vendredi 19 décembre 2014

L’affaire Sony et l’appartenance à l’entreprise

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Le 24 novembre dernier, l’entreprise Sony Pictures Entertainment aurait été la cible d’une importante opération de piratage, ayant permis la fuite de centaines de documents les plus divers, notamment certains films en production ou en post-production, des discussions stratégiques, des prototypes de produits, des études de marché, etc. Ce qui fait le plus de cas ces jours-ci est notamment la présence d’un film, sensé sortir pour Noël et qui a vu sa sortie annulée par des menaces terroristes issues, selon les autorités, de sources Nord-Coréennes.

Ce n’est néanmoins pas là-dessus que nous nous pencherons principalement, mais plutôt sur d’autres éléments qui ont été piratés. En effet, la quantité d’information piratée est énorme, et rassemble notamment toutes les informations personnelles des employés comme des contractuels de l’entreprise. Ces informations portent notamment sur les numéros d’assurance sociale, les salaires, les adresses personnelles , etc. Il s’agit donc d’une atteinte énorme à l’identité de centaines d’employés. De plus, il nous semble important de souligner que même les contractuels ont été ciblés par les attaques, impliquant que n’importe qui qui a fait un contrat pour l’entreprise au cours de sa vie a vu toutes ses informations personnelles être piratées et, plus encore, être placées sur l’Internet pour pouvoir être téléchargées par n’importe qui. Cela inclut aussi plusieurs célébrités ayant travaillé pour l’entreprise, avec les conséquences possibles qu’on connaît.

Alors qu’on s’inquiète (avec raison, probablement) des conséquences de ce piratage pour l’entreprise, celles subies par ses employés semblent être passées complètement inaperçues, outre quelques articles ici et là au lendemain de l’événement. Or, il nous semble extrêmement important d’en parler puisqu’il s’agit d’une atteinte majeure à l’identité et à la sécurité de ses individus. Cela est d’autant plus vrai que, récemment, les pirates informatiques ont menacé plusieurs employés directement, leur envoyant des emails menaçant leur famille s’ils ne faisaient pas certaines actions contre l’entreprise.
Ce genre de situation nous semble rappeler, premièrement, ce que cela implique d’appartenir à une entreprise. Le mot « appartenir » est ici bien volontaire, puisqu’il s’agit réellement d’une situation de soumission à l’entreprise, qui devient dépositaire d’une multitude d’informations au sujet de ces employés. De plus, au regard de la situation, on peut voir que les employés doivent endosser, de facto¸ toutes les décisions de l’entreprise et en subir les conséquences, sans avoir rien à dire dans ce fonctionnement. Même si les employés ne cautionnent pas les pratiques de l’entreprise, ils deviennent tout de même une cible lorsque des actions sont prises contre celle-ci.

Plus encore, cela fait ressortir les impacts politiques d’un « simple » travail de bureau. Travailler pour une entreprise, c’est aussi endosser les décisions d’affaire qui, au final, ont des impacts politique. Sans le vouloir, les employés de SPE ont endossé la production de films à caractère politique (comme celui parodiant la Corée du Nord et Kim-Jong Un) et doivent vivre avec les conséquences politiques de cet acte. Dans cette optique, il nous semble pertinent de voir que le travail a toujours des implications politiques, et n’est jamais qu’un « banal travail » interchangeable.

Il nous apparaît aussi important, dans un autre ordre d’idée, de faire ressortir le fait que Sony Pictures Entertainment a commis de graves erreurs de sécurité dans la protection des données de ses employés. En effet, selon quelques articles cités plus bas, les données auraient été conservées dans un fichier excel non-protégé, et n’auraient pas reçu les protections nécessaires. Cela semble donc démontrer un grave manque de considération de l’entreprise face à ses employés, qui démontrent bien que le rapport de force entre entreprise est encore débalancé, même dans la cadre de l’emploi de contractuels particulièrement bien payés.

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