lundi 2 novembre 2015

Une défaite de plus pour le monde syndical

De moins en moins de pouvoirs pour les travailleurs ?

Depuis le 23 septembre dernier, des figures emblématiques du mouvement syndical dénoncent le pacte fiscal imposé par le gouvernement du Québec comme n’étant ni plus ni moins qu’une pression inutile et dangereuse exercée sur les employés municipaux.  

Après des décennies de mouvements ouvriers, sociaux, de luttes syndicales pour un monde du travail plus juste, plus humain, qui idéalement se soucierait des employés et leur donnerait une certaine marge de manœuvre, on ne peut que s’interroger sur la façon dont les choses ont puent prendre cette mauvaise tournure.
Pour argumenter à ce sujet, je m’intéresse au pacte fiscal du monde municipal s’étendant de 2016 à 2019.
L’article intitulé « une attaque frontale contre le droit à la négociation » est paru dans le Monde Ouvrier, et ce, en réaction au pacte fiscal de 2016-2019, signé le 29 septembre par le gouvernement du Québec, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et la fédération québécoise des municipalités (FMQ).
En fait, depuis la signature de ce pacte, c’est le droit essentiel qu’est la négociation des conditions de travail des employés municipaux qui est en danger.
Comme toutes les fois où les décideurs de ces transformations du milieu de travail ont niés l’impact qu’elles pourraient avoir sur les employés, il s’en suit une dévalorisation des employés eux-mêmes ainsi que de leur expertise.
On serait tenté de se dire que l’époque de la révolution industrielle, de l’organisation scientifique du travail par Taylor, et de l’emphase mise sur la productivité à tout prix, est révolue car aujourd’hui travailler c’est aussi avoir des droits et - oserais-je l’écrire – du pouvoir (en quelque sorte) ou du moins ce qui pourrait être qualifié de marge de manœuvre.
Pourtant ce pacte est bel et bien signé et fait un pied de nez aux convictions utopiques de tous ces travailleurs et travailleuses qui  voient un mouvement de justice en marche.
« Voilà ce qui va se passer, ça ne vous convient pas ?! Tant pis ! Vous n’avez rien à dire, pas le droit de ne pas être d’accord, en fait peu importe ce que vous en penser…Au travail ! ». C’est le genre de discours - surement de manière plus diplomate – qui aura dorénavant légitimement lieu au sein d’une municipalité.
Aussi, les conséquences négatives sont-elles graves, puisque comme le soulignent Marc Ranger (directeur adjoint du Syndicat canadien de la fonction publique au Québec) et Daniel Boyer (président de la fédération des travailleurs et travailleuses du Québec), la municipalité peut à elle seule décider des conditions de travail, et c’est donc le gouvernement du Québec lui-même qui fait pression sur les conditions de travail.
« Nous invitons les élus municipaux du Québec à examiner avec grande prudence ce nouveau cadeau empoisonné du ministre Moreau.
Le gouvernement du Québec coupe les vivres aux municipalités et leur offre en retour des armes pour taper sur leurs employés, encore une fois.
Cela affaiblirait les villes de multiples manières, notamment en rendant très difficiles le recrutement et la rétention de main d’œuvre.
Bref, c’est encore une déclaration de guerre de ce gouvernement contre les services publics », a déploré Marc Ranger.
Les opposants à ce pacte s’insurgent contre le fait qu’il ouvre la porte à la corruption étant donné que la municipalité s’orientera vers les sous-traitants, donc une expertise externe, pour assurer les services et effectuer les travaux.
Pourtant, comme l’a souligné Daniel Boyer : « La rémunération des employés municipaux est absolument compétitive par rapport au secteur privé et à l’industrie de la construction ».
Il ajoute également que : « les négociations dans le secteur municipal fonctionnent très bien : 84 % des conventions collectives sont présentement réglées, et environ 98 % d’entre elles sont signées sans conflit de travail. Le rapport de force est équilibré dans ce secteur ».
La conclusion ? Les droits des travailleurs ainsi que leurs moyens de défense sont en train de reculer. Ces batailles qui furent durement gagnées au fil des ans, et ces droits et avantages que l’on présume volontiers comme étant acquis pour toujours ne le sont pas, à l’évidence. Tout peut être remis en question sous prétexte que c’est pour le bien commun et que les aspects positifs sont plus nombreux que les désavantages.  

Articles de référence :

Anne-Louise Geran

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