Le secteur de la santé n’est pas épargné par
la pénurie de main-d’œuvre qui touche le Québec. L’un des secteurs au cœur des
débats politiques au Québec est et a toujours été celui de la santé. Le réseau
de la santé cri haut et fort une pénurie de main-d’œuvre et plus précisément
d’infirmiers et d’infirmières. Troisième jour après la prise du pouvoir par le
nouveau parti au majoritaire la CAQ (Coalition Avenir Québec), les citoyens et les employés du réseau de
la santé s’entendent à voir des changements dans le secteur de la santé
publique et surtout une amélioration des conditions de travail pour les
employés. Une des promesses du gouvernement caquiste en effet est de « créer de
nouveaux postes à temps plein et d’abolir les heures supplémentaires
obligatoires pour les infirmières » (1).
Pierre Fortin affirme dans un article le 10
août 2018 que la pénurie de main-d’œuvre n’est pas due au vieillissement de la
population mais serait plutôt le résultat de la reprise économique en cours
depuis 2010 (2). On peut dire que la reforme
mise en place par le gouvernement libérale n’a pas grandement amélioré les
choses dans le réseau de la santé au Québec. Les soins infirmiers qui selon moi
est un domaine pourtant attractif et valorisant devient de moins en moins attractif
pour plusieurs qui quittent le réseau et, les soins infirmiers n’est plus un
domaine prisé par les jeunes (3). Cette situation engendre des conséquences
néfastes dans l’ensemble du réseau, conséquences qui se répercute sur le
personnel et les bénéficiaires des soins (burn-out, qualité des soins, temps d’attente
dans les urgences pour ne citer que ceux-là).
On constate de plus en plus un manque de
personnel en santé et services sociaux dans tous les titres d’emploi et dans
tous les établissements. L’instabilité des horaires et des lieux de travail
rend le milieu peu attractif et plusieurs personnes quittent le réseau, songent
à le quitter ou à aller travailler pour le privé. Pour pallier la pénurie, les
employeurs doivent avoir recours aux heures supplémentaires obligatoires ou
faire appel à des agences de personnel. On se retrouve alors dans un cercle
vicieux (4). Aussi, selon l’institut de la statistique du Québec, le salaire pour
des postes comparables sont inférieurs dans le secteur public par rapport au
secteur privé. Ce qui pousse les infirmières à laisser leur emploi dans le
public pour aller travailler pour le privé.
Mais d’où vient le problème de pénurie de
main-d’œuvre des infirmières? Selon Mia Laberge, les statistiques démontrent
que le nombre d’infirmières à rejoindre les rangs de la profession pour la
période du
1er avril 2016 au 31 mars 2017 serait plus élevé que le nombre de départ, et la
croissance serait continuelle depuis 2012-2013 (3). Le problème selon elle
viendrait de la planification idéologique de la main-d’œuvre, une planification
qui serait inadéquate. « La pénurie de
main-d’œuvre n’est pas réelle, elle est structurelle » mentionne-t-elle (4).
La vice-présidente
du secteur public de la FSSS-CSN (Fédération de la santé et des services
sociaux-CSN) Josée Marcotte, a mentionné le 30 septembre dernier dans le
magazine L’Initiative « on n’est pas loin
du point de rupture de la main-d’œuvre dans notre réseau » (4). La mauvaise
planification de la main d’œuvre par les autorités entraine des problèmes
criants sur le terrain. Tous sont d’accord sur la désorganisation
institutionnelle et le manque de personnel.
Mais quelles sont donc les solutions
proposées par les auteurs? Penser à la reconfiguration du travail prend donc
toute sa place face à ce problème, cela implique une redéfinition du travail
lui-même. Il faudrait de meilleures conditions de travail, offrir de meilleur
salaire aux infirmières pour palier au problème de pénurie dans le réseau et
surtout engager du personnel. Cela prend aussi une réorganisation du travail en
consultant les employés, il faut écouter le personnel face à ses besoins.
« Si nous n’améliorons pas les conditions
salariales et de travail rapidement, nous risquons de voir de plus en plus de
travailleuses et travailleurs tourner le dos au réseau » mentionne Josée
Marcotte. Il faudrait qu’on retienne le personnel dans le réseau, la surcharge
ne fera que s’aggraver pour ceux qui restent et encore plus de gens vont partir,
appui Jeff Begley, président de la FSSS-CSN (4). Il propose ainsi d’arrêter de
s’occuper seulement des médecins, on a vue en effet avec la réforme Barrette
mettre plus d’emphase sur les conditions des médecins. Le nouveau premier
ministre du Québec François Legault promet à cet effet de déchirer l’entente
sur la rémunération des médecins spécialisés (1).
Palier au problème de pénurie dans le réseau
de la sante selon moi implique aussi de penser et d’impliquer d’autres secteurs
de la société tels l’éducation en investissant dans les formations, l’immigration
en faisant un recrutement sélectif des travailleurs étrangers, penser aux
programmes d’investissement dans la robotique, le numérique, l’automatisme. Le
gouvernement devrait penser au bien-être de ses employés et à la santé des
populations car les infirmières sont à bout. Ainsi, si le gouvernement sortant laisse
un réseau de la santé qui va toujours mal et dont le manque de personnel est
toujours d’actualité, attendons donc de voir ce qu’apportera la réforme du
nouveau gouvernement.
Sabiatou Lichidi
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