En
novembre 2013 onze des vingt-six succursales que compte la chaîne de librairies
Renaud-Bray, sont rentrées en conflit de travail menant à la grève. Le mouvement
de grève et de restriction d’accès aux succursales a débuté le premier
novembre. Le conflit a pris place lors
des négociations pour une nouvelle convention collective car l’actuelle était
arrivée à échéance depuis le premier décembre 2012. Dans le cadre de ce conflit
trois points majeurs étaient exigés par les travailleurs ;
1)
La
reconnaissance du métier de libraire
2)
Des
horaires plus stables et garantissant un nombre d’heures minimum pour les
employés à temps partiel
3)
Ainsi
que des augmentations de salaire représentatives du coût de la vie.
Une fois le conflit
résolu, les 250 employés de la chaîne ont pu bénéficier d’une entente qui
répond à leurs trois principales demandes.
En premier lieu, ils ont obtenu le droit de porter le titre de libraire
en échange d’une certification qui sera donnée par Emploi Québec. Pour ce
faire, l’employeur s’est engagé à encadrer les employés intéressés par ce poste
qui leur donne le droit à gagner 18 cents de plus au taux horaire. De plus, les horaires des employés seront
plus stables et ils se verront garantir un minimum de quatorze heures semaine.
Finalement, les salaires seront bonifiés de 0.6%, chiffre qui est alloué à
l’indice de la consommation.
Dans
le cadre du cours nous avons vu que les premières actions syndicales ont eu
lieu pour la protection du métier et non en lien nécessairement avec un conflit
monétaire pour but absolu. Nous savons tous que le Taylorisme et le Fordisme
sont venus ‘aliéner’ la définition de ce qu’est un métier spécifique. À titre
d’exemple; un employé est passé de constructeur de voitures à poseur de vices
aidant à soutenir une partie de la voiture. De plus avec le capitalisme et ses
nombreuses façons de créer et soutenir
les ‘money-maker’ de ce monde, il est presque irréaliste de penser qu’il y
a encore des gens qui se battent pour
conserver leur titre relié à leur métier
en 2013. Ce fût pourtant le cas pour les libraires de Renaud-Bray que
l’employeur a voulu suffoquer sous l’étiquette multifonctionnelle du titre de
‘commis’.
Vous me direz peut-être qu’une chaîne si riche n’a que
faire des titres et de ce qu’ils représentent, qu’un titre peut bien en
remplacer un autre mais, est-ce que lorsque vous entrez dans une librairie,
vous ne cous attendez pas à pouvoir demander au ‘commis’ en question de vous
conseilleur un bon roman actuel dans un catégorie spécifique ? Et si
celui-ci vous répondait ; ‘je ne suis là que pour placer des
livres…’ ? Cette bataille a été appuyée par la population car le livre, la
lecture en soi, est la représentation du savoir, de la culture, de notre de la
conservation et de la transmission de l’histoire et de ce qu’elle représente. Que
reste-t-il à une société si on modifie l’identité de ses repères ? Et l’individu
lui ? Qu’est-ce qu’on en fait ?
Son identité, son désir de persévérance et de reconnaissance ?
Pensez-vous qu’il est vraiment question d’un maigre 18 cents au taux
horaire ?
Il
n’est un secret pour personne que les sociétés en Amérique du nord sont aux
prises avec un nouveau phénomène qu’on traduirait comme celui des ‘travailleurs
pauvres’. Les travailleurs sans qualification sont aux prises avec des emplois
qui ne leur permettent pas de gagner leur vie de façon convenable. Ils doivent
par conséquent jumeler deux à trois emplois pour pouvoir boucler les fins de mois. Cette expérience a
été vécue et rédigée par la journaliste Barbara Ehreinreich qui s’est prêtée au
jeu de vivre comme une ‘worker-poor’. Non seulement nous ne sommes pas étonnés
d’apprendre que des gens qui travaillent à temps complet sont aux prises avec
une réelle situation de précarité du travail en devant se plier à des horaires
variables qui ne leur permettent aucune stabilité dans leur vie privée et
encore moins financière. Ce fut aussi le cas des employés de Renaud-Bray qui
n’avaient le droit à aucune constance dans leurs quarts de travail ni a un
minimum d’heures alloués par semaine et ce en possédant plus de qualification
que les travailleurs ‘non-qualifiés’ que la journaliste suivi lors de son
expérience.
Le
travail atypique qui est défini comme « le travail à temps partiel, le travail temporaire, le
travail autonome, le cumul d’emplois,
ainsi que ce que nous appelons le travail
invisible” [1] est en forte croissance dans nos sociétés.
Les emplois à temps partiel sont en grande expansion dans les entreprises car,
même si l’employé fait trente heures semaine il n’a pas le droit au statut de
temps plein et encore moins aux assurances et bénéfices que celui-ci lui
procure. «La part du travail atypique dans l’emploi total a doublé, passant de 16.7 % à 37,2 % de l’emploi total entre 1976 et 2009. »[2]
De plus, cette forme d’emplois est en train de se tailler une place dans le
secteur publique, cet espace que nous croyions jusqu’à ce jour réservé à la
classe moyenne qui est dotée d’une certaine éducation. La remplaçabilité des
choses atteint des niveaux plus larges
et amène donc la société à percevoir les gens comme des objets qu’on peut
tasser ou simplement remplacer.
Il en vient à nous en tant que citoyens de faire
comme ont fait les employés de la chaine Renaud-Bray et de négocier notre
avenir. Je n’incite pas à des rapports de force aux premiers aguets mais certes
à prendre conscience des difficultés qui affectent la société québécoise, de
s’y positionner et de se demander sérieusement quel est l’avenir qu’on désire
pour nous et nos enfants et ce qu’on peut faire comme citoyen pour y parvenir.
Ana Gonzalez
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2013/11/21/010-renaud-bray-entente-fin-greve.shtml
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