mercredi 4 novembre 2015

Les plus vulnérables encore menacés

Si le remplacement d'un gouvernement majoritaire conservateur par le parti libéral du Canada a suscité un vent d'espoir pour de nombreux électeurs et électrices, il n'en demeure pas moins que ce basculement ne fait pas pour autant l'unanimité. Parmi les projets portés par le gouvernement de Trudeau qui suscitent davantage de débats, je pense notamment à la question de la légalisation de la marijuana.

La légalisation de la marijuana est souvent abordée comme une option progressiste, allant dans le sens de la réduction des méfaits et permettant ultimement de diminuer la criminalité reliée au commerce de substances illégales. Elle est aussi parfois présentée comme une façon de renflouer les coffres gouvernementaux, arguant que l'argent qui se retrouve dans et entre les mains des divers agents et agentes de ce commerce pourrait plutôt être mis au service du bien commun. Au tel cas, tout un nouveau système de commercialisation et de distribution devra être mis en place afin de se conformer aux diverses balises qui auront été établies par le gouvernement à travers le processus de légalisation.

Mais cette perspective est loin de réjouir l'ensemble de la population, comme l'ont férocement démontré les 10 000 membres du groupe « Les Hells Angels » à l'occasion d'une manifestation qui s'est tenue le 22 octobre dernier au pied du parlement. Insurgés, les portes-paroles qui ont été interviewés par le Journal de Mourréal ont fait savoir leur mécontentement à l'idée que les bénéfices du commerce de la marijuana leur soient retirés. Les plus vulnérables, les pusher, risquent alors de devoir se retourner vers des emplois précaires et mal rémunérés, du fait qu'ils ne pourront plus occuper leur poste de revendeur.

On pourrait nuancer une telle affirmation, en alléguant que les emplois créés et gérés par le gouvernement sont de meilleure qualité – tant en termes de conditions de travail que de salaire. La légalisation des fonctions de revendeur pourrait alors se traduire par une augmentation de la qualité de vie des pushers, de par leur accès à un meilleur revenu et protection sociale.

Seulement, qui nous dit que les actuels pushers pourront bel et bien continuer dans le secteur de la vente de marijuana? C'est justement cette crainte qui animait les membres présents lors de la manifestation. De par le statut juridique de certains des revendeurs, mais aussi certains signes visibles qu'ils portent (tatouages incriminants), il y a fort à croire qu'une certaine partie des revendeurs seront discriminés à l'embauche, et devront, effectivement aller « flipper des burgers au McDo du coin? » (selon les termes à Gino Ouellette). Selon le porte-parole Jean-Roch Fournier (l'avocat qui est présentement sur le dossier), c'est 100 000 pushers qui risquent de se retrouver sans emplois.


Les emplois de la fonction publique sont souvent un secteur plus propice à l'activité syndicale. Cependant, on a pu observer dernièrement que les syndicats légaux sont davantage axés sur la limitation des dégâts plutôt qu'un maintien et une augmentation des acquis pour leurs membres. Le groupe d'intérêt « Les Hells Angels » saura-t-il défendre plus agressivement ses positions? C'est du moins ce que laissait entendre un manifestant rapporté pour la presse : « Si Trudeau cherche le trouble, et bien, il va le trouver ». Des alliances sont par ailleurs en train d'être mises sur pied afin que les luttes entre la « Mafia italienne » ainsi que d'autres groupes de motards puissent se concerter. Chose certaine, si le gouvernement Trudeau décide d'aller de l'avant avec son projet de légalisation de la marijuana, les futurs fonctionnaires de l'industrie de la maijuana ont tout a gagner à s'inspirer des luttes parasyndicales (comme celles des Hells Anglels) lorsque ces travailleurs et travailleuses rencontreront des frictions avec leur employeur.

1 commentaire:

  1. Source: http://www.journaldemourreal.com/les-hells-angels-manifestent-contre-la-legalisation-du-cannabis/

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