Il faut craindre
le pire, selon les syndicats
Tout d’abord, le projet de loi 15
se définit comme étant une loi entourant la gestion et le contrôle des
effectifs des ministères. En effet, la
loi 15 ne laisse pas tout le monde indifférent ; « des organismes et des réseaux du secteur
public ainsi que des sociétés d’État fait craindre le pire aux représentants de
syndicats, qui voient là une manière de sabrer dans l’autonomie des ministères
et des institutions tout en procédant à une centralisation des pouvoirs.» (Alary, M-H, 2014). Autrement dit, le projet de loi 15 propose un gel des effectifs dans plusieurs
domaines publics, tels que le réseau de la santé et de l’éducation. De ce fait, une multitude d’acteurs syndicaux,
dont Richard Perron, président du Syndicat de professionnelles et professionnels
du gouvernement du Québec, le SPGQ, qui représente plus de 25 500 personnes
dans la fonction publique, des sociétés d’État, des réseaux de l’éducation et
de la santé, s’opposent à ce projet. Francine Lévesque, première ministre à la
confédération des syndicats nationaux, la CSN, appuie le mécontentement des
autres syndicats, car elle stipule que la vision du gouvernement ne s’arrête
pas au fait de vouloir imposer à tout le monde un nouveau contrôle sur les
effectifs, mais que, réellement, l’opération a pour but une hypercentralisation
bureaucratique, afin d’effectuer des coupes. Le rôle de l’état-régulateur cible
activement leurs coupures sur les personnes en situations précaires.
Si tel est le cas, les syndicats
redoutent la sous-traitance qui est répandu dans l’appareil gouvernemental et
ses faces cachées. Partant de ce fait, « Les budgets de la sous-traitance sont
passés de 228 millions de dollars en 2003 à 778 millions de dollars en 2013.
41% de ces contrats auraient dû être donnés à l’interne ; il y a là des sommes
astronomiques à économiser.»(Alary, M-H, 2014). Bien souvent un sujet délicat, la limite entre la
sous-traitance et la privatisation est mince, offrant ainsi davantage de place
au secteur privé. De surcroît, on tente de diminuer le travail des syndicats,
malgré le fait que les employés de la fonction et des réseaux publics sont
confrontés à des conditions de travail défavorables. Il est évident que la
sous-traitance est avantageuse pour les entreprises, car elle exige un salaire
moins élevé, réduisant également les avantages sociaux ou les négociations
syndicales à une partie de la production. De ce fait, l’essoufflement des
travailleurs témoigne de la mesure des heures supplémentaires obligatoires
dans le secteur de la santé. Par conséquent, les gens ont des salaires plus élevés,
mais en fin de compte, leur santé se dégrade. À ce propos, les taux d’absentéisme
et les congés de maladie se voient augmentés dans tous les réseaux publics. D’ailleurs, le marché du travail
a connu plusieurs transformations, comme l’État-employeur, la flexibilisation
du travail et la sous-rémunération du travail atypique. Il y a une réduction
des effectifs au sein des entreprises publiques, ce qui fait que l'on voit apparaître davantage de privatisation, un partenariat public privé et finalement de la sous-traitance. On
retrouve la prolifération du travail atypique au cœur de la fonction publique
ainsi que dans le secteur parapublic.
Dans les réseaux de santé et d’éducation,
les besoins sont en constante évolution et en progression, malgré le gel d’effectifs
potentiel, en raison des pressions budgétaires de plus en plus imposantes. Le 31
mars 2015, les employés entreront dans un débat contre le gouvernement entourant
les conventions collectives du secteur public qui viendront à échéance. Aux
prochaines revendications, les syndicats tenteront d’améliorer leurs conditions
de travail, mais plus encore, la préservation des services sociaux adéquats. En
raison de la montée du travail atypique et de la précarisation du travail qui
touche le secteur public, les travailleurs ont un accès restreint aux
assurances collectives privées et aux régimes publics de protections sociales.
Par conséquent, les avantages associés à la syndicalisation sont également
restreints. La dynamique de l’emploi au Québec se tourne vers les marchés
périphériques de l’emploi, ce qui a pour conséquence une segmentation et une
fragmentation des marchés du travail. Pour ces motifs, on assiste à la
flexibilisation du travail, plus spécifiquement dans les entreprises produisant
des biens et des services. Il faut repenser l’organisation du travail et les
priorités salariales afin de satisfaire les travailleurs dans le domaine
public. Bref, l’État veut adopter la loi 15 afin de contrôler la taille de la
fonction publique.
Standing, Guy. 2011. « The Precariat », dans The Precariat : The New Dangerous Class,
Bloomsbury, New York. Pp. 1-25.
Alary, M-H. (2014). Projet de loi 15, il
faut craindre le pire, selon les syndicats.
Le Devoir, Repéré à http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/424359/projet-de-loi-15-il-faut-craindre-le-pire-selon-les-syndicats
Audrey Rioux