Si
le remplacement d'un gouvernement majoritaire conservateur par le
parti libéral du Canada a suscité un vent d'espoir pour de nombreux
électeurs et électrices, il n'en demeure pas moins que ce
basculement ne fait pas pour autant l'unanimité. Parmi les projets
portés par le gouvernement de Trudeau qui suscitent davantage de
débats, je pense notamment à la question de la légalisation de la
marijuana.
La
légalisation de la marijuana est souvent abordée comme une option
progressiste, allant dans le sens de la réduction des méfaits et
permettant ultimement de diminuer la criminalité reliée au commerce
de substances illégales. Elle est aussi parfois présentée comme
une façon de renflouer les coffres gouvernementaux, arguant que
l'argent qui se retrouve dans et entre les mains des divers agents et
agentes de ce commerce pourrait plutôt être mis au service du bien
commun. Au tel cas, tout un nouveau système de commercialisation et
de distribution devra être mis en place afin de se conformer aux
diverses balises qui auront été établies par le gouvernement à
travers le processus de légalisation.
Mais
cette perspective est loin de réjouir l'ensemble de la population,
comme l'ont férocement démontré les 10 000 membres du groupe « Les
Hells Angels » à l'occasion d'une manifestation qui s'est
tenue le 22 octobre dernier au pied du parlement. Insurgés, les
portes-paroles qui ont été interviewés par le Journal de Mourréal
ont fait savoir leur mécontentement à l'idée que les bénéfices
du commerce de la marijuana leur soient retirés. Les plus
vulnérables, les pusher, risquent alors de devoir se retourner vers
des emplois précaires et mal rémunérés, du fait qu'ils ne
pourront plus occuper leur poste de revendeur.
On
pourrait nuancer une telle affirmation, en alléguant que les emplois
créés et gérés par le gouvernement sont de meilleure qualité –
tant en termes de conditions de travail que de salaire. La
légalisation des fonctions de revendeur pourrait alors se traduire
par une augmentation de la qualité de vie des pushers, de par leur
accès à un meilleur revenu et protection sociale.
Seulement,
qui nous dit que les actuels pushers pourront bel et bien continuer
dans le secteur de la vente de marijuana? C'est justement cette
crainte qui animait les membres présents lors de la manifestation.
De par le statut juridique de certains des revendeurs, mais aussi
certains signes visibles qu'ils portent (tatouages incriminants), il
y a fort à croire qu'une certaine partie des revendeurs seront
discriminés à l'embauche, et devront, effectivement aller « flipper
des burgers au McDo du coin? » (selon
les termes à Gino Ouellette). Selon le
porte-parole Jean-Roch Fournier (l'avocat
qui est présentement sur le dossier),
c'est 100 000 pushers qui risquent de se retrouver sans emplois.
Les
emplois de la fonction publique sont souvent un secteur plus propice
à l'activité syndicale. Cependant, on a pu observer dernièrement
que les syndicats légaux sont davantage axés sur la limitation des
dégâts plutôt qu'un maintien et une augmentation des acquis pour
leurs membres. Le groupe d'intérêt « Les Hells Angels »
saura-t-il défendre plus agressivement ses positions? C'est du moins
ce que laissait
entendre un
manifestant rapporté pour la presse : « Si Trudeau
cherche le trouble, et bien, il va le trouver ». Des alliances
sont par ailleurs en train d'être mises sur pied afin que les luttes
entre la « Mafia italienne » ainsi que d'autres groupes
de motards puissent se concerter. Chose certaine, si le gouvernement
Trudeau décide d'aller de l'avant avec son projet de légalisation
de la marijuana, les futurs fonctionnaires de l'industrie de la
maijuana ont tout a gagner à s'inspirer des luttes parasyndicales
(comme celles des Hells Anglels) lorsque ces travailleurs et
travailleuses rencontreront des frictions avec leur employeur.
Source: http://www.journaldemourreal.com/les-hells-angels-manifestent-contre-la-legalisation-du-cannabis/
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