mercredi 25 novembre 2015

Êtes-vous satisfait de vos soins?

            Parmi les nombreuses problématiques affligeant le monde du travail au XXIe siècle, l’inversion de la pyramide des âges représente une réalité démographique dont la gestion comporte des répercussions politiques majeures.  Alors que les baby-boomers amorcent massivement leur retraite au sein de plusieurs pays occidentaux, plusieurs commentateurs se questionnent quant à la capacité de la population active à épancher les coûts associés aux soins de santé associés à une strate vulnérable aux afflictions biologiques.  La situation revêt une gravité particulière au Japon où la proportion d’individus âgés de 65 ans et plus atteint les 20%, un vieillissement qui ne montre pas de signe de ralentissement.  Outre les coûts médicaux, le gouvernement nippon doit composer avec une pénurie de main-d’œuvre pour assurer leur soin à domicile : le Business Insider nous informe qu’un déficit d’un million de préposés-es est à prévoir d’ici 2025. 


            Pour faire face à la crise anticipée, on mise principalement sur l’utilisation toujours plus généralisée de robots pour opérer des tâches simples comme le déplacement de personnes âgées entre le lit, le fauteuil roulant et même le bain.  D’autres modèles seraient aptes à transporter des repas et à gérer la luminosité des espaces de vie.  L’ensemble de la flotte robotique du soin devrait dépasser les 12 000 unités d’ici 2018, un développement intensifié par les besoins criants de la population.  Cette tendance représente cependant un précédent inquiétant pour l’avenir des travailleurs et travailleuses assignés-es aux services à la population, jusqu’à présent épargnés des sévices de l’automatisation.  La chaleur humaine semblait nécessaire à la tenue de soins de santé et un atout considérable lors de transactions commerciales avec le public.  Alors que certains considéraient la quantité titanesque de services à octroyer dans le tiers secteur comme planche de salut face à la précarité fréquemment constatée au sein de la génération Y, le Japon y étend la proportion d’emplois automatisés.  C’est là une nouvelle inquiétante pour plusieurs travailleurs et travailleuses peu quailifiés-es, car avant même que puissent prendre racine les tentatives de syndicalisation du milieu des services leurs tâches sont déplacées et réduites vers la création et l’entretien d’automates. Il apparait que l’asynchronisme détecté par Keynes dès 1930 entre la progression des moyens techniques et la création de nouveaux débouchés d’emplois ne soit pas résolu, car outre la pression démographique imminente, l’exportation de ces technologies pourrait se révéler fatale pour des individus ne jouissant pas d’une économie locale aussi favorable à l’employabilité.  Il convient de noter à cet effet que le taux de chômage chez les Japonais et Japonaises de moins de 25 ans est actuellement à 5% selon les données de l’OCDE, une anomalie pour cette tranche de la population souvent victime de chômage cyclique entre deux emplois atypiques.     

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