mardi 9 décembre 2014

Précarité et Identité professionnelle ? : Un regard sur le métier d’enseignant

Lorsqu’elle désigne  un espace d’instabilité et de turbulence peuplé d’individus précaires dans leur rapport au travail, et fragiles dans leur insertion professionnelle et relationnelle, la précarité devient comme une situation sociale vécue caractérisée par une insécurité essentielle, à la fois matérielle et existentielle qui tend à réguler les sujets aux marges de la société et à les enfermer dans un présent sans avenir. Dans cette insécurité grandissante de l’emploi se pose la question de la construction de l’identité professionnelle chez l’enseignant  et même chez le jeune enseignant qui débute fraichement son métier.
Dans un  article  publié le 03 décembre 2013 sur le site d’actualité ici.radio-canada.ca, selon Maurice Tardif, chercheur à l’université de Montréal, plus d'un enseignant sur deux a un statut précaire au Québec. Des professeurs doivent désormais jumeler plusieurs tâches pour arriver à un emploi à temps complet. En effet,  Plusieurs professeurs ont eu à travailler dans plusieurs écoles avant d’obtenir leur permanence. Cela préoccupe Maurice Tardif, du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante de l'Université de Montréal. Selon lui, cette précarité d'emploi se répercute particulièrement sur les élèves à risque et en difficulté. Au primaire et au secondaire, près d'un enseignant sur deux n'est pas un employé permanent. La Fédération des syndicats de l'enseignement salue le cri d'alarme du professeur Tardif. Elle considère que les commissions scolaires peuvent jouer leur rôle pour améliorer la situation, malgré les compressions budgétaires de Québec. En plus de cela faut-il encore que le jeune nouvel enseignant tente de se créer une place dans cette situation d’instabilité professionnelle, également. En période d’insertion professionnelle  le débutant en enseignement reçoit la même tache que le chevronné et parfois même des taches plus complexes et dans certains cas, dans de mauvaises conditions. Aussitôt arrivés sur le terrain, ces derniers sont appelés à se débrouiller eux-mêmes comme leurs collègues chevronnés .Selon Joséphine Mukamurera, professeure à l’Université de Sherbrooke et C. Gingras, à cause justement du statut précaire et des règles d’embauche et d’affectation en place en enseignement, les débutants se voient attribuer des taches les plus exigeants. Ils font face à une discontinuité professionnelle tant du point de vue de l’instabilité de la tâche que du point de vue de la mobilité entre les écoles. Souvent l’embauche se fait à la dernière minute, par exemple pour des contrats de remplacement ou pour la suppléance occasionnelle. Il est clair que cela met aussi en évidence l’absence de sécurité d’emploi dans le contexte pédagogique.
A notre avis, lorsque l’on essaie d’analyser un peu la situation, on a l’impression que la précarité professionnelle chez l’enseignant, c’est en quelque sorte ramasser les restants, c’est à dire que c’est certainement un contrat qui ne durera pas toute l’année, c’est changer d’école à tout moment,  c’est rester dans l’incertitude totale, c’est de nouveaux horaires de travail, et surtout, c’est aussi de se faire sa propre place. En gros c’est toujours à recommencer.
Gingras, C. et Mukamurera, J. (2008). S’insérer dans l’enseignement au Québec lorsqu’on est professionnellement précaire : vers une compréhension du phénomène. Revue des sciences de l’éducation, XXXIV (1), 203-222
http://ici.radio-canada.ca/regions/abitibi/2013/12/03/002-enseignants-statut-precaire.shtml


Missom Ouédraogo 

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