En prêchant
l'austérité comme panacée aux problèmes de dettes publiques, le
gouvernement pourrait bien semer les germes des crises de demain.
Afin
de parvenir à l'équilibre budgétaire, le président du conseil du
Trésor, Martin Coiteux, a proposé un gel des salaires de la
fonction publique, durant deux ans, suivi d'une augmentation de 1%
pour les trois années suivantes. En tenant compte de l'inflation, ce
gèle des salaires tient d'avantage d'une diminution, que
l'augmentation ultérieur promise ne parviendra nullement à
compenser
A
cela s'ajoute une restructuration des services de santé et
d'éducation, avec, entre autres, une augmentation du nombre d'heures
et d'élèves par enseignant, la fin de filière spécialisée pour
les élèves handicapés ou en difficultés, et une diminution
conséquente des budgets alloués à l'enseignement supérieur.
Ces
"économies de bouts de chandelles", pour reprendre
l'expression du Député de Québec Solidaire Amir Khadir, vont
contribuer à une dégradation des conditions de travail, dont la
jeunesse paiera le prix, mais servent en réalités deux objectifs
peu louables.
Premièrement,
rappelons le, l'austérité est une politique économique dont le but
principale est de stopper l'inflation, soit la diminution relative de
la valeur de la monnaie par rapport à l'ensemble des biens et
services consommables. L'inflation n'est pas un fléau en soit et
peut même avoir quelques vertus, particulièrement dans l'incitation
à l'investissement et au crédit. Si une forte inflation ne doit pas
inquiéter le salariat, tant que son salaire y est indexé, elle
fait, par contre, fondre les fortunes dormantes. En diminuant la
masse monétaire injectée dans le circuit économique par les
salaires des fonctionnaires, l’État peut espérer ralentir
l'inflation. Pire, les salaires étant gelé, et non indexé, la
lutte contre l'inflation devient un objectif souhaitable pour ses
employés. Pour autant, cette politique ne s'attaque nullement à la
cause du symptôme, soit le ralentissement de la croissance
économique (et donc, de la quantité de bien et de service en
circulation).
Deuxièmement,
la dégradation des services publiques, financés par l'impôt,
cherche avant tout à légitimer une privatisation des marchés de
l'éducation et la santé, et à instaurer un système à deux
vitesses, où la qualité de l'offre dépendra grandement de la
capacité de paiement de la demande
Sur
le long terme, cette politique ne peut que renforcer les inégalités
économiques existantes, en abandonnant les élèves des milieux les
moins favorisés à des enseignants peu payés et surchargés, élèves qui,
une fois sur le marché de l'emploi, continueront de faire chuter le
prix de la force de travail non-qualifié. Il ne s'agit pas de créer de la richesse, mais de conserver celles qui existent déjà.
En
somme, cette politique est une atteinte au contrat social, et une
remise en cause du rôle de l’État, comme agent de régulation et de
collectivisation des risques. Si la députée Françoise David
soutient que la direction choisie par le gouvernement les conduira
tout droit vers une crise sociale, la confiance des dirigeants dans
leurs réformes, semblent donner raison à cette phrase de Maximilien
de Robespierre : "La plus grande partie de nos concitoyens est
aujourd'hui réduite par l'indigence, à ce dernier degrés
d'avilissement où l'Homme, uniquement préoccupé de survivre, est
incapable de réfléchir aux causes de sa misère, et aux droits que
la nature lui a donné."
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