mardi 16 décembre 2014

Les économies d'aujourd'hui seront la ruine de demain

En prêchant l'austérité comme panacée aux problèmes de dettes publiques, le gouvernement pourrait bien semer les germes des crises de demain.

Afin de parvenir à l'équilibre budgétaire, le président du conseil du Trésor, Martin Coiteux, a proposé un gel des salaires de la fonction publique, durant deux ans, suivi d'une augmentation de 1% pour les trois années suivantes. En tenant compte de l'inflation, ce gèle des salaires tient d'avantage d'une diminution, que l'augmentation ultérieur promise ne parviendra nullement à compenser

A cela s'ajoute une restructuration des services de santé et d'éducation, avec, entre autres, une augmentation du nombre d'heures et d'élèves par enseignant, la fin de filière spécialisée pour les élèves handicapés ou en difficultés, et une diminution conséquente des budgets alloués à l'enseignement supérieur.

Ces "économies de bouts de chandelles", pour reprendre l'expression du Député de Québec Solidaire Amir Khadir, vont contribuer à une dégradation des conditions de travail, dont la jeunesse paiera le prix, mais servent en réalités deux objectifs peu louables.

Premièrement, rappelons le, l'austérité est une politique économique dont le but principale est de stopper l'inflation, soit la diminution relative de la valeur de la monnaie par rapport à l'ensemble des biens et services consommables. L'inflation n'est pas un fléau en soit et peut même avoir quelques vertus, particulièrement dans l'incitation à l'investissement et au crédit. Si une forte inflation ne doit pas inquiéter le salariat, tant que son salaire y est indexé, elle fait, par contre, fondre les fortunes dormantes. En diminuant la masse monétaire injectée dans le circuit économique par les salaires des fonctionnaires, l’État peut espérer ralentir l'inflation. Pire, les salaires étant gelé, et non indexé, la lutte contre l'inflation devient un objectif souhaitable pour ses employés. Pour autant, cette politique ne s'attaque nullement à la cause du symptôme, soit le ralentissement de la croissance économique (et donc, de la quantité de bien et de service en circulation).

Deuxièmement, la dégradation des services publiques, financés par l'impôt, cherche avant tout à légitimer une privatisation des marchés de l'éducation et la santé, et à instaurer un système à deux vitesses, où la qualité de l'offre dépendra grandement de la capacité de paiement de la demande

Sur le long terme, cette politique ne peut que renforcer les inégalités économiques existantes, en abandonnant les élèves des milieux les moins favorisés à des enseignants peu payés et surchargés, élèves qui, une fois sur le marché de l'emploi, continueront de faire chuter le prix de la force de travail non-qualifié. Il ne s'agit pas de créer de la richesse, mais de conserver celles qui existent déjà.

En somme, cette politique est une atteinte au contrat social, et une remise en cause du rôle de l’État, comme agent de régulation et de collectivisation des risques. Si la députée Françoise David soutient que la direction choisie par le gouvernement les conduira tout droit vers une crise sociale, la confiance des dirigeants dans leurs réformes, semblent donner raison à cette phrase de Maximilien de Robespierre : "La plus grande partie de nos concitoyens est aujourd'hui réduite par l'indigence, à ce dernier degrés d'avilissement où l'Homme, uniquement préoccupé de survivre, est incapable de réfléchir aux causes de sa misère, et aux droits que la nature lui a donné."

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