dimanche 15 décembre 2013

Postes Canada en route vers la privatisation ?

La société fédérale de Postes Canada met en œuvre un plan d’actions majeur dans le but de maintenir son efficience puisque celle-ci prévoit, dans les prochaines cinq années, une diminution importante de ses bénéfices entrainant d’importantes difficultés financières.

Ce plan d’action consiste, d’une part, à éliminer progressivement la livraison du courrier à domicile forçant, de cette manière, les citoyens à se déplacer vers des boites postales communautaires. Cette situation affectera toutes les personnes âgées et/ou handicapées comme le souligne le président du syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) Denis Lemelin. Cette mesure peut forcer les gens à délaisser Postes Canada pour faire appel aux services privés (Fedex).

Ensuite, il y aura une importante hausse des prix des timbres passant de 0,63 $ à 0,85 $ pour les rouleaux ou pour les carnets de timbres, tandis que si le client achète à l’unité, celui-ci devra débourser 1,00 $ par timbres. De plus, l’envoie de courrier à l’extérieur du pays, sans oublier les courriers pesant plus de 30 grammes, verront leur tarif augmenté conformément à la nouvelle tarification établie.

Enfin, la société fédérale suppose qu’un grand nombre d’employés (15 000) prendront leur retraite ou quitteront l’entreprise. Il est important de mettre l’emphase sur le terme « supposer » puisqu’il n’y a aucune certitude que les employés se trouvent un autre emploi ou que ceux-ci veuillent changer de métier. En ce sens, ces travailleurs seront mis à la porte et entreront au chômage ou seront sur le social. Donc, leur tentative d’augmenter leurs bénéfices engendrera une perte à l’état sans compter de la détérioration du niveau de vie des personnes concernées.  

Par ailleurs, la société de la Couronne stipule que durant la moitié de l’année 2014 sera établie la première phase du plan d’action. La décision de Postes Canada, afin de rester rentable, est appuyée par l’état tel qu’expliqué par Keynes en ce qui a trait à son idéologie que l’état doit intervenir pour gérer l’économie du pays en faisant de l’emploi une variable indépendante qui pourra être manipulée politiquement (Noiseux, 2013, cours 4).

La ministre, Lisa Raitt, responsable de Postes Canada a donné son accord pour cette initiative, car selon elle « dans le monde numérique d’aujourd’hui, les Canadiens envoient beaucoup moins de courrier qu’auparavant » (Arsenault & Olivier, 2013) faisant ainsi réagir le syndicat et les partis d’opposition. Ces derniers, quant à eux, craignent la privatisation des services publics.

La STTP propose à la société des solutions de rechange afin d’améliorer la situation financière telle que l’implantation de services bancaires dans les bureaux de poste (Arsenault et al., 2013). Tel que mentionné par Pierre Bourdieu, l’état devrait normalement accepter un terrain d’entente avec le syndicat afin que les deux partis collaborent en faveur de l’intérêt public (Pierre Bourdieu, 1998, p. 15).

L’adoption de ce plan d’action engendrera donc l’extension de la misère et l’accroissement des différences de revenu (Pierre Bourdieu, 1998). C’est pourquoi le président du syndicat invite les citoyens à se mobiliser afin d’empêcher la privatisation d’un service public aussi important. Dans cet ordre d’idées, Bourdieu explique qu’en privatisant un service public, ceci engendrera une baisse des dépenses publiques et sociales (Bourdieu, 1998, p.13).



Par Simona Erika Gavrila




Sources :
Bourdieu Pierre, Mars 1998. « L’essence du néolibéralisme », Le Monde diplomatique, Paris. (en ligne).

1 commentaire:

  1. Tel que l'indique le titre de l'article, ce type de décisions gouvernementales suit une ligne idéologique bien précise, celle du néo-libéralisme. L'objectif des gouvernements, de la droite au centre gauche, depuis plusieurs années (le remboursement de la dette à tout pris) constitue auprès d'une vaste partie de la population une justification suffisante pour ce type de mesure. En effet, un pourcentage important de la population trouve normale, désirable ou nécessaire toute-s mesure-s politique-s qui permet de couper dans les dépenses et dans les services afin que les sommes épargnées soient directement destinées au remboursement de cette dette qui leur paraît prioritaire et insoutenable. Si preuve il vous faut, il ne suffit que d'analyser les discours sur lesquelles les derniers gouvernements occidentaux (le Canada et le Québec sont de bons exemples à cet égard) ont été élus.

    Le principe d'utilisateurs-payeurs vers lequel nous approchons de plus en plus devrait nous faire craindre une situation inquiétante. En effet, les services publics ont pour rôle d'offrir un niveau de vie relativement semblable entre les individus des différents milieux et des différentes classes sociales. Toutefois, le modèle de l'utilisateur-payeur, lui, permettra aux riches de disposer de bons services et limitera les gens de moindre revenu à des services de qualité inférieure voir simplement à l'absence de service. Ce système crée un cercle vicieux chez les gens à faible revenu duquel il est pratiquement impossible de se défaire. Un exemple patent sur lequel je ne vais pas m'étayer est celui du système de santé américain à multiples vitesses. La valeur intrinsèque de l'humanité tend à disparaître au sein de ses systèmes inégalitaires qui justifient de par leurs modalités de moins bons soins aux gens qui possèdent moins de moyens.

    En dernier lieu, j'aimerais ici faire le lien avec l'article sur les ouvertures du marché du travail pour la génération Y. Si l'on suit la logique des gouvernements actuels, un nombre élevé de postes sera laissé vacant ou simplement fermé au sein des emplois des services publics et parapublics. Considérant que les gouvernements (gouvernement du Québec et du Canada) sont probablement le principal employeur au Québec, nous nous privons donc collectivement d'emplois bien rémunérés et avec de bons avantages sociaux. En fait c'est qu'il faut se poser la question à savoir jusqu'où se poursuivra le projet de réduction de l'État? Les gens seront donc confinés à se trouver un emploi dans le secteur privé qui dans la plupart des cas est soumis à une concurrence sauvage et/ou les employeurs possèdent de bons salaires et de bonnes conditions, alors que les employés, sur qui repose cette concurrence, voient leurs conditions se détériorer sans cesse. Cette situation accentuera encore plus les inégalités engendrées par l'absence de services publics pour tous et accroîtra l'écart de richesse qui se creuse au sein de tous les pays occidentaux et qui favorise largement le 10, voir le 1 et encore plus le 0.01% de la population.

    En conclusion, je ne cherche pas à défendre aveuglément le système dans lequel nous vivons actuellement. Je vois déjà les critiques dire que nous sommes dans un système corrompu, inefficace, et que l'on paie déjà trop cher de taxes, d'impôts, de frais d'électricité...Bien! À ceux et celles-ci j'aimerais demander...nous dirigeons nous vers une un avenir meilleur en empruntant cette direction?

    Maxime

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