mardi 2 décembre 2014

Un salaire égal pour un travail égal



« Les salaires des travailleurs privés sont mieux payés que ceux de l’état » est le titre parlant d’un article qui est apparu dans le Devoir de 28 novembre 2014.
L’écart de 7,6 % entre la rémunération des travailleurs des deux secteurs, privés et publics, au Québec n’a pas cru la dernière année, mais il a presque doublé depuis 2009 selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Le pourcentage « tient compte du salaire, des avantages sociaux et des heures présence au travail. »

Les chiffres sont sortis très récemment et les syndicats ont réagi immédiatement pour en profiter pour les négociations des conventions collectives des employés du secteur public, mais le président du Conseil du trésor s’est déjà exprimé défavorablement sur leur demande d’une hausse salariale de 13.5 % sur trois ans.

Au Danemark l’écart entre les salaires publics et privés était à 7.2 % en 2012. Les négociations des accords des fonctionnaires publics sont décalées d’un an par rapport aux négociations de ceux des travailleurs privés. Ces derniers définissent le niveau de la hausse salarial. La différence dans la rémunération est retenue.

Historiquement les employés des services publics ont eu des plans de retraite, des possibilités de formation permanente et pour les femmes des conditions de congé de maternité plus avantageux ainsi que plus de sécurité de l’emploi que les travailleurs des entreprises privées. Ces avantages ont justifié les salaires plus bas. Il faut ajouter qu’ils n’avaient pas le droit de faire la grève. Ceci pour éviter la fermeture des services gouvernementaux et municipaux. Ce n’est, cependant, plus le cas pour la majorité des fonctionnaires, pourtant on tient toujours à garder l’écart, mais les raisons ont changé. On se servit des discours du marché pour le justifier. Si on augmente les salaires des employés du secteur public, on force les commerces, l’industrie et les services privés à la hausse des salaires aussi ce qui emportera des prix trop élevés pour que le Danemark reste compétitif. Par ailleurs, le désir de diminuer l’état depuis les années 80 fait un bon argument contre une rémunération plus élevée. Il faut dissuader les demandeurs d’emploi d’entrer dans des positions gouvernementales et municipales.

Les syndicats danois ont lutté pour une égalisation de la rémunération des fonctionnaires de l’état, sans grand succès. Ces dernières années le mot à la mode a été la modération et les employés ont vu une baisse des salaires réels, donc de telles demandes ont vu une réception similaire à celle du président du Conseil du trésor de Québec.
Ces discours et l’Insistance sur l’écart entre les salaires des employés publics et les salariés des entreprises privées produisent des effets pervers. Pour ce qui est l’écart, il est indirectement discriminatoire. La majorité des fonctionnaires dans le secteur public sont des femmes et l’écart empêche l’égalité salariale entre les hommes et femmes. Elle peut être réalisée dans le secteur même, mais dans son ensemble elle n’est pas atteinte. Un argument pour l’égalisation de la rémunération globale qui n’est pas souvent plaidé. On dirait une honte, pour un pays qui se dit avoir atteint un degré élevé d’égalité entre les sexes. 

En ce qui concerne les discours, ils n’ont pas réussi à éviter l’augmentation des prix et l’agrandissement du secteur public. Par contre, ils ont donné aux services publics et à ses fonctionnaires une très mauvaise réputation, ce qui fait qu’on a du mal à attirer et maintenir une main-d’œuvre qualifiée. Un désavantage dans un pays où ce secteur est aussi grand et joue un rôle important dans presque tous les domaines des vies des citoyens.  
Ceci n’est que quelques effets de l’écart salarial, mais, semble-t-il, ils ne sont pas assez importants pour faire des changements dans la structure de la rémunération globale danois.


 

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