Le système de santé se définit comme
étant l’ensemble des organisations, des institutions, des ressources et des
personnes dont l’objectif principal est d’améliorer la santé[1]. Ainsi, selon un article
intitulé « La pénurie de médecins de
famille risque de s’aggraver » publié par le célèbre journal Le Devoir, il y aurait, depuis quelques
années, une mauvaise répartition aléatoire des nouveaux médecins de famille ce
qui pour a pour effet de creuser davantage les inégalités d’accès pour les
patients entre les régions, dénonce un médecin montréalais[2]. En effet, l’article illustre
la dure réalité à laquelle les médecins qui pratiquent dans le système de santé
public sont confrontés quotidiennement. Par conséquent, plusieurs médecins
constatent une corrélation négative entre la diminution du nombre d’effectifs
en termes de jeunes médecins pratiquants et la hausse des nombres patients
anciens comme nouveaux.
En d’autres mots, l’un va dans un sens et
l’autre dans l’autre car au sein de l’effectif d’anciens médecins qui décident
de soit quitter pour aller dans le secteur privé, soit de prendre leur retraite
ou bien de moins pratiquer régulièrement que d’autres, il y a un fausser qui se
creuse pour les patients qui désirent avoir accès à certains soins de santé.
Selon le Dr Roper, en 2019, bien que 100 jeunes médecins soient autorisés à
s’installer dans la métropole, le Dr Roper calcule qu’une cinquantaine de
retraites surviendront[3]. En gros, c’est qu’il y a trop
peu de bras supplémentaire en comparaison de l’ampleur des besoins. En ce sens,
la proportion réelle de futures médecins éligibles n’est pas proportionnelle ni
au nombre de patients actuels ni futurs.
Entre
le système de santé en chez nos voisins ontariens et le nôtre, il semble y
avoir certaines différences. En effet, plusieurs praticiens conseillent
d’établir un système semblable à celui de nos voisins, c’est-à-dire de
permettre aux cliniques d’afficher les postes sur un site Web. Dans le même ordre
d’idées, en paraphrasant les dires du ministère de la santé et des services
sociaux (MSSS), il faut savoir prendre en compte la réalité actuelle auprès de
la grande métropole ou des agglomérations qui l’entourent, soit son facteur
démographique qui s’accroît à vue d’œil. Il est logique de comprendre qu’au
vingt-et-unième siècle l’espérance de vie n’est pas comparable aux époques
antérieures, l’être humain tend à vivre plus vieux qu’il y a de cela quelques
années voire quelques siècles donc cette inflation s’instaure dans le système
de santé public sans mesure concrète pour y faire face.
Selon moi il faut remonter aux origines
de ce dysfonctionnement afin d’en comprendre son évolution aujourd’hui. En
effet, au Québec tout le monde peu importe son revenu est assuré par la régie
de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ). Cette assurance publique prend émergence
durant les années 70 en réponse aux problèmes sociaux de l’époque, chaque pays
développe ses propres programmes conformément à sa culture. Malgré ces différences,
leur dénominateur commun est la remise en question des formes traditionnelles
d’assistance fondées sur la famille et sur l’Église (Lhoste, 2002). L’état
s’acquitte de la responsabilité du bien-être collectif et prend des moyens
économiques pour protéger ses citoyens contre les aléas de la vie :
l’État-providence est né.
En liaison avec le Québec, il faut savoir
que son modèle de régime suit les fondements de Beridge. En ce sens, ce régime
est démarchandisant car il s’agit d’un filet social universel et les
prestations se veulent généreuses (Gautié, 2003). Ce régime cherche à minimiser
la stratification sociale et augmenter la solidarité car tous les citoyens sont
couverts selon leurs besoins. Enfin, le régime permet une certaine indépendance
envers le marché, et de la famille, mais instaure une dépendance envers
l’État. Il s’agit d’un régime politique
démocratique marqué par l’idéologie libérale.
Il est alors logique de penser
qu’aujourd’hui dans la société québécoise tout le monde a accès à une assurance-maladie,
cependant l’érosion du système de santé publique montre que l’État qui agit
comme principal assureur et administrateur, ne réussit pas à répondre à la
demande. En lien avec cette constatation, la rédactrice Amélie Daoust-Boisvert
mentionne que plus de 200 postes de résidents en médecine familiale sont restés
vacants dans les trois dernières années. En septembre, 305 omnipraticiens étaient
(désengagés) de la RAMQ, c’est-à-dire qu’ils pratiquent au privé. Ils étaient
199 en 2014[4].
Plus les choses vont et moins bien va le
système de santé public. En effet, le processus de fixation des salaires dans
le secteur public est sensiblement différent de ce qui se fait dans le secteur
privé. Le processus de fixation des salaires dans le secteur public dépend
largement de facteurs politiques, alors que le processus dans le secteur privé
est essentiellement guidé par les tendances du marché et les contraintes liées
aux profits. Ces différences sont accentuées par le contexte monopolistique
dans le secteur public contre le contexte concurrentiel dans le secteur privé[5]
En bref, ce genre de topique offre comme
évaluation sociologique dans le monde du travail un regard critique et réflexif
quant aux politiques néolibéralismes adoptés par l’État. Ces politiques ont un
effet autant sur la trajectoire individuelle auprès des nouveaux médecins que
celle collective pour les citoyens. Il faut tenter de s’émanciper de cette
concurrence sectorielle et envisager des politiques qui favorisent non
seulement une partie mais l’ensemble de la population pour un bien collectif.
Par Vianney Niyonkuru
[1]
Dans le texte : (Organisation mondiale de la santé)
[2]
Dans le texte : (Amélie Daoust-Boisvert 2018)
[3]
Ibd
[4]
ibd
[5]
Institut Fraser mars 2017