De
moins en moins de pouvoirs pour les travailleurs ?
Depuis
le 23 septembre dernier, des figures emblématiques du mouvement syndical
dénoncent le pacte fiscal imposé par le gouvernement du Québec comme n’étant ni
plus ni moins qu’une pression inutile et dangereuse exercée sur les employés
municipaux.
Après des décennies de mouvements ouvriers, sociaux, de
luttes syndicales pour un monde du travail plus juste, plus humain, qui
idéalement se soucierait des employés et leur donnerait une certaine marge de
manœuvre, on ne peut que s’interroger sur la façon dont les choses ont puent
prendre cette mauvaise tournure.
Pour argumenter à ce sujet, je m’intéresse au pacte
fiscal du monde municipal s’étendant de 2016 à 2019.
L’article intitulé « une attaque frontale contre le
droit à la négociation » est paru dans le Monde Ouvrier, et ce, en
réaction au pacte fiscal de 2016-2019, signé le 29 septembre par le
gouvernement du Québec, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et la
fédération québécoise des municipalités (FMQ).
En fait, depuis la signature de ce pacte, c’est le droit
essentiel qu’est la négociation des conditions de travail des employés
municipaux qui est en danger.
Comme toutes les fois où les décideurs de ces
transformations du milieu de travail ont niés l’impact qu’elles pourraient
avoir sur les employés, il s’en suit une dévalorisation des employés eux-mêmes
ainsi que de leur expertise.
On serait tenté de se dire que l’époque de la révolution
industrielle, de l’organisation scientifique du travail par Taylor, et de
l’emphase mise sur la productivité à tout prix, est révolue car aujourd’hui travailler
c’est aussi avoir des droits et - oserais-je l’écrire – du pouvoir (en quelque
sorte) ou du moins ce qui pourrait être qualifié de marge de manœuvre.
Pourtant ce pacte est bel et bien signé et fait un pied
de nez aux convictions utopiques de tous ces travailleurs et travailleuses qui voient un mouvement de justice en marche.
« Voilà ce qui va se passer, ça ne vous convient
pas ?! Tant pis ! Vous n’avez rien à dire, pas le droit de ne pas
être d’accord, en fait peu importe ce que vous en penser…Au travail ! ».
C’est le genre de discours - surement de manière plus diplomate – qui aura
dorénavant légitimement lieu au sein d’une municipalité.
Aussi, les conséquences négatives sont-elles graves,
puisque comme le soulignent Marc Ranger (directeur adjoint du Syndicat
canadien de la fonction publique au Québec) et Daniel Boyer (président de la fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec), la municipalité peut à elle seule décider des
conditions de travail, et c’est donc le gouvernement du Québec lui-même qui
fait pression sur les conditions de travail.
«
Nous invitons les élus municipaux du Québec à examiner avec grande prudence ce
nouveau cadeau empoisonné du ministre Moreau.
Le
gouvernement du Québec coupe les vivres aux municipalités et leur offre en
retour des armes pour taper sur leurs employés, encore une fois.
Cela
affaiblirait les villes de multiples manières, notamment en rendant très
difficiles le recrutement et la rétention de main d’œuvre.
Bref,
c’est encore une déclaration de guerre de ce gouvernement contre les services
publics », a déploré Marc Ranger.
Les
opposants à ce pacte s’insurgent contre le fait qu’il ouvre la porte à la
corruption étant donné que la municipalité s’orientera vers les sous-traitants,
donc une expertise externe, pour assurer les services et effectuer les travaux.
Pourtant, comme l’a souligné Daniel Boyer : «
La rémunération des employés municipaux est absolument compétitive par rapport
au secteur privé et à l’industrie de la construction ».
Il
ajoute également que : « les négociations dans le secteur municipal
fonctionnent très bien : 84 % des conventions collectives sont présentement
réglées, et environ 98 % d’entre elles sont signées sans conflit de travail. Le
rapport de force est équilibré dans ce secteur ».
La conclusion ? Les droits des travailleurs ainsi
que leurs moyens de défense sont en train de reculer. Ces batailles qui furent
durement gagnées au fil des ans, et ces droits et avantages que l’on présume volontiers
comme étant acquis pour toujours ne le sont pas, à l’évidence. Tout peut être
remis en question sous prétexte que c’est pour le bien commun et que les
aspects positifs sont plus nombreux que les désavantages.
Articles de référence :
Anne-Louise Geran
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