Quel avenir pour les salariés avec le rapprochement de
FNAC/DARTY ?
Depuis le mois de septembre, nous
avions des échos d’un possible rachat de Darty par la Fnac. Darty étant un
géant dans la vente d’électroménager, de matériels informatiques et
audiovisuels et la Fnac étant spécialisée dans la distribution
de produits culturels et électroniques (livres, CD, DVD, appareils photo,
ordinateurs, etc.). Après un prix revu à la hausse, et une
revalorisation des titres boursiers de la Fnac pour les actionnaires de chez Darty,
c’est fait, Darty devient la propriété de la Fnac. Ces deux géants français de
la distribution s’assemblent donc pour devenir un « un grand groupe
français contre Amazon et le e-commerce ». Voilà ce qu’affirmait la
rubrique économie de BFM
Business. Ce qu’il faut retenir de ce rachat, c’est la fusion de deux
groupes complémentaires qui va devenir un géant de 7 milliards de chiffre
d’affaires, et ce, à la fois pour négocier de meilleures offres avec les
fournisseurs, mais également pour être plus fort face à la concurrence
extérieure. D’un autre côté, ce qu’on entend moins parler ce sont les possibles
répercussions de ce rachat sur les employés. On parle désormais de 27 000
employés et de 85 millions d’économies pour maintenir la compétitivité et la
croissance de l’entreprise. L’assemblage de deux entreprises implique forcément
des doublons en terme de postes et par conséquent des possibles licenciements
au vu des économies à réaliser. Les syndicats de la Fnac et de Darty parlent
successivement « d’inquiétude » et de « régression
sociale » malgré cette envie de progrès à l’échelle nationale et
internationale. De plus, FNAC et Darty sont également des « géants » en
matière de vente en ligne, même si à eux deux ils possèdent 376 magasins en
France métropolitaine. Ce rachat nous rappelle également celui qui a eu lieu il
n’y a pas si longtemps entre Vivendi et UBISOFT. En effet, Vivendi, multinationale
française spécialisée dans la communication et le divertissement est devenu l’actionnaire
principale de l’entreprise française de développement, d’édition et de
distribution de jeux vidéo.
Ces différents rachats,
principalement celui de Darty par la FNAC, nous laisse penser que malgré
l’inquiétude des syndicats à l’égard des salariés de ces deux enseignes, les
décisions semblent se prendre en haut lieu sans considérations voire même sans
consultations préalables auprès des syndicats. Cependant, au vu et au su de ce
que nous pouvons attendre de cette fusion et des importantes économies qui
seront faites pour maintenir l’équilibre du budget de la société, « le
sort » des employés ne semble pas la priorité première de l’entreprise.
Comment est-ce que les centrales syndicales peuvent-elles renforcer voire même
reconquérir une certaine crédibilité auprès des chefs d’entreprises pour
s’assurer du bien-être et des conditions de travail des salariés (syndiqués ou
non) ? D’autre part, comme le souligne l’article de Bergvall-Kåreborn et Howcroft (2014), la
tendance du tout numérique implique une nouvelle forme de travail reliée à ces
nouvelles technologies. Le cas des « mechnical turk » chez Amazon est
un exemple assez populaire puisqu’il caractérise parfaitement la nouvelle
flexploitation (Bourdieu (1998)) et la prévarication (Standing (2011), Castel (1998)) dont sont
acteurs et victimes les individus de notre société. Pourquoi la communication
semble de plus en plus rompue entre un chef d’entreprise intéressé par la
compétitivité et des salariés soucieux de garder l’emploi ? Un nouveau
discours doit-il être tenu chez les syndicats afin d’encourager la
communication entre employeurs et employés ? Ou, doit-on envisager la
création d’une coalition apolitique pour réinstaurer ce déficit de communication ?
Est-ce que l’avènement d’une société précarisée serait à la fois le résultat
d’une uberisation de l’économie et d’un écart idéologique de plus en plus
marqué entre employeur et employé dans un contexte de globalisation où la loi
du marché s’empare de notre sens commun ?
Bibliographie
Bergvall-Kåreborn, B., & Howcroft,
D. (2014). Amazon Mechanical Turk and the commodification of labour. New
Technology, Work and Employment, 29(3), 213-223. doi:10.1111/ntwe.12038
Bourdieu,
P. (1998). « La précarité est aujourd’hui partout », dans Contre-Feux. Paris.
Bourdieu, P. (1998). « L’essence du
néolibéralisme », Le Monde diplomatique, Paris.
Castells, M. (1998). « La
transformation du travail et de l'emploi. Travail en réseau, chômage et travail
flexible » dans La société en réseaux. L’ère de l’information, Fayard, Paris.
Standing, G. (2011). « The Precariat »,
dans The Precariat : The New Dangerous Class, Bloomsbury, New York.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire