samedi 7 décembre 2013

Stress au travail et suicide au travail: grands fléaux des temps modernes.



Stress au travail et suicide au travail: grands fléaux des temps modernes.
   
On remarque souvent dans les journaux, comme par exemple le journal ''24 heures'' en prenant le métro le matin, une rubrique concernant le stress au travail. La question ''Comment gérer le stress au travail ?'' est très courante dans les articles des journaux et sites web. Maintes fois, nombreux psychologues, intervenants en santé mentale ainsi que psychiatres nous proposent des solutions et des méthodes pour gérer son stress au travail. On parle même de ''symptômes du stress au travail'' selon une chaire produite par l’université Laval à Québec. Le stress au travail serait-il devenu une nouvelle maladie du 21e siècle?  Pourrions-nous définir le stress au travail non seulement comme une nouvelle maladie du 21e siècle, mais aussi en tant que ''nouvelle maladie mortelle'', compte tenu des nombreux suicides au travail ? 




En France, le suicide au travail fait régulièrement la une des journaux. Chaque jour, une personne se suicide à cause de son travail. Un cas vraiment impressionnant de suicide a eu lieu à France Télécom en 2010 : cinq  salariés se sont suicidés en dehors de leur lieu de travail, dans un intervalle de quinze  jours seulement ! On a recensé 25 suicides à France Telecom en seulement un an et demi ! Des chiffres qui devraient alerter l’Organisation mondiale de la Santé !

Le suicide au travail est cependant un phénomène nouveau: il y a vingt ans, les cas de suicides au travail étaient extrêmement rares. Ce phénomène est en autre favorisé par l’émergence d’un autre phénomène des temps modernes : vous l’aurez deviné, le méchant coupable est bien le système capitaliste. Pourquoi accuser le système capitaliste ? Et bien parce la majorité des facteurs ou cause de suicide au travail sont lié au système capitalisme. Parmi celles-ci on peut citer l’isolement, la déshumanisation du travail, le stress au travail et la souffrance au travail… 
La course au profit qu’impose le système capitaliste a modifié largement les modes d’organisation au travail et du management. Sur ce point, Annie Thébaud-Mony, sociologue française et directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, explique dans son ouvrage ‘’Travailler peut nuire gravement à votre santé’’ l'enjeu de cette transformation :
« En quelques années, l’obligation de travail s’est transformée en obligation de résultat. Les salariés sont soumis à des contraintes de plus en plus fortes, surtout en terme d’objectifs, et sont enjoints de s’investir toujours davantage dans l’entreprise. Chaque carrière faisant l’objet d’un traitement individualisé, chacun se retrouve seul, sans beaucoup d’espace pour négocier, face à des exigences sans cesse renforcées. » 

Certains diront ''c'est en France, ici on est au Québec!''. Et bien, parlons de la situation au Québec. La belle province, où le capitalisme est bien présent, n'est pas épargnée de la transformation de l'organisation du travail. D’après une enquête de statistique Canada ''Stress au travail et santé mentale chez les adultes québécois'', le travail a connu au cours des dernières décennies des transformations similaires qu’en France tant dans son contenu que dans son organisation et dans les conditions d’emploi :
''La croissance du secteur des services et le développement de nouvelles technologies ont occasionné de nouvelles contraintes physiques et cognitives, liées notamment à l’informatisation et à l’automatisation, modifiant le contenu du travail.''

De plus, toujours selon l’enquête de Statistique Canada, plus le nombre d’heures travaillées par semaine est important, plus le stress tend à être élevé. Selon les résultats de l’enquête, 46% des personnes ont répondu  à la question ''trouvez vous vos journées de travail stressantes ?'' par l’affirmative…
Pour en revenir avec le suicide, d’après un article de  René Charest, secrétaire général du Conseil central du Montréal Métropolitain (CSN) publié en 2010  ''Suicide au travail, organisation du travail et néolibéralisme'' on peut constaté les dommages que cause la souffrance au travail :
''Jusqu‘à une pé­riode ré­cente, se dé­ployaient des stra­té­gies de dé­fense spé­ci­fiques éla­bo­rées col­lec­ti­ve­ment pour lutter contre la souf­france. Lorsque le tra­vailleur souf­frait à un point maximal, les col­lègues com­men­Ã§aient à s’en rendre compte et l’attention et la so­li­da­rité pre­naient le dessus. Le sui­cide est donc le signe d’un dys­fonc­tion­ne­ment dans l’organisation du tra­vail. Elle ré­sulte prin­ci­pa­le­ment de l’expérience atroce du si­lence des autres, de l’abandon par les autres, du refus de té­moi­gner des autres. On peut poser l’hypothèse que l’organisation du tra­vail de­vient folle en quelque sorte. Fait à re­mar­quer, dans les lieux de tra­vail où il y a des « sui­cides de masse », il y a chan­ge­ment dans la ges­tion de l’entreprise (tous les cadres changent). On change to­ta­le­ment les règles de ges­tion. Si le tra­vailleur était ha­bitué à tra­vailler d’une cer­taine ma­nière, on le change de ser­vice, de lieu de tra­vail. On le sur­veille da­van­tage, on ef­fectue da­van­tage de rap­ports sta­tis­tiques, on chro­no­mètre son travail.''

Il serait temps de redéfinir les modes d’organisation au travail et alléger le poids du système capitaliste ou néolibéral qui règne dans les entreprises. Par défaut de changement, le stress au travail et le suicide qui peut en découler deviendront des enjeux importants de la société moderne. Sinon quel serait le remède à ''la nouvelle maladie des temps modernes'' que représente le stress au travail ?  

Djamila Djaffri

Sources :


Annie Thébaud-Mony, ‘’Travailler peut nuire gravement à votre santé’’ , 2008

‘’Stress au travail et santé mentale chez les adultes québécois'', Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, Statistiques Canada, 2008

René Charest, ‘’Suicide au travail, organisation du travail et néolibéralisme’’, 2010


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