mercredi 3 octobre 2018

Pénurie de la main-d'oeuvre dans le réseau de la santé, d'où vient le problème?



Le secteur de la santé n’est pas épargné par la pénurie de main-d’œuvre qui touche le Québec. L’un des secteurs au cœur des débats politiques au Québec est et a toujours été celui de la santé. Le réseau de la santé cri haut et fort une pénurie de main-d’œuvre et plus précisément d’infirmiers et d’infirmières. Troisième jour après la prise du pouvoir par le nouveau parti au majoritaire la CAQ (Coalition Avenir Québec), les citoyens et les employés du réseau de la santé s’entendent à voir des changements dans le secteur de la santé publique et surtout une amélioration des conditions de travail pour les employés. Une des promesses du gouvernement caquiste en effet est de « créer de nouveaux postes à temps plein et d’abolir les heures supplémentaires obligatoires pour les infirmières » (1).

Pierre Fortin affirme dans un article le 10 août 2018 que la pénurie de main-d’œuvre n’est pas due au vieillissement de la population mais serait plutôt le résultat de la reprise économique en cours depuis 2010 (2).  On peut dire que la reforme mise en place par le gouvernement libérale n’a pas grandement amélioré les choses dans le réseau de la santé au Québec. Les soins infirmiers qui selon moi est un domaine pourtant attractif et valorisant devient de moins en moins attractif pour plusieurs qui quittent le réseau et, les soins infirmiers n’est plus un domaine prisé par les jeunes (3). Cette situation engendre des conséquences néfastes dans l’ensemble du réseau, conséquences qui se répercute sur le personnel et les bénéficiaires des soins (burn-out, qualité des soins, temps d’attente dans les urgences pour ne citer que ceux-là).

On constate de plus en plus un manque de personnel en santé et services sociaux dans tous les titres d’emploi et dans tous les établissements. L’instabilité des horaires et des lieux de travail rend le milieu peu attractif et plusieurs personnes quittent le réseau, songent à le quitter ou à aller travailler pour le privé. Pour pallier la pénurie, les employeurs doivent avoir recours aux heures supplémentaires obligatoires ou faire appel à des agences de personnel. On se retrouve alors dans un cercle vicieux (4). Aussi, selon l’institut de la statistique du Québec, le salaire pour des postes comparables sont inférieurs dans le secteur public par rapport au secteur privé. Ce qui pousse les infirmières à laisser leur emploi dans le public pour aller travailler pour le privé.

Mais d’où vient le problème de pénurie de main-d’œuvre des infirmières? Selon Mia Laberge, les statistiques démontrent que le nombre d’infirmières à rejoindre les rangs de la profession pour la période  du 1er avril 2016 au 31 mars 2017 serait plus élevé que le nombre de départ, et la croissance serait continuelle depuis 2012-2013 (3). Le problème selon elle viendrait de la planification idéologique de la main-d’œuvre, une planification qui serait inadéquate. « La pénurie de main-d’œuvre n’est pas réelle, elle est structurelle » mentionne-t-elle (4).

La vice-présidente du secteur public de la FSSS-CSN (Fédération de la santé et des services sociaux-CSN) Josée Marcotte, a mentionné le 30 septembre dernier dans le magazine L’Initiative « on n’est pas loin du point de rupture de la main-d’œuvre dans notre réseau » (4). La mauvaise planification de la main d’œuvre par les autorités entraine des problèmes criants sur le terrain. Tous sont d’accord sur la désorganisation institutionnelle et le manque de personnel.

Mais quelles sont donc les solutions proposées par les auteurs? Penser à la reconfiguration du travail prend donc toute sa place face à ce problème, cela implique une redéfinition du travail lui-même. Il faudrait de meilleures conditions de travail, offrir de meilleur salaire aux infirmières pour palier au problème de pénurie dans le réseau et surtout engager du personnel. Cela prend aussi une réorganisation du travail en consultant les employés, il faut écouter le personnel face à ses besoins.

« Si nous n’améliorons pas les conditions salariales et de travail rapidement, nous risquons de voir de plus en plus de travailleuses et travailleurs tourner le dos au réseau » mentionne Josée Marcotte. Il faudrait qu’on retienne le personnel dans le réseau, la surcharge ne fera que s’aggraver pour ceux qui restent et encore plus de gens vont partir, appui Jeff Begley, président de la FSSS-CSN (4). Il propose ainsi d’arrêter de s’occuper seulement des médecins, on a vue en effet avec la réforme Barrette mettre plus d’emphase sur les conditions des médecins. Le nouveau premier ministre du Québec François Legault promet à cet effet de déchirer l’entente sur la rémunération des médecins spécialisés (1).

Palier au problème de pénurie dans le réseau de la sante selon moi implique aussi de penser et d’impliquer d’autres secteurs de la société tels l’éducation en investissant dans les formations, l’immigration en faisant un recrutement sélectif des travailleurs étrangers, penser aux programmes d’investissement dans la robotique, le numérique, l’automatisme. Le gouvernement devrait penser au bien-être de ses employés et à la santé des populations car les infirmières sont à bout. Ainsi, si le gouvernement sortant laisse un réseau de la santé qui va toujours mal et dont le manque de personnel est toujours d’actualité, attendons donc de voir ce qu’apportera la réforme du nouveau gouvernement.







Sabiatou Lichidi


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