Lorsqu’elle
désigne un espace d’instabilité et de turbulence
peuplé d’individus précaires dans leur rapport au travail, et fragiles dans
leur insertion professionnelle et relationnelle, la précarité devient comme une
situation sociale vécue caractérisée par une insécurité essentielle, à la fois
matérielle et existentielle qui tend à réguler les sujets aux marges de la
société et à les enfermer dans un présent sans avenir. Dans cette insécurité
grandissante de l’emploi se pose la question de la construction de l’identité
professionnelle chez l’enseignant et même
chez le jeune enseignant qui débute fraichement son métier.
Dans
un article publié le 03 décembre 2013 sur le site d’actualité
ici.radio-canada.ca, selon Maurice
Tardif, chercheur à l’université de Montréal, plus d'un enseignant sur deux a
un statut précaire au Québec. Des professeurs doivent désormais jumeler
plusieurs tâches pour arriver à un emploi à temps complet. En effet, Plusieurs professeurs ont eu à travailler dans
plusieurs écoles avant d’obtenir leur permanence. Cela préoccupe Maurice
Tardif, du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la
profession enseignante de l'Université de Montréal. Selon lui, cette précarité
d'emploi se répercute particulièrement sur les élèves à risque et en
difficulté. Au primaire et au
secondaire, près d'un enseignant sur deux n'est pas un employé permanent. La
Fédération des syndicats de l'enseignement salue le cri d'alarme du professeur
Tardif. Elle considère que les commissions scolaires peuvent jouer leur rôle
pour améliorer la situation, malgré les compressions budgétaires de Québec. En
plus de cela faut-il encore que le jeune nouvel enseignant tente de se créer
une place dans cette situation d’instabilité professionnelle, également. En
période d’insertion professionnelle le
débutant en enseignement reçoit la même tache que le chevronné et parfois même
des taches plus complexes et dans certains cas, dans de mauvaises conditions. Aussitôt
arrivés sur le terrain, ces derniers sont appelés à se débrouiller eux-mêmes comme
leurs collègues chevronnés .Selon Joséphine Mukamurera, professeure à l’Université
de Sherbrooke et C. Gingras, à cause justement du statut précaire et des règles
d’embauche et d’affectation en place en enseignement, les débutants se voient
attribuer des taches les plus exigeants. Ils font face à une discontinuité
professionnelle tant du point de vue de l’instabilité de la tâche que du point
de vue de la mobilité entre les écoles. Souvent l’embauche se fait à la dernière
minute, par exemple pour des contrats de remplacement ou pour la suppléance occasionnelle.
Il est clair que cela met aussi en évidence l’absence de sécurité d’emploi dans
le contexte pédagogique.
A
notre avis, lorsque l’on essaie d’analyser un peu la situation, on a l’impression
que la précarité professionnelle chez l’enseignant, c’est en quelque sorte
ramasser les restants, c’est à dire que c’est certainement un contrat qui ne
durera pas toute l’année, c’est changer d’école à tout moment, c’est rester dans l’incertitude totale, c’est
de nouveaux horaires de travail, et surtout, c’est aussi de se faire sa propre
place. En gros c’est toujours à recommencer.
Gingras, C. et Mukamurera, J. (2008). S’insérer dans
l’enseignement au Québec lorsqu’on est professionnellement précaire : vers
une compréhension du phénomène. Revue
des sciences de l’éducation, XXXIV (1), 203-222
http://ici.radio-canada.ca/regions/abitibi/2013/12/03/002-enseignants-statut-precaire.shtml
Missom
Ouédraogo
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