Un premier BurgerKing est syndiqué au Québec depuis février dernier
et la CSN, qui représente désormais ces travailleurs, a exprimé
son intention
de syndiquer d’avantage de restaurants, notamment des chaînes
de restauration rapides, au
travers de son Syndicat des employé-es de la restauration.
L’enjeu
de la syndicalisation en restauration n’est pas nouveau et a été
confronté à plusieurs embûches. Ainsi, en 2009 le Syndicat
industriel des travailleurs
et travailleuses (SITT), mieux connu sous le nom de IWW, avait
commencé à syndiquer des franchises de Starbucks (ironiquement, la CSN (et la FTQ) qui avait été approchée avant
aurait refusé de se lancer à cause des mauvais salaires des employé-e-s).
Cependant, la demande d'accréditation avait finalement été rejetée à cause de
questions de procédures.
Plus récemment, en 2016, le même syndicat a fait les manchettes en
arrivant à syndiquer un Frite Alors! à Montréal
après une longue lutte.
D’autres exemples
existent au Québec, par exemple le McDonald désormais fermé
ou les quatre Tim Horton de Sept-Îles, syndiqués depuis 2015 (un autre est déjà syndiqué à Montréal),
qui ont obtenu leur première convention collective cet été après
plus de 3 ans. Une convention qui est décevante, l’arbitre
chargé de trancher ayant suivi l’employeur en accordant un gros 5
cents par année d’ancienneté... Entre ça et se faire cracher
dans la face.
La syndicalisation
d’un premier Burger King l’hiver dernier (et le fait qu’il n’y
a toujours pas de convention collective) n’apparaît donc pas comme
un accident de parcours, mais s’inscrit dans un phénomène plus
large de contestation des conditions de travail particulièrement
précaire dans ce milieu. Ainsi, dès 2013 des centrales québécoises
sont interpellées par le sujet à l’occasion de protestations importantes aux États-Unis.
À partir de 2014, le mouvement, qui vise particulièrement McDonald
aux États-Unis, a commencé à s’internationaliser,
des grèves étant prévues dans une trentaine de pays.
En 2015, des manifestations étaient prévues dans 1000 villes américaines.
Depuis, l’enjeu fait parler chaque automne, les mobilisations
collectives recevant de nombreux appuis de groupes syndicaux comme
l'Union internationale des travailleurs de l'alimentation
et la syndicalisation dans le milieu de la restauration en général
progresse petit à petit.
Conditions
de travail
Il
faut dire que les travailleur-e-s de la restauration (qu’elle soit
rapide ou non) ont plusieurs bonnes raisons de vouloir s’organiser
pour défendre leurs droits. Ainsi, aux salaires souvent insuffisants
et aux horaires de travail trop chargé, de nombreux autres éléments
s’ajoutent. Par exemple, des travailleur-e-s des Tim Horton de
Sept-Îles relevaient, après s’être syndiqué, qu’ils ne
pouvaient plus « aller
à la toilette ou même de boire de l'eau sur leurs heures de
travail. ».
Les employé-e-s du Frite faisaient
eux aussi état de conditions de travail et de salaires inacceptables.
La Presse
soulignait pour sa part dans un dossier que
Les cuisines sont souvent petites, voire minuscules, même dans les
meilleures adresses de Montréal. Les heures de travail sont longues.
La tâche est dure, quelques chefs le sont aussi, ce qui peut mener
aux pires dérapages
On
apprend aussi que « […] 20 %
des employés en restauration consomment drogue ou alcool alors
qu’ils sont au travail, souvent avec leurs collègues ou leur
employeur, et 65 % consomment directement après le quart de
travail. » Pas
exactement un signe d’un milieu de travail sain quoi.
Il ne faut pas
s’étonner après de la « pénurie de la main-d’oeuvre »
qui touche particulièrement ce secteur d’activité,
allant jusqu’à entraîner parfois la fermeture d’un McDonald
ou d’un PFK
(Quelle perte! J’en pleure.).
Comme le souligne d’ailleurs
certains auteurs,
les conditions de travail dégradantes dans ce milieu y sont pour
beaucoup et ne peuvent être simplement balayées de la main.
Il
apparaît donc nécessaire de se pencher sur
les conditions de travail des travailleur-e-s de la restauration, la
fameuse pénurie de main-d’œuvre pouvant devenir un outil
améliorant le rapport de force face à l’employeur. Ou alors on
peut trouver que ces emplois cheap
constituent une « belle opportunité »
pour les nouveaux arrivants… comme quoi tout le monde n’est pas
égal sur les marchés du travail où travail atypique et précarité se conjuguent au pluriel.
Heureusement,
il existe des alternatives (avec toutes leurs limites) comme les
coopératives de travail dans la restauration,
certaines existant depuis plusieurs années.
Sinon, pas le choix de se syndiquer semblerait.
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