vendredi 6 décembre 2013

Soins à domicile - Le virage proposé exigera plus de ressources


            Ce n’est pas un secret de dire que les personnes âgées constituent le groupe d’âge dont la croissance demeure la plus rapide au Québec, dû à de multiples facteurs, entres autres, le fait que les femmes font de moins en moins d’enfants et que l’espérance de vie ne cesse d’augmenter. Selon la présidente de L’APTS, Caroline Dubé :
 « En 2031, on estime que 200 000 personnes nécessiteront des soins de longue durée en établissement, tandis que de 90 000 à 292 000 autres devront recevoir des soins à domicile, selon l’Institut national de santé publique du Québec. Dans ce contexte, le gouvernement a indiqué sa volonté de prendre un virage vers une amélioration des soins à domicile, en publiant le printemps dernier son livre blanc, L’autonomie pour tous.» (Rodgers, 2013)
            Il demeure donc favorable pour le Gouvernement de mettre son argent dans les centres pour personnes âgées, soit les résidences et les CHSLD. Les personnes âgées vont de moins en moins s’installer chez leurs familles de peur de les déranger et préfèrent rester chez eux ou bien ailleurs dans un centre qui leur est destiné. Par rapport à cela, Carole Dubé, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) dit que :
« Pour nous, c’est un virage positif. L’amélioration des soins à domicile fait en sorte que les gens seront moins hospitalisés. D’une part, c’est ce qu’ils souhaitent en majorité : demeurer à la maison le plus longtemps possible. D’autre part, cela représente une économie pour le réseau de la santé, car l’hospitalisation coûte très cher.» (Rodgers, 2013)
           
Par contre, il faut trouver un équilibre budgétaire pour les soins à domicile consacrés aux personnes âgées et pour l’urgence qui demande du personnel à temps pleins dû aux multiples besoins de la population : « Il ne faudrait pas que les établissements soient obligés d’utiliser des budgets affectés à d’autres services pour améliorer les soins à domicile». L’urgence demande toujours un surplus de personnels médicaux qui n’est pas toujours disponibles, puisqu’ils sont débordés par les multiples besoins de la population et la charge de travail présente.

            « Le traité de sociologie du travail», de Friedman, fait part de différentes manières de voir le travail. D’une part, l’auteur parle du travail comme: « Un commun dénominateur et une condition de toute vie humaine en société». Dans ce cas-ci, il tendrait à effacer les autres aspects de la vie prenant toute la place. Dans la fonction publique, les professionnels sont poussées à travailler dans des conditions défavorables où les risques de blessures sont nettement supérieurs. Ils se donnent aux meilleurs de leur capacité, et à la moindre petite erreur, ils n’ont plus aucun crédit. Ils sont perçus comme des machines et c’est comme s’ils n’avaient aucune vie à l’extérieur du travail. La présidente dénonce le mode de gestion s’apparentant au taylorisme qui ne peut pas avoir cours sans dommage en santé. Concevoir le travailleur comme une machine et chercher le «one best way», la manière la plus rapide et efficace de poser les gestes, est impossible dans le milieu de la santé qui demande une approche plus personnalisée. Elle renvoie directement au mode de gestion fordiste fonctionnant par chaîne de montage décrivant comment, dans cet univers professionnel, il est impossible de fonctionne de la même manière :
« Donner des soins de santé, ce n’est pas travaillé [sic] à une chaine de montage. Quand on intervient auprès d’un patient, une foule de situations peuvent faire en sorte que l’intervention soit plus longue. On ne peut pas imposer aux intervenants de minuter ce qu’ils font. En fin de compte, cela n’améliore pas les services, car, si une visite ne dure que quinze minutes, peut-être que l’intervenant sera obligé d’y retourner ou que le patient devra se rendre à l’urgence ». (Rodgers, 2013)
            À force d’avoir ce stress constant, le personnel médical a de plus en plus envie de quitter ce milieu défavorable pour leur propre santé. Leur stress et les heures supplémentaires exigées par le personnel est assez pour sortir de cette situation néfaste pour eux-même.  La fatigue rentre en ligne de compte et c’est une chose que les professionnels de la santé ne peuvent pas se permettent de laisser aller, car cela peut engendrer des risques d’erreurs au niveau de la médicalisation. Le travail les fins de semaines et les soirs et le risques de blessures dû au manque d’heures de sommeil poussent ainsi les professionnels de la santé à se diriger vers le milieu privé qui semble bien plus profitable et alléchant selon la présidente de l’APTS (Dubé, 2013).  Dans ce secteur, tu as plus de choix et de vie concernant les conditions de travail. Le personnel peut alors choisir ses quarts de travail en fonction de ce qui l’intéresse dans sa vie. Le secteur public devient moins alléchant et le personnel médical désire de plus en plus se diriger vers le privé pour avoir une meilleure qualité de vie et faire son travail sans être « chronométré» :
« Pour nous, une fuite d’expertise du réseau public vers le réseau privé est inquiétante. Le secteur privé offre des conditions de travail plus alléchantes, pas toujours sur le plan du salaire, mais sur le plan du contexte de travail» (Rodgers, 2013). 
            Parallèlement au secteur de la santé, le film vu en classe : « La souffrance au travail», démontre bien comment d’autres types d’employés sont fatigués et leurs charges de travail demeure exigeante c’est ainsi qu’ils tombent en arrêt de travail. Les employés de la santé n’en peuvent tout simplement plus des conditions dégradantes et de répondre aux multiples besoins de la santé ainsi qu’ aux nombreuses plaintes effectuées contre leur travail alors qu’en fait elles ne veulent qu’aider les autres personnes :
« Les taux d’absentéisme et de maladie du personnel de la santé sont élevés. Quand des personnes formées pour soigner constatent qu’elles ne sont pas en mesure de donner les services voulus, parce qu’elles n’ont pas le temps ou les ressources pour le faire et qu’elles sont obligées de prioriser et de gérer les urgences, cela devient difficile à accepter tant sur le plan personnel que professionnel. » (Rodgers, 2013)
             Ces personnes âgées doivent bien souvent être rassurées lorsqu’elles sont malades et bien souvent elles optent pour l’urgence afin d’être certaines de leur diagnostique. Elles sont prêtes à attendre des heures de peur de manquer un médecin, mais en fin de compte elles n’aident en aucun cas les conditions dans les urgences. C’est donc le personnel présent qui répond aux questions des personnes âgées et parfois n’ont pas les réponses à leurs questions ou doivent simplement les mettent sur des listes de rappels afin de promouvoir leur soin. Cela procurent aussi un certain stress de la part des travailleurs de la santé qui ne peuvent plus gérer tous les besoins demandés par les personnes âgées. À force d’être dans ces conditions de travail défavorables, ils en viennent malades et manque des journées de travail ce qui ralentit ainsi le système de la santé. « Car, si on examine la situation actuelle, on constate que nos gens sont déjà à bout de souffle. Ces dernières années, on leur a demandé d’en faire plus avec les mêmes ressources, et parfois même avec moins » (Rodgers, 2013), ajoute Dubé.


Lawrence Thibault


Bibliographie



Rodgers, C., 2013.« Soins à domicile- le virage proposé exigera plus de ressources», Le devoir., Santé.

Friedman, G.1962.« L’objet de la sociologie du travail», dans traité de sociologie du travail, sous la direction de Naville et Friedmann, Armand Colin, Paris.Pp 11-34

Film :« La souffrance au travail»


Taylor, F. W. 1957 [1909]. La direction scientifique des entreprises, Dunond, Paris.

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