samedi 31 octobre 2015

L’amélioration des conditions de travails des travailleurs domestiques est-elle prévue pour bientôt ?


Le 16 juin 2015 la fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) a rappelé au gouvernement la Convention no 189 qu’il a fait adopter il y a quatre ans. Une convention de l’OIT (organisation internationale du travail), sur les conditions de travail des travailleurs et travailleuses domestiques.
Aujourd’hui cette Convention est approuvée par 19 pays, qui reconnaissent que le métier de travailleuses domestiques est un emploi au même niveau que n’importe quel autre emploi. Ainsi elles ont droit de bénéficier des droits du travail autant que tout autres travailleurs et travailleuses.

Le gouvernement du Québec est appelé par la centrale syndicale à se conformer à la convention internationale et ce dans le but de réviser ses lois du travail pour améliorer les conditions de vie et de travail de tous les travailleuses les plus vulnérables.
« Malgré ces beaux vœux pieux, absolument rien n’a abouti ! Nous exhortons aujourd’hui les gouvernements provinciaux et fédéraux à agir promptement. Au Canada, les gouvernements provinciaux et fédéraux savent qu’à plusieurs égards, la législation canadienne n’est pas conforme à la convention. Dans un rapport déposé en avril 2014 par la ministre du Travail et de la Condition féminine au Parlement du Canada, on souligne que les différentes lois provinciales concernant les normes minimales d’emploi, la santé et la sécurité du travail, la syndicalisation et la négociation collective, ne sont pas toutes conformes à la convention. Il faudrait que les provinces et les territoires procèdent à des modifications législatives. Et c’est, entre autres, le cas du Québec », explique le secrétaire général de la FTQ, Serge Cadieux. 

De plus, puisque le permis de travail est toujours au nom de l’employeur il est très difficile pour les travailleuses de changer d’employeur, ce qui n’aide pas à améliorer les mauvaises conditions de travail. Dans la majorité des cas, les travailleuses sont soumises à des conditions de travail très difficiles. Ces femmes sont alors placées dans une position très vulnérable selon Louise Mercier, vice-présidente représentant les femmes de la FTQ et responsable au dossier.

Il y aurait entre 53 millions et 100 millions de travailleuses domestiques dans le monde. Parmi celles-ci 25 000 au Québec et 150 000 au Canada. La majorité de ces travailleuses sont des femmes immigrantes. Le genre féminin est prédominant car les femmes représentent 90% de la population qui travail comme travailleurs domestique. Ces femmes reçoivent un salaire très bas et parfois même en dessous du salaire minimum.

Il arrive que les travailleuses résident chez leurs employeurs, ceux-ci ne respectent pas, en général, la Loi sur les normes du travail et soumettent leurs employés à des conditions minables : mauvaise alimentation, heures supplémentaires, conditions insalubres, aucune intimité, soumission… 

En conclusion, c'est frustrant de constater qu'au Québec il y a encore une sorte de discrimination face aux personnes qui ont un travail "moins valorisé" mais nécessaire pour certains. Ces femmes sont dans une position vulnérable et n’ont pas la chance de sortir de cette situation car elles n’ont aucune autre opportunité de travail. La majorité d’entre elles sont des femmes qui arrivent dans un pays après avoir migré et n’ont pas beaucoup d’argent ni de diplôme. Elles n’ont pas d’autre choix que de laisser faire les choses et ne rien dire. Cependant elles devraient avoir les mêmes conditions que n’importe quels autres travailleurs québécois et de bénéficier des mêmes droits. Le gouvernement devrait agir plus rapidement et faire ce qu’il avait conclu en 2011. 


- http://ftq.qc.ca/communiques/16-juin-journee-internationale-des-travailleuses-domestiques-2/

Catherine Henri 






lundi 26 octobre 2015

Des Mannequins Manifestes Pour Les Préposé(e)s

C’est à l’intersection des rues Sherbrooke et Assomption que c’est déroulé, il y a quelques semaines, une manifestation ma foi très créative dans le but d’améliorer les conditions de travail dans les résidences privées pour personnes âgées. En effet, le 14 septembre, le Syndicat québécois des employées et employés de service; secteur 298 (SQEES-298) a regroupé une dizaine de mannequins dans les rues, vêtues en préposé et tenant des pancartes et des slogans comme « Prendre soin de nous… c’est aussi prendre soin de vous » pour défendre la cause des employés travaillant dans les centres privés pour personnes âgées du Québec. L’idée était de se faire entendre tout en permettant aux travailleurs et travailleuses de ne pas abandonner leurs responsabilités envers les aînées.

Depuis 2006, le nombre de résidences pour aîné ne fait qu’accroître à cause des 45 815 chambres d’hébergements, dans les établissements publics et conventionnés[1], qui ont été mis hors de portée pour les aînés n’ayant plus la capacité d’agir de manière indépendante dans leurs activités de la vie quotidienne. Quatre ans plus tard, le nombre de résidences avait déjà augmenté de 30 %[2]. En conséquence, les résidences privées se sont tournées vers le profit pour maintenir leur rendement à un certain niveau tout en faisant travailler leurs employés à un salaire misérable ce qui vient automatiquement diminuer leur condition de travail. De plus, les administrateurs des centres privés ont rationalisé le travail en adoptant une loi qui force les préposés aux bénéficiaires à suivre diverses formations et obtenir un diplôme « d’Assistance à la personne »[3] qui doit être approuvé par le ministère de l’Éducation. Les employés auront jusqu’à la fin du mois de novembre 2015 pour finir leurs formations et avoir leur diplôme. Cette nouvelle loi va donc amener les employés à exécuter des tâches plus rigoureuses et complexes sans toutefois apporter de changement à leur salaire. Effectivement, les travailleurs et travailleuses sont payés en moyenne 12,50 $ l’heure, ce qui n’équivaut qu’à 22 000 $ par année[4]. L’enjeu ici est clair; il n’est pas normal que des préposés aient un salaire aussi bas; tenant compte des tâches qu’ils doivent accomplir pour prendre soin de nos aînés jour et nuit. Ce qui explique pourquoi plusieurs d’entre eux doivent avoir plus d’un emploi pour subvenir à leur besoin et cela lorsqu’ils ont des enfants à nourrir, l’école, l’électricité, la voiture, le transport en commun, les taxes et autres à payer. Comment s'assurer de ne pas perdre d'employés dans un domaine avec de telles conditions? Comment vont-ils subvenir à leurs besoins? S’ils ont des enfants, comment vont-ils faire pour balancer travail et vie parentale (aider leur enfant à faire leurs devoirs le soir, faire des activités avec eux, s’impliquer dans leur vie, etc.)? Si on leur demande plus de responsabilités, il est cohérent d’augmenter leur salaire et de leur donner le respect qu’il leur ait dû.

Cette situation n’est pas une avancé pour les travailleurs et travailleuses des résidences privées pour personnes âgées du Québec, mais plutôt un pas en arrière. Cela me fait beaucoup pensé aux conditions d’exploitation des ouvriers au début de la période industrielle, car certaines problématiques de l’époque refont surface: la mauvaise gestion, la rationalisation du travail, le salaire exécrable et la précarité. Il manque de stabilité dans le personnel ce qui affecte les aînés en manque d’autonomie, car ils doivent continuellement s’adapter à de nouveaux préposé(e)s. En plus, l’adoption de cette nouvelle loi, va rendre les travailleurs de plus en plus interchangeables, dans le sens où ceux n’ayant pas suivis cette loi (et celles qui suivront) seront mis à la porte quel que soit leurs expériences de travail précédentes dans le domaine. 

D’après un sondage, effectuée par le « Léger marketing », 89 % de la population soutient la FTQ et la SQEES-298 et admet qu’un salaire de 12,50 $ heure est beaucoup trop bas pour ce type d’emploi[5]. Entre autres, 60 % des Québécois, ayant participé au sondage, croient que l’augmentation du salaire des préposés va non seulement leur permettre de préserver leur emploi, mais aussi de les rendre plus efficace[6].

Malheureusement, les préposé(e)s ne peuvent pas quitter leur poste de manière spontanée, tomber en grèves et manifester, car nous avons besoin d’eux pour prendre soin de nos aînés. Donc, c’est dans ce contexte que le président de la FTQ, Daniel Boyer, ainsi que le président du SQEES-298, Richard Belhumeur, ont pris la parole devant les médias, le mois passé, pour révéler les injustices dont le personnel des résidences est victimes. Pour remédier à la situation, les syndicats ont décidé de négocier « l'ensemble [des] conventions collectives de ce secteur [d’ici] la fin de l'année 2015. En s'appuyant sur les gains [qu’ils font], à chaque signature de convention collective »,[7] ils pourront garantir de meilleures conditions de travail.

Enfin, je dois avouer que cet article m’a fait un choc surtout lorsque je le compare à ma situation en tant que travailleuses. Je suis assistante aux ventes chez Ogilvy.  Mes collègues et moi sommes payés pas mal plus que ses individus et certains d’entre nous reçoivent de la commission en plus de notre salaire habituel. Je n’arrive pas à comprendre comment de simples vendeuses de vêtements, de souliers, de cosmétiques ou d’accessoires de marques peuvent recevoir un salaire plus élevé que des préposé(e)s qui passe leur journée et parfois même leur nuit à s’occuper de personne âgée en manque d’autonomie. Ces travailleurs sont aussi importants que nous. Ils devraient être traité avec le même respect. Ils viennent en aide aux gens qui ont contribué à la formation de notre société. Ils leur permet d’effectuer leurs activités de la vie quotidienne d’une manière dont d’autres ne sauraient le faire. Il est clair qu’ils méritent un meilleur salaire et de meilleures conditions de travail!
Cynthia Saint-Fleur




[1] Syndicat Québécois des employées et employés de service, section locale 298 (FTQ), « Campagne sur les conditions de travail dans les résidences privées pour personnes âgées », mis à jour le 14 Septembre 2015, http://www.sqees.ca/uploadedfiles/D%C3%A9pliant_Fr_PDF.pdf  , consulté le 24 Octobre 2015.
[2] Ibid.
[3] Ibid.
[4] FTQ. « Des Mannequins Manifestes », Le Monde Ouvrier, no 113 Septembre-Octobre 2015, p. 2.
[5] Ibid.
[6] Ibid.
[7] Syndicat Québécois des employées et employés de service, section locale 298 (FTQ), « Campagne sur les conditions de travail dans les résidences privées pour personnes âgées », mis à jour le 14 Septembre 2015, http://www.sqees.ca/uploadedfiles/D%C3%A9pliant_Fr_PDF.pdf  , consulté le 24 Octobre 2015. 
Nestlé et partenaires Douteux…
En août dernier, le groupe agroalimentaire suisse Nestlé a fait l’objet de deux plaintes collectives déposées par le tribunal fédéral du centre de la Californie pour atteintes aux droits humains sur des chaines d’approvisionnement. En effet, il est reproché au géant suisse de tolérer volontairement la pratique du travail forcé par l’un de ses fournisseurs principaux en aliments pour animaux qui est basé en Thaïlande, Thaï Union Frozen Products. Selon la première plainte déposée, Nestlé importe de ce même fournisseur plus de douze mille tonnes d’aliments pour animaux à base de fruits de mer, tout en étant pleinement conscient que ces aliments sont produits dans des conditions de quasi esclavage. Dans les faits, les travailleurs concernés, souvent venus de pays voisins aux conditions plus précaires tel le Cambodge ou la Birmanie, sont vendus à des capitaines de bateaux de pêche, qui exigent d'eux un travail irraisonnable et éprouvant à raison de vingt heures par jour. Ils sont maintenus dans des situations de servitude, touchent parfois un salaire dérisoire, et ne bénéficient d’aucune protection sociale en tant que travailleurs. L’entreprise soutient toutefois  qu’elle  travaille avec les parties prenantes aux niveaux mondial et local pour éliminer toute les possibilités de travail forcé dans sa chaîne d’approvisionnement.
La deuxième plainte dénonce l’indifférence de l’entreprise, et de deux autres groupes chocolatiers, face au recours au travail forcé des enfants chez leurs fournisseurs de cacao basés en Côte d’ivoire. Dans ce pays où « l’or brun » représente 22% du PIB et plus de la moitié des emplois et revenus de la population, entre 300 000 et 1 millions d’enfants travaillent dans les plantations de cacao. Selon les plaignants, ces jeunes travailleurs infortunés sont souvent contraints de transporter des charges trop lourdes, menacés physiquement, exposés à des substances toxiques, et même parfois vendus par des trafiquants qui les enlèvent ou les achètent dans des pays voisins. L’absence de paie ne fait qu’aggraver leur sort.
En réponse à ces accusations Nestlé  affirme: « Le travail des enfants n’a pas sa place dans notre chaîne de création de valeur. » Et en prônant une attitude « proactive et axée sur le long terme » de tous les acteurs pour éradiquer l’exploitation des enfants en Côte d’Ivoire. « Nous prenons des mesures pour éliminer par étapes le travail des enfants. En examinant chaque cas, nous attaquons le problème à sa racine ».
Alors que les conditions de travail et les pratiques d’employeurs au sein de certaines entreprises, et dans les chantiers de pays de la péninsule Arabique suscitent de plus en plus l’indignation des associations humanitaires, le coût humain démesuré supposément nécessaire à la production à grande échelle ne passe plus inaperçu et défraie les chroniques. Le travail est devenu «le pivot des systèmes de distribution des revenus, droits et protections» mais au coût de sacrifices venant de celui qui en est le récipiendaire «privilégié». Une réflexion s’impose, car le présent industriel nous éloigne de ce que nous avons de plus humain…une grave perte de sens ce dessine !
Tous ces constats regrettables concernant la sphère industrielle d’aujourd’hui renforce malheureusement la thèse évolutionniste selon laquelle l’homme n’est qu’un être de production et de performance, et nous ramène à  deux de trois conclusions vu en classe plus tôt cette session suite à la lecture d’un texte de Castel portant sur la transformation du travail et de l’emploi. Tout d’abord, la société salariale véritable qui s’est mise en place à partir de la révolution industrielle n’est possible que dans une société moderne où la sphère économique s’est autonomisée. Inévitablement, les grandes multinationales profitent d’une autonomisation incomplète au sein des activités industrielles étrangères pour alléger ses obligations envers le travailleur(le rapport salarial) et se permettre des abus muets. Ensuite, «travailler» n’est pas une réalité anthropologique mais plutôt historique, alors qu’au fil des transformations, peu importe ses conditions, l’homme a toujours été le pivot principal et indispensable à une production et une distribution dont il est aussi le consommateur primaire.  
Famara Kujabi.