L’article
Recul inacceptable, rédigé par Réginald Harvey,
est paru le 21 novembre 2015 dans le journal Le Devoir. Dans ce texte, l’auteur interview Serge Morin,
directeur adjoint du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), et pointe
du doigt la situation des travailleurs du secteur publique suite aux récentes
mesures de rigueur budgétaire mise en place par le gouvernement Couillard.
Notamment, Morin note que le salaire des employés du secteur public, ne suivant
ni l’augmentation du cout de la vie, ni l’augmentation du salaire des
travailleurs du secteur privé, nécessite des ajustements de façon à préserver
le secteur public en entier. En effet, l’interviewé note que des conditions de
travail insuffisantes n’auront pour effets que de causer une baisse de
performance au sein du secteur public, notamment causé par des démissions, mais
engendrera aussi des méfaits sur le plan économique. Par exemple, Morin note
que les travailleurs de ce secteur dépensent et consomment moins en raison de
leur salaire plus bas, ce qui, par ricochet, affecte l’industrie de la
consommation sur lequel notre système capitaliste repose en partie. Au final,
ces collectifs de travailleurs sont en négociation avec le gouvernement depuis
le début de l’été 2015, sans aucun avancement, dit Morin.
Pour
plusieurs d’entre nous, il serait difficile de comprendre pourquoi un
gouvernement laisserait de côté l’entièreté de son secteur public. Cependant,
c’est en se fiant au contexte économique que nous sommes en mesure de saisir
les récents bousculements ayant eu lieu dans ce secteur. En effet, depuis
l’arrivée des idéologies néo-libérales au Québec au tournant des années 1980, le
rôle de l’État s’est vu entièrement changé. En effet, si lors des trente
glorieuses l’État investissait massivement dans le secteur public et cherchait à encadrer le marché du travail,
c’est dans l’ère néo-libérale que nous retournons au laisser-faire. Ainsi, ces
idéologies ne privilégient qu’un seul type d’intervention de l’État :
celles ayant pour but de « combattre les rigidités du marché du
travail » (Brunelle, 2003). De ce fait, nous assistons à la
flexibilisation du marché du travail, phénomène marqué par la hausse du nombre
de travailleurs atypiques. Notamment, les travailleurs atypiques sont des temps
partiels, des travailleurs autonomes, ou des individus cumulant des emplois. Cependant,
on associe souvent la notion de flexibilisation à celle de précarité, puisque
celles-ci sont marquées par des salaires moindres ainsi qu’un accès restreint à
la représentation syndicale et aux régimes de protections sociales (Noiseux,
2014). Par contre, ces changements affectent-ils les employés du secteur
public? Ceux-ci ne sont-ils pas blindés par les protections sociales et les
syndicats?
Malheureusement,
la réponse est non, telle qu’évoqué par Serge
Morin. En effet, celui-ci note que 40% des travailleurs du secteur public sont
« des remplaçants, des temporaires ou des
occasionnels, qui n’ont pas accès à [la sécurité d’emploi] ». Ainsi, nous constatons que les logiques
néo-libérales de flexibilisation ont réussi à transformer un secteur autrefois
reconnu pour sa sécurité d’emploi et ses avantages sociaux en secteur marqué
par la précarité. Cependant, certains auteurs voient dans cette précarité un
gain pour l’État. Notamment, Barbara Ehrenreich (2004) illustre un cercle
vicieux dans lequel les coupures dans les services publiques sont souvent
accompagnées d’investissement dans les mesures de répression telles que la
police et la prison. Ainsi, les couts de ces investissements deviennent eux-mêmes une
justification pour ne pas restaurer les services publics. Par exemple, nous
avons su observer ce phénomène au Québec à partir des années 2010. En effet,
alors que les gouvernements libéraux se sont mis à couper dans divers
programmes sociaux, notamment l’éducation, on assistait au même moment à une
hausse du budget du SPVM[1]. Ici,
de sérieuses questions sont à soulever quant à nos priorités sociétales et
collectives. Notamment, sommes-nous en train d’ériger un état policier, ou
l’éducation serait moins valorisé que la sécurité?
Lien vers l'article: http://www.ledevoir.com/economie/emploi/455580/scfp-recul-inacceptable
Posté par James Perazzelli.
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