lundi 23 novembre 2015

Quel avenir pour les salariés avec le rapprochement de FNAC/DARTY ?

Quel avenir pour les salariés avec le rapprochement de FNAC/DARTY ?

Depuis le mois de septembre, nous avions des échos d’un possible rachat de Darty par la Fnac. Darty étant un géant dans la vente d’électroménager, de matériels informatiques et audiovisuels et la Fnac étant spécialisée dans la distribution de produits culturels et électroniques (livres, CD, DVD, appareils photo, ordinateurs, etc.). Après un prix revu à la hausse, et une revalorisation des titres boursiers de la Fnac pour les actionnaires de chez Darty, c’est fait, Darty devient la propriété de la Fnac. Ces deux géants français de la distribution s’assemblent donc pour devenir un « un grand groupe français contre Amazon et le e-commerce ». Voilà ce qu’affirmait la rubrique économie de BFM Business. Ce qu’il faut retenir de ce rachat, c’est la fusion de deux groupes complémentaires qui va devenir un géant de 7 milliards de chiffre d’affaires, et ce, à la fois pour négocier de meilleures offres avec les fournisseurs, mais également pour être plus fort face à la concurrence extérieure. D’un autre côté, ce qu’on entend moins parler ce sont les possibles répercussions de ce rachat sur les employés. On parle désormais de 27 000 employés et de 85 millions d’économies pour maintenir la compétitivité et la croissance de l’entreprise. L’assemblage de deux entreprises implique forcément des doublons en terme de postes et par conséquent des possibles licenciements au vu des économies à réaliser. Les syndicats de la Fnac et de Darty parlent successivement « d’inquiétude » et de « régression sociale » malgré cette envie de progrès à l’échelle nationale et internationale. De plus, FNAC et Darty sont également des « géants » en matière de vente en ligne, même si à eux deux ils possèdent 376 magasins en France métropolitaine. Ce rachat nous rappelle également celui qui a eu lieu il n’y a pas si longtemps entre Vivendi et UBISOFT. En effet, Vivendi, multinationale française spécialisée dans la communication et le divertissement est devenu l’actionnaire principale de l’entreprise française de développement, d’édition et de distribution de jeux vidéo.


Ces différents rachats, principalement celui de Darty par la FNAC, nous laisse penser que malgré l’inquiétude des syndicats à l’égard des salariés de ces deux enseignes, les décisions semblent se prendre en haut lieu sans considérations voire même sans consultations préalables auprès des syndicats. Cependant, au vu et au su de ce que nous pouvons attendre de cette fusion et des importantes économies qui seront faites pour maintenir l’équilibre du budget de la société, « le sort » des employés ne semble pas la priorité première de l’entreprise. Comment est-ce que les centrales syndicales peuvent-elles renforcer voire même reconquérir une certaine crédibilité auprès des chefs d’entreprises pour s’assurer du bien-être et des conditions de travail des salariés (syndiqués ou non) ? D’autre part, comme le souligne l’article de Bergvall-Kåreborn et Howcroft (2014), la tendance du tout numérique implique une nouvelle forme de travail reliée à ces nouvelles technologies. Le cas des « mechnical turk » chez Amazon est un exemple assez populaire puisqu’il caractérise parfaitement la nouvelle flexploitation (Bourdieu (1998)) et la prévarication (Standing (2011), Castel (1998)) dont sont acteurs et victimes les individus de notre société. Pourquoi la communication semble de plus en plus rompue entre un chef d’entreprise intéressé par la compétitivité et des salariés soucieux de garder l’emploi ? Un nouveau discours doit-il être tenu chez les syndicats afin d’encourager la communication entre employeurs et employés ? Ou, doit-on envisager la création d’une coalition apolitique pour réinstaurer ce déficit de communication ? Est-ce que l’avènement d’une société précarisée serait à la fois le résultat d’une uberisation de l’économie et d’un écart idéologique de plus en plus marqué entre employeur et employé dans un contexte de globalisation où la loi du marché s’empare de notre sens commun ?

Bibliographie

Bergvall-Kåreborn, B., & Howcroft, D. (2014). Amazon Mechanical Turk and the commodification of labour. New Technology, Work and Employment, 29(3), 213-223. doi:10.1111/ntwe.12038
Bourdieu, P. (1998). « La précarité est aujourd’hui partout », dans Contre-Feux. Paris.

Bourdieu, P. (1998). « L’essence du néolibéralisme », Le Monde diplomatique, Paris.

Castells, M. (1998). « La transformation du travail et de l'emploi. Travail en réseau, chômage et travail flexible » dans La société en réseaux. L’ère de l’information, Fayard, Paris.


Standing, G. (2011). « The Precariat », dans The Precariat : The New Dangerous Class, Bloomsbury, New York.

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