Actuellement,
les nouvelles technologies propulsent l’économie, bouleversant
« les habitudes, les acquis, les rôles, les structures et le
rapport à autrui à la croissance ou à la propriété »(PORTIER,2015).
Cette vague sociétale est marquée par des formes organisationnelles
expérimentales, telles que Blablacar, Uberpop et Couchsurfing. Philippe Portier explique, dans son article sur
l’Économie collaborative : « La solution n’est pas
dans un excès de réglementation », les retombées du
phénomène en France.
Or,
cette révolution technologique à deux visages. Tout d’abord,
«l’économie
collaborative» mobilise
les plateformes internet afin de créer des communautés et réseaux
qui promeuvent un modèle de l’économie du partage sans but
lucratif. Il s’agit ici de mettre en commun les biens, outils et
espaces. Ainsi, la consommation, les modes de vie, la finance, la
production et la culture sont appréhendés dans une perspective
collaborative. Ensuite, «l’économie
uberisée» propulsée par
des entrepreneurs entraine l’émergence d’emplois non
traditionnels, possibles par le biais d’outils technologiques
jumelés à l’autoentrepreneuriat et concurrençant les modèles
traditionnels. Comparativement au premier, celui-ci propose une nouvelle dynamique professionnelle, opte pour la concurrence et illustre un
intérêt lucratif. Mais encore, le second modèle vise par la
technologie numérique à renverser le modèle traditionnel et à
instaurer un modèle d’entreprise horizontal et «dématérialisé».
De manière plus radicale, cette vision propose une émancipation par
la destruction des monopoles, tel que les banques par le biais de
Bitcoin.
Selon
Portier, ce qui est inquiétant est le risque de précarisation lié
à cette mise en concurrence, à l’émergence d’emploi précaire
et à une faible régulation. Or, l’économie uberisée renvoie à
une idéologie néolibérale. En effet, en France, les générations
Y et les suivantes, souhaitant sortir du cadre traditionnel,
s’orientent davantage vers cette perspective d’emploi précaire.
Dans cet ordre d’idée, l’auteur met en lumière la distinction
entre les philosophies des deux modèles, afin de ne pas faire
l’erreur de les amalgamer. À la suite de cette réflexion,
l’auteur se questionne sur le rôle des pouvoirs publics quant à
l’économie collaborative. Ainsi, il pointe la primordialité d’une
neutralité en fonction du plan fiscal afin d’éviter les dérives.
Mais encore, ce dernier s’interroge sur la manière d’éviter les effets d’aubaine. Faut’-il protéger « les
acteurs classiques grâce à un renforcement des réglementations
propres aux secteurs concernés »(PORTIER, 2015) ?
Finalement,
il propose de ne pas classifier à l’intérieur d’une définition
le secteur du numérique. Mais plutôt, il suggère l’instauration
de réglementation dynamique ouvrant la porte à l’innovation et
l’expérimentation technologiques. Cependant, l’organisation de
règles simples et efficaces est essentielle afin d’éviter les
effets d’aubaine, mais plus spécifiquement pour « distinguer
amortissements de charge et vraies recettes d’exploitation » (PORTIER, 2015).
Dans
cet article, le propos de Philippe Portier semble paradoxal. Ce
dernier s’inquiète des transformations des conditions de travail
issu de l’économie uberisé sans toutefois identifier clairement
des moyens pour les contrer. Or, il s’inquiète de l’essor de la
précarisation,
mais propose des barrières floues en fonction de cette mutation et termine en
soulignant l’impuissance des gouvernements. En effet, l’auteur met l'emphase sur la distinction entre l’économie collaboratrice, sans
finalité lucrative, et l’économie uberisée. Mais encore, l’intérêt
davantage orienté vers la préservation de l’innovation
technologique, ce dernier élucide les saines volontés de l’économie
collaboratrice et propose une réglementation souple, simple et
efficace. Par ailleurs, je me demande si ces deux perspectives ne
s’articuleraient pas plutôt ensemble. En réalité, est-ce que
l’économie uberisée ne pourrait pas se dissimuler sous le couvert
d’une économie collaborative ?
Dans
son propos, on retrouve un peu le modèle néo-libéral. En citant
Jean Cocteau pour désigner ce que le pouvoir public devrait
effectuer, quant aux secteurs de la technologie, il soulève un
sentiment d’impuissance : « puisque ces mystères me
dépassent, feignons d’en être l’organisateur » (PORTIER,2015).
Cependant, sous le couvert de l’impuissance, le laissez-faire se
profile. Tout comme le néo-libéralisme, celui-ci opte pour une
réglementation flexible favorisant l’essor de nouvelle
technologie, de l’expérimentation et de la concurrence.
Cependant,
cette philosophie engendre l’emploi précaire et la docilisation de
la main d’œuvre selon Bourdieu (NOISEUX,2015). En fait, sans réglementation
stricte, les individus deviennent leur propre maitre, ce qui génère
de la concurrence entre les travailleurs et entraine la destruction
des collectifs. « C’est cette nouvelle forme de concurrence,
semi-professionnelle, semi-régulée (voire pas),
ultra-technologique, en réseau… qui inquiète le plus
aujourd’hui. » (PORTIER,2015) De plus, en fonction de cette compétition,
les entreprises traditionnelles s’inquiètent de la durée de vie
de leurs entreprises. Mais encore, à l’intérieur de l’économie
urbérisée, il y a une augmentation du prolétariat actif et
particulièrement instruit, marquée par la précarité.
Effectivement, je doute que ces travailleurs atypiques soient
pleinement rémunérés et aient accès à l’assurance collective
privée, aux protections sociales ainsi qu’à la syndicalisation.
Enfin,
de plus en plus d’individus ne suivent plus l’alternative
classique d’un emploi typique, tel que le contrat de travail
subordonné et de longue durée. (Statistique Canada ,
2011)L’émergence, par exemple, de l’autoentrepreneuriat, reflète
une volonté d’exercer un travail affichant de meilleures
conditions. Or, de nouvelles portent s’ouvrent aux travailleurs,
leur permettant de quitter les carcans traditionnels. En effet, les
idées progressistes du secteur des technologies, illustré avec
l’économie uberisée, permettent l’abolition du rapport
hiérarchique traditionnel qui contrôle les interactions du monde du
travail. Ce qui est alarmant est que cette perspective d’emploi,
grandement marquée par le désir de liberté et de prospérité,
résulte et engendre souvent la précarisation. Dans cet ordre
d’idée, il faut règlementer strictement ce nouveau secteur afin
de sécuriser les travailleurs. Ainsi, le gouvernement doit exercer
son pouvoir et réguler ce secteur, en contrant, par exemple,
l’absence de sécurité liée au travail, notamment la sécurité
d’emploi et la sécurité lié à un salaire stable.
Claudia Provencher
Bibliographie
•
PORTIER,Philippe.
Économie collaborative : « La solution n’est pas dans
un excès de réglementation »,lemonde.fr,2015,En ligne au:<http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/03/economie-collaborative-la-solution-n-est-pas-dans-un-exces-de-reglementation_4802471_3232.html>,
consulté le 16 novembre 2015
•
Statistique
Canada, Enquête nationale auprès des ménages (ENM), 2011, En
ligne
au <http ://www.servicecanada.gc.ca/fra/qc/emploi_avenir/statistiques/2175.shtml>,
consulté le 14 novembre 2015
Aucun commentaire:
Publier un commentaire