Parmi
les nombreuses problématiques affligeant le monde du travail au XXIe
siècle, l’inversion de la pyramide des âges représente une réalité
démographique dont la gestion comporte des répercussions politiques
majeures. Alors que les baby-boomers
amorcent massivement leur retraite au sein de plusieurs pays occidentaux,
plusieurs commentateurs se questionnent quant à la capacité de la population
active à épancher les coûts associés aux soins de santé associés à une strate vulnérable
aux afflictions biologiques. La
situation revêt une gravité particulière au Japon où la proportion d’individus
âgés de 65 ans et plus atteint les 20%, un vieillissement qui ne montre pas de
signe de ralentissement. Outre les coûts
médicaux, le gouvernement nippon doit composer avec une pénurie de main-d’œuvre
pour assurer leur soin à domicile : le Business
Insider nous informe qu’un déficit d’un million de préposés-es est à
prévoir d’ici 2025.
Pour faire face à la crise anticipée,
on mise principalement sur l’utilisation toujours plus généralisée de robots
pour opérer des tâches simples comme le déplacement de personnes âgées entre le
lit, le fauteuil roulant et même le bain.
D’autres modèles seraient aptes à transporter des repas et à gérer la
luminosité des espaces de vie.
L’ensemble de la flotte robotique du soin devrait dépasser les 12 000
unités d’ici 2018, un développement intensifié par les besoins criants de la
population. Cette tendance représente
cependant un précédent inquiétant pour l’avenir des travailleurs et
travailleuses assignés-es aux services à la population, jusqu’à présent
épargnés des sévices de l’automatisation.
La chaleur humaine semblait nécessaire à la tenue de soins de santé et
un atout considérable lors de transactions commerciales avec le public. Alors que certains considéraient la quantité
titanesque de services à octroyer dans le tiers secteur comme planche de salut
face à la précarité fréquemment constatée au sein de la génération Y, le Japon y
étend la proportion d’emplois automatisés.
C’est là une nouvelle inquiétante pour plusieurs travailleurs et
travailleuses peu quailifiés-es, car avant même que puissent prendre racine les
tentatives de syndicalisation du milieu des services leurs tâches sont
déplacées et réduites vers la création et l’entretien d’automates. Il apparait
que l’asynchronisme détecté par Keynes dès 1930 entre la progression des moyens
techniques et la création de nouveaux débouchés d’emplois ne soit pas résolu,
car outre la pression démographique imminente, l’exportation de ces technologies
pourrait se révéler fatale pour des individus ne jouissant pas d’une économie
locale aussi favorable à l’employabilité.
Il convient de noter à cet effet que le taux de chômage chez les
Japonais et Japonaises de moins de 25 ans est actuellement à 5% selon les
données de l’OCDE, une anomalie pour cette tranche de la population souvent
victime de chômage cyclique entre deux emplois atypiques.
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