été menacés de fermeture en mai dernier, et, depuis, le problème persiste et la précarisation des CEP se fait toujours sentir. En effet, jusqu’à la fin octobre, les CEP devaient «faire la preuve de sa viabilité financière»
(Alarie, 2015), mais ils semblent toujours être dans une impasse concernant les coupes à effectuer au sein des CEP. Ceux-ci ont essuyé un dur coup, car les compressions budgétaires faites dans la Commission scolaire de Montréal (CSDM) ont eu un impact direct sur le financement des CEP. Par exemple, dans un des CEP, c’est 150 000$ qui n’est plus versé de la part de la CSDM.
C’est une somme énorme pour de petits centres qui ont peine à vivre financièrement. De plus, douze millions seraient nécessaires pour les infrastructures qui ont vivement besoin d’être réparées (Alarie, 2015). Depuis que le gouvernement Couillard est au pouvoir, les mesures d’austérité se font de plus en plus imposantes envers les CEP et il n’y a pas vraiment de communication et de négociation entre le ministre Blais et les CEP ce qui rend la tâche difficile afin d’élaborer et concrétiser des objectifs communs qui pourraient sortir de l’impasse les CEP. Bref, ceux-ci sont présentement en mode survie et ils ont lancé une pétition intitulée «30 jours pour sauver les CEP» afin de faire valoir leurs revendications et dénoncer les compressions budgétaires qui menacent leur survie (Alarie,
2015).
C’est dans un contexte de remarchandisation où on constate l’effritement des protections sociales autrefois acquis notamment durant les Trente Glorieuses et l’effritement du secteur public au détriment du secteur privé
et marchand ainsi que l’imposition de nouvelles logiques néolibérales que les menaces de fermetures des CEP se font dorénavant grandement sentir. Pour mieux cerner l’enjeu entourant la survie des CEP, il semblerait
intéressant d’aborder les processus de rationalisation et d’individualisation qui sont des logiques issues du néolibéralisme. Comme on l’a bien constaté, les objectifs des CEP, axés sur l’accès à une éducation gratuite ou à bas coûts pour les plus démunis, sont compromis par l’imposition de compressions budgétaires de la part gouvernement. Mais à travers ces compressions budgétaires, le processus néolibéral de la rationalisation est à l’œuvre et tente de s’implanter dans les CEP. L’État est transcendé par ce processus et de ce fait il impose cette
nouvelle logique dans pratiquement tous les secteurs publics et privés touchant ainsi les CEP. L’État demande donc aux CEP de rationaliser leur fonctionnement en amenant des coupures afin de prouver leur viabilité
financière. Dès lors, les véritables objectifs des CEP sont menacés par la venue de nouveaux objectifs néolibérales axés sur la rationalisation. Face à l’austérité, les CEP doivent dorénavant se rationaliser et assurer leur survie, mais ils ont déjà peu d’argent et ils ne peuvent pas couper nulle part sans qu’il y ait des inconvénients majeurs au bon fonctionnement du CEP. Il y a donc là un décalage entre la volonté idéale du gouvernement
concernant la rationalisation des CEP et la réalité des capacités d’actions de ceux-ci.
Qui plus est, le processus d’individualisation s’est également immiscé à travers les CEP de sorte que ce n’est plus l’État qui est responsable de remettre sur pied le bon fonctionnement des CEP, mais cette responsabilité
s’opère plutôt de façon individuelle. C’est donc aux travailleurs et aux bénévoles des CEP de trouver des solutions et des alternatives afin d’assurer leur survie financière. Quand on dit qu’il faut «prouver sa viabilité financière», Il y a là une transposition de la responsabilisation de l’État à l’individu amenant ainsi un certain désengagement étatique ,concernant la survie des CEP. Bref, une forte pression pèse sur le dos des travailleurs et bénévoles afin d’assumer la responsabilité de leur survie financière, comme si c’était leur faute si les CEP se trouvaient dans cette
situation précaire !
Par Étienne Perreault-Mandeville
http://www.ledevoir.com/
de Étienne Perreault-Mandeville
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