Le panel
qui sera résumé dans ce compte-rendu a pour titre : « Organisation
collective et travailleurs et travailleuses pauvres : Enjeux et défis
contemporains ». La présentation a eu lieu dans le cadre de la 3e
édition du colloque international du GIREPS : « Le travail qui rend
pauvre : Action publique, résistances et dialogues nord-sud ». Les
participants de ce panel sont Indira Gartenberg (LEARN-Dharavi), Jamie Woodcock
(U. of Oxford) et Evelyn Calugay (Pinay).
En
premier lieu, la présentation de Mme Gartenberg relatait l’organisation des
luttes de femmes en Inde pour améliorer leurs conditions de travail. En effet,
ces femmes se trouvent dans une situation précaire puisque leurs heures de
travail sont parfois non rémunérées, leur employeur disparaît avant de les
avoir payées, etc. De plus, Gartenberg rapporte qu’un des problèmes qu’ont les
employées est d’arriver à l’heure au travail. Les horaires de bus ne concordant
pas avec les horaires de travail, ces femmes se faisaient souvent réprimander
par leurs employeurs pour leur retard. Une de ces femmes a initié des démarches
auprès de l’entreprise de bus, mais sans succès. Ce n’est qu’en organisant une
manifestation avec d’autres femmes solidaires à la cause que les choses ont pu
changer. Vêtues de rouge pour rappeler la couleur des bus et ayant eu lieu lors
du premier avril (April Fools) pour dénoncer l’inaction du service d’autobus,
cette manifestation a contribué à initier un changement très rapidement. En
bref, la présentation de Mme Gartenberg a bien illustré comment s’organisent certaines
luttes pour de meilleures conditions de travail en Inde. J’ai personnellement
beaucoup aimé cet exposé que j’ai trouvé fort intéressant. De plus, les
multiples photos présentées étaient très appréciées et nous plongeait dans la
réalité des travailleuses.
En
second lieu, l’exposé de M. Woodcock portait sur le phénomène de la gig economy en prenant les exemples de
Uber et de Deliveroo au Royaume-Uni. La première est une entreprise qui offre
des services de déplacement, au même titre qu’un taxi, mais sans que la
compagnie ne possède de voitures. Uber offre aussi un service de livraison de
nourriture appelé Uber Eats (pour
lequel je travaille moi-même). La deuxième entreprise qu’il prend en exemple
est Deliveroo. Deliveroo et Uber Eats emploient tous les deux des coursiers à
vélo (ou en voiture aussi pour Uber) afin de livrer des repas directement dans
les mains du consommateur tout en utilisant des plateformes numériques pour
gérer le travail. M. Woodcock a relaté diverses occasions durant lesquelles des
luttes ont eu lieu pour améliorer leurs conditions de travail, mais aussi la
difficulté de se rejoindre entre livreurs. En effet, ceux qui travaillent pour
ces entreprises n’ont pas d’heures de pause communes lors desquelles ils et
elles peuvent communiquer et partager leur vécu en tant que livreur. Mais à
l’aide de plateformes numériques telles que Whatsapp, ils ont pu prendre
contact et organiser un espace et réseau commun. Ainsi, grâce à ces plateformes
qui les isolaient, ils peuvent maintenant compter sur une communauté qui
s’entraident en cas de besoin.
Cette
présentation m’a particulièrement intéressée puisqu’elle est très liée à mon
sujet de recherche, mais aussi à mon vécu en tant que livreur. J’ai identifié
plusieurs points en commun et discordances entre les cas relatés par M.
Woodcock et mon expérience personnelle. Une comparaison de la situation entre
Montréal et Royaume-Uni serait intéressante dans cette optique. Par exemple, il
est vrai qu’il est difficile d’entrer en contact avec d’autres livreurs au sein
d’Uber. Il m’arrive souvent d’en croiser dans des restaurants, mais le contexte
d’urgence prête rarement à la conversation. Effectivement, comme nous sommes
tous un peu pressés pour satisfaire les clients (et ainsi augmenter nos notes),
nous n’avons l’occasion de discuter que si les commandes ne sont pas prêtes. De
plus, dans le cas d’Uber, il est possible d’être livreur en voiture ou à vélo
ce qui pose des différences au niveau des conditions de travail. Aussi,
contrairement à ce qui semble être le cas pour Deliveroo, je ne suis pas
particulièrement insatisfaite de mon salaire. J’arrive facilement à me faire
20$/heure en travaillant lors des heures de pointe grâce aux promotions
offertes. En effet, pour encourager les livreurs à être disponibles durant
certaines plages horaires où la demande est plus élevée, Uber offre des
« amplificateurs » qui augmentent notre revenu. Toutefois, il est
vrai qu’il s’agit d’un emploi épuisant et qu’il faut souvent un autre emploi
pour arriver à subvenir à nos besoins. De plus, le matériel nécessaire à
l’exercice des fonctions n’est pas gratuit, surtout l’équipement qui permet de
travailler lors des quatre saisons et dans différents types de conditions
météorologique (pluie, neige, etc.).
La
troisième présentation, donnée par Evelyn Calugay traitait de la situation des
travailleuses domestiques et de soins au Canada. Beaucoup d’entre elles
viennent des Philippines. Elles jouent donc un grand rôle au sein de l’économie
canadienne et forment une des plus grandes communautés d’immigrant au pays.
Toutefois, Elles sont victimes d’abus de la part de leurs employeurs. Ils
peuvent aussi difficilement protester au risque de perdre cet emploi. Ces
travailleuses sont particulièrement vulnérables en ce sens. Ces emplois sont
aussi souvent dévalués alors qu’ils sont très importants pour s’occuper des
personnes âgées, des enfants et des personnes handicapées.
Tel
qu’indiqué dans l’une des lectures de cette semaine, ces travailleuses se
voient souvent émettre un permis de travail valide chez un employeur seulement.
Bien qu’elles puissent alors poser une demande de résidence permanente, les
conditions à remplir les briment et les placent en position de vulnérabilité
face à l’employeur. (Noiseux, 2012) Il est effectivement difficile de faire un
recours contre un employeur qui peut décider de renvoyer une travailleuse et
ainsi lui enlever ses chances de résider au Canada. La situation des
travailleurs migrants a raison d’en inquiéter plus d’un vu la vulnérabilité de
ces travailleurs.
Bibliographie
Noiseux,
Y. (2012). « Mondialisation, travail atypique et précarisation : le
travail migrant temporaire au Québec », Recherches sociographiques, pp. 389-414.
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