait un bon point de départ pour mettre fin au monopole d’émission
de monnaie des banques centrales et du réseau bancaire classique puisqu’il élimine
la nécessité d’un tierce-partie (banques) dans les échanges. De plus, un nombre
limité d’unités de bitcoin en fait une monnaie non inflationniste. Toutefois, cette
monnaie alternative présente encore pour certains, bien des risques. Complètement
décentralisée et quasi-anonyme (traçable), elle permet de créer des économies
parallèles échappant aux taxes, réglementations et interdictions. D’ailleurs,
le Bitcoin est le mode de paiement le plus utilisé sur le marché noir « Silk
road». N’en reste pas moins que
plusieurs avantages sont dors et déjà visibles. Une bonne partie du monde vit
dans des pays où l'hyperinflation est une menace constante à la stabilité
politique et ou les services bancaires ne sont pas à la disposition de tout le
monde. Selon des statistiques parues dans the
global Financial inclusion database, 41% des individus adultes vivants dans
les pays en voie de développement, n’auraient pas de comptes bancaires. Cette
technologie est également intéressante lorsqu’il est question de transfert d’argent,
quand on voit par exemple, que des
compagnies comme Western Union ou encore Paypal font payer des frais pour les
transferts de longue distance, qui dépassent la capacité de payer de certains
individus.
Sans n’être utile qu’aux pays du Tiers
monde, cette monnaie alternative peut-être bénéfique pour les nations du nord. Aux
États-Unis, on observe notamment l’entrée, dans le monde de la pauvreté, d’individus
issus de la classe moyenne dont les revenus subissent une baisse sensible
qui les contraint à changer radicalement de style de vie. La crise de
2008 et les périodes successives d’inflation diminuent inlassablement le
pouvoir d’achat des individus, et comme conséquence, heurte les salaires,
emplois et standards de vie. Pourquoi les artisans et travailleurs font t-il
face à une stagnation des salaires et une perte de pouvoir face aux forces de
travail des économies émergentes? Une partie de la réponse se trouve dans les
contrecoups systématiques de la marche de la mondialisation. Un monde ouvert
comme le nôtre, dominé par la l’injonction de mobilité du capitalisme, conduit
à une concurrence parfaite sur les emplois à faible coût. Là où existe un
salaire minimum pour les citoyens, des non-citoyens traversent les frontières
pour travailler pour des montants modiques. Qui gagne dans ce scénario? Dans les
situations de monopole, la dynamique est bien souvent habilement conçue par
l'élite bancaire qui prend des ristournes, influence sur les politiques et réglementations
et participe à la création d'un cycle
d'endettement et d'étouffement de la croissance
productive. Peut-être que s’impose un changement fondamental dans les concepts de
la valeur et de l'argent, de son mode de création, de transfert, et de la façon
dont il est gagné.
De
nos jours, des milliers d’entreprises et commerces à travers le monde, comme
Microsoft, se disent prêts à accepter la devise en échange de biens et services
réels aussi facilement que s’ils recevaient un dollar américain ou canadien. Cet
engouement a créé une situation dans laquelle la monnaie cryptographiée décentralisée
arrive à reproduire assez fidèlement les caractéristiques de la monnaie
physique, sans toutefois en reproduire les inconvénients.
http://techno.lapresse.ca/nouvelles/201412/11/01-4827407-microsoft-commence-a-accepter-le-bitcoin-aux-etats-unis.php
Lucas Cerri
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