En l’espace d’une centaine d’années, le monde du
travail a fait un progrès remarquable. Loin derrière est l’époque où les
ouvriers étaient à la merci de leur employeur, où le salaire reçu était
tellement misérable qu’on devait faire travailler nos enfants, souvent dans des
conditions déplorables, où les normes de santé et sécurité au travail n’était
même pas à l’aube d’exister. (1)
Aujourd’hui, à
une époque où la loi régie sur le milieu professionnel, ou les salariés sont
protégés par les syndicats et où les conditions de travail sont plus favorables
que jamais, il serait facile de présumer que le moral des travailleurs est plus
haut que jamais. Pourtant, l'épuisement professionnel des travailleurs a
tellement pris d’ampleur qu’il est rendu un enjeu de société. En effet, Québec
Solidaire nous faisait part le samedi 22 septembre de leur plan d’action pour
lutter contre le fléau qu’est l’épuisement professionnel.
Gabriel Nadeau-Dubois souligne que les travailleurs
québécois ont une lourde charge de travail et qu’ils ne font pas accorder
suffisamment de vacances dans une année. Il souhaiterait une révision des
normes du travail qui inclurait plus de vacances, plus de congés de maladie
payés et le droit de refuser des heures supplémentaires. Pour lui, c’est simple
« des travailleurs plus reposés sont des travailleurs plus motivés et
productifs. » Il continue en ajoutant que le Québec devrait prendre
exemple sur le modèle européen qui octroie environ 5 à 6 semaines de vacances,
par années. (2)
En s’attaquant au « burnout » en pleine
campagne électorale , Québec solidaire vient toucher un aspect du travail qui
est plutôt tabou dans notre société et qui pourtant touche beaucoup plus de
gens que l’on ne pense. Effectivement, une recherche menée par le
cabinet-conseil Gallup estime que 28% des millénaux son ou se disent être sur
le bord du burn-out, et que 21 % des gens d’autres générations sont aussi sur
le bord du burn-out. C’est donc 1 travailleur âgé de 18 à 34 ans sur 4 qui ne
peut plus gérer sa vie au travail et 1 sur 5 pour les 34 ans et plus. (3) Des statistiques
choquantes, à première vue, mais comprenables lorsque l'on jette un regard
critique sur notre mode de vie néolibéral.
Nous vivons dans une ère de performance 2où chacun d’entre nous est en compétition.
Le travail est probablement la sphère la plus exigeante dans nos vies. Selon la loi, la semaine normale de travail
est de 40 heures. Donc en moyennes, nous passons 40 heures par semaine à devoir
performer sous pression, où la qualité du travail est jugée par la vitesse
d’exécution et l’absence d’erreur, avec des supérieurs qui ne reconnaissent pas
toujours notre travail, un statut social qui ne représente pas nos ambitions et
où le salaire laisse parfois à désirer. (4)
La haute autorité de santé définit le burn-out
comme : « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un
investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan
émotionnel. » (5) L’épuisement professionnel n’est pas quantifiable ce qui
nous pousse à le banaliser, mais en réalité le travailleur à autant de chance
de se blesser au travail qu’un athlète a de chance de se blesser en pratiquant
un sport.
Québec solidaire affirme qu’un tel projet serait
profitable pour l’économie de la belle province, et avec raison. Les entreprises
perdent des milliards de dollars en raison de l’épuisement des employés. Le
stress en entreprise représente 19% des coûts d’absentéisme, 40 % des coûts du
roulement du personnel, 55% des coûts de programme d’aide aux employés, 60 % de
coûts d’accidents de travail, 10% des coûts de régimes d’assurance-médicaments
et 100% des coûts des poursuites liées au stress. (6)
Le plan d’action de Québec solidaire est un premier
pas vers une société moins épuisé.
Certes, nous n’avons plus les conditions de travail dégradantes d’antan,
mais reste tout de même que notre société capitaliste reste stable seulement à
cause du travail acharner des salariés. Peut-être que dans quelques décennies
nous regarderons en arrière et réaliserons que c’était le premier pas vers une
autre révolution du travail.
Par Guillaume Courteau
Par Guillaume Courteau
Noiseux, Y. (2018). SOL-2015-A-18 : Sociologie du travail. Recueil inédit, Université de Montréal
Ocampo, R (2018, 22 septembre ). « Plan anti-burnout: un travailleur repose est un travailleur motive,dit QS. »La presse, consulté le 22 septembre 2018, en ligne < http://www.lapresse.ca/actualites/elections-quebec-2018/201809/22/01-5197597-plan-anti-burnout-un-travailleur-repose-est-un-travailleur-motive-dit-qs.php.
Schmouker,O. (2018, 22 août ). Leaders, Gare au burnout des millénaux![Billet de blogue]. Repéré à https://www.lesaffaires.com/blogues/olivier-schmouker/leaders-gare-au-burnout-des-milleniaux/604408
Warr, P. (2007). Work, Happiness, and Unhappiness. New York: Psychology Press, 111-133
5.
Mascret,
Damien (2017, 22 mai). « Les médecins invités à prendre le burn-out plus
sérieux » Le figaro, consulté le
22 septembre 2018, en ligne< http://sante.lefigaro.fr/article/les-medecins-invites-a-prendre-le-burn-out-plus-au-serieux/
Institut universitaire en santé mentale de Montréal, Santé mentale, en chiffres, URL : http://www.iusmm.ca/hopital/sante-mentale/en-chiffres.html
C'est très intéressant de voir l'impact qu'a le travail sur la vie individuelle des travailleurs cependant ce qui serait d'autant plus pertinent c'est de distinguer dans quelle sphère ou domaine ces problèmes de santé surviennent. En effet, nous savons que ces problèmes surviennent partout cependant il y a aussi une question de fréquence par rapport à cette surcharge de travail par exemple les infirmières dans le système publique risque d'être plus en contact avec des niveaux de stress plus élevé que dans un secteur dit privée. Cela peut être dû à des modes d'organisations qui diffèrent entre ces deux instances. D'ailleurs, il serait aussi pertinent d'ajouter l'indice du genre en lien avec la gestion du burn-out. En d'autres mots, plusieurs études montrent que le stress se vit différemment entre homme et une femme. En ce sens, en offrant une certaine cartographie des mécanismes de gestion du burn-out selon le sexe et le domaine dans lequel la personne travaille pourrait aider à donner une meilleure représentativité du phénomène dans le monde du travail. Selon moi, donner des vacances peut certes offre un moment de détente pour la personne qui vit un niveau de stress élevé cependant avoir 5 ou 6 semaines de vacances n'offre pas de faits véridiques que le phénomène puisse s'estomper dans le futur. De plus, en comparant les pays européens au Québec pour l'obtention de vacances, on ne peut pas infirmer que leurs offrir le même droit risque de changer la chose parce que le contexte historique est différent et les conditions d’existences aussi. Il faut donc peut plus s'axer sur la répartition des tâches au sein de l'entreprise plutôt que de leurs donner un certain nombre de vacances. Au final, si je comprends bien ton texte, les exigences liées au travail que l’employé pratique sont trop grandes par rapport à ses compétences actuelles, donc il s’agit plus de répartir les tâches quitte à employer plus de gens pour en alléger la charge de travail. Or, si les entreprises engagent plus de gens cela ne concorde pas avec leurs idéologies de maximisation des profits et de diminutions des coûts. Il s’agit là d’une seconde réalité à laquelle il faut se heurtée et tenter de lutter contre parce que s’attaquer à la colonne vertébrale de l’entreprise est beaucoup plus efficace que d’offrir un certain confort à moyen long terme. Bref, je trouve que la solution de Gabriel Nadeau-Dubois est utopique plutôt que heuristique.
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