Le nouvel esprit du
capitalisme hante les modèles économiques de l'Internet : dans les
sociétés en réseaux, libre à chacun de se faire entrepreneur.
Gardons toutefois en tête, que l'externalisation des fonctions
périphériques ne font pas de nous des indépendants, mais bien des
sous-traitants.
Après avoir appris, par
la télévision, à accumuler quantités d'objets, à l'utilité limitée,
que rendaient désirables les images de femmes extasiées qui
peuplaient nos publicités, nous réalisons, à la lumière froide
d'un matin d’austérité, du besoin que nous avons d'en tirer
quelques profits. Heureusement, de nombreux sites internet (Rentoid,
Snapgoods, Liquid), vous propose aujourd'hui de louer, à d'autres
particuliers, tous ces biens sans usages que vous possédez.
Qu'elles sont aimables
toutes ces plateformes, E-bay, Airbnb, Über et cie, de nous laisser
nous vendre dans leurs galeries, de nous faire produits de leurs
catalogues, de nous laisser nous inscrire dans un réseau
d'information, où nos qualités humaines seront objectivés,
photographies à l'appuie, par les commentaires de nos clients et
amis. Elles se présentent comme des services de mises en relations
et appellent cela, l'économie du partage, où consommateurs,
entrepreneurs et investisseurs (avec le financement participatif)
peuvent se confondre, pour l'intérêt de chacun (et donc de tous?).
Il est vrai, que la dématérialisation a éliminé pas mal de
frictions et, avec elles, pas mal de coûts superflus. Rien ne sert
d'avoir pignon sur rue, tant que l'on a une fenêtre sur Internet.
Pourtant, leurs actions ne sont pas désintéressés : ce sont des
entreprises (à but lucratif). Mais nous? Que sommes nous pour eux?
Nous ne sommes pas des
employés. Airbnb ne vous paie pas pour vous improviser agent
touristique, c'est même le contraire, puisque le site prends une
commission sur vos transactions. A la rigueur, nous pourrions être
des clients, profitant de leurs visibilités. Mais force est de
constater que leurs rôles s'étendent au-delà, en gérant, par
exemple, la transaction. Bref, si ces sites produisent le service
(promotion, mise en relation), le bien dont dérive ce service (la
chambre d'amis à louer, le vélo à vendre, l'expertise à
consulter) est nôtre, et sans nous, ils n'ont rien à offrir.
Pour ces compagnies de
l'Internet, nous ne sommes que des sous-traitants, et ce que l'on
nous présente comme une révolution, une économie du partage
redéfinissant les notions de propriétés et de consommations
(http://www.forbes.com/sites/tomiogeron/2013/01/23/airbnb-and-the-unstoppable-rise-of-the-share-economy/),
n'est en réalité que le prolongement d'une logique, en marche
depuis les 80's, celles des sociétés en réseaux, de
l'externalisation des fonctions périphériques et de l'intégration
des clients à la production de la valeur. Plus les choses changent,
plus elles restent semblables. Ils n'ont nulles besoin de nous
manager, il suffit pour cela d'indexer notre identité sur une côte
de satisfaction, et nous voilà, dans la légion d'offre concurrente,
forcé de nous démarquer par un zèle spontané.
Pire encore, bien
conscient de remplir des vides juridiques, ces compagnies s'essuient
les mains dans leurs étendards de messagers et laissent à nous,
utilisateurs, le soin d'expérimenter les nuances des législations
locales
(http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2014/05/21/premiere-condamnation-pour-sous-location-illegale-via-airbnb_4423020_1656968.html).
Pour finir, fait
complice de ces organisations, nous nous indignons de voir l’État
réclamer sa part sur une activité, dont la rentabilité sera de
tout évidence bien moindre une fois taxée. Parce que la nécessité
ne peut pas toujours expliquer l'avidité que trahissent ces
activités, peut être nous faut il questionner notre socialisation à
l'économie?
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