mercredi 11 novembre 2015

La chasse aux "B.S."

Pour utiliser l’expression maitresse de l’année, « l’austérité », ou sa quête, frappe encore.

Les chiffres sont choquant : 17 000 nouvelles demandes d’aide sociale par année. 60% des gens présentant cette demande ont moins de 29 ans et 40% sont issus de famille déjà prestataires cette aide de dernier recours.

La quête du gouvernement au pouvoir se traduit par des mesures strictes : ces nouveaux prestataires se verront dans l’obligation d’accepter un travail convenable ou de prendre une formation sous peine de voir leur allocation amputée… jusqu’à 50% pour les récidivistes récalcitrant. Leur collaboration rimera toutefois avec une possibilité de majoration de leur allocation.

Là où le bat blesse c’est que la détermination d’un emploi convenable se verra faite, semblerait-il, sans égard à la distance réelle entre le domicile et le lieu de travail de l’individu.

C’est avec grande ardeur que François David (de Québec solidaire) dénonce, cette façon de faire qu’elle qualifie de punitive en plus de porter atteinte à la dignité. Cette dénonciation est par ailleurs soutenue par Serge Petitclerc du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

Pour reprendre les propos du ministre Sam Hamad, «  le principe de ça, là, c’est que la société, le contribuable, le payeur de taxes québécois fait un effort envers les personnes, dans un geste de solidarité, de partage, de générosité. Puis ça, en passant, ça fait notre marque de commerce. De l’autre côté, on demande à l’autre personne de faire un effort pour elle ».

La quête aux coupures entame donc une chasse aux sorcières, les sorcières étant les bénéficiaires de l’aide sociale, communément appelés « les B.S. ». Soyons clairs, il s’agit là d’une appellation courante qui fait écho à la réelle stigmatisation dont sont victimes ces gens, prestataires d’une aide de dernier recours. La stigmatisation de ces gens et la généralisation quant à l’abus qu’ils font du système et quant à leur implication sociale est littéralement généralisée dans l’opinion populaire.

La chasse aux « B.S. », pour prendre l’expression des Loco Locass, est donc ouverte, l’ouverture officielle ayant été lancée par le ministre Hamad.

Plusieurs questions s’imposent. Est-ce la bonne solution? Quel sera l’impact? Cela stimulera-t-il réellement la prise en charge de soi et le désir de contribuer à la société et à sa propre vie?

Comment faire pour départir le bon grain de l'ivraie?  Soit, le demandeur au bout du rouleau ayant frappé à toutes les portes ou ayant épuisé ses ressources et nécessitant réellement une aide de dernier recours pour un temps, à l'instar du parasite social qui refuse de se prendre en charge et se complait dans sa misère? 

L’approche du gouvernement est critiquable, certes. Toutefois, chaque décision du gouvernement fait l’objet de critiques, plus ou moins sévères, des uns et des autres.

Néanmoins, le gouvernement ne répond-il pas à cette plainte sociale et commune envers le « B.S. »? 

Il est facile de s’insurger quant à cette nouvelle approche, cette nouvelle frappe. Je crois cependant que le premier pas à faire demeure le nôtre, quant à nos propres préjugés. Une fois cela fait et une fois cela assumé, les critiques tomberont… ou exploseront!


Marilynn Morin


http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201511/10/01-4919394-aide-sociale-quebec-serre-la-vis-aux-nouveaux-prestataires.php



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