Cet article met très bien
en valeur le travail précaire des travailleurs domestiques. En lisant cet article, on peut voir
à quel point le travail domestique est encore un sujet à débat. Ce débat se
situe, entres autres, autour de la reconnaissance de ce statut de travail en
termes de « vrai travail », même s’il est rémunéré. Dans le cas de
cet article, les 25 000 personnes dont il est question, exercent un emploi domestique rémunéré. Il
peut s’agir « de femmes de ménage, de nourrices, de gens qui s'occupent
d'aînés à domicile ou encore d'animaux domestiques » (La Presse
Canadienne, 2013). Cet article a été écrit dans le cadre de la Coalition «la
CSST pour les travailleuses et travailleurs domestiques» qui revendique le
droit d’accès « automatique » à la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles, des travailleurs et
travailleuses domestiques. Cette revendication est
faite à l’égard de la ministre provinciale du travail, Agnès Maltais et ce
n’est pas la première revendication faite dans ce genre à un ministre du
Travail. De plus, il ne semble qu’aucune mesure d’action ne sera prise en
considération prochainement dans ce cas. Le problème exposé dans l’article, ce n’est
pas l’impossibilité d’accès à cette protection, car en fait ils peuvent y accéder. Le
problème ce sont les deux conditions d’accès à cette protection : payer
une cotisation annuelle et s’inscrire à la Commission de la santé et la
sécurité au travail. Il est en fait estimé que ces travailleurs doivent cotiser
environ 1000$ par année pour pouvoir avoir accès à cette protection, et ce avec
un salaire qui atteint un maximum de 20 000$ par année. L’auteur de l’article donne l’exemple d’une
femme qui s’est cassé un poignet et qui a dû continuer de travailler, malgré
son état. C’est ridicule de penser qu’une personne qui se fracture le poignet
dans des conditions de travail domestique n’a pas accès à une certaine
protection et doit s’inscrire à la CSST pour avoir droit à des indemnités.
Tandis qu’une autre personne qui se fracture le poignet en travaillant dans le « backstore »
d’un magasin, peut toucher à des indemnités. Je dis cela car je connais
personnellement quelqu’un qui dit s’être « cassé » le poignet en
travaillant dans un magasin et cette personne a eu sa part en indemnités! C’est
franchement ridicule de penser qu’un travailleur ou travailleuse domestique ne
devrait pas avoir un accès automatique à un minimum de protection car son
statut de travail n’est pas reconnu. Ces travailleurs sont carrément exclus de
cette loi comme s’ils étaient qu’une classe distincte de travailleurs.
Je ne pense pas que les
gens réalisent à quel point le travail domestique peut être extrêmement
fatiguant et demandant. J’ai moi-même travaillé un été en faisant du jardinage
et du ménage chez des sœurs missionnaires et ça été vraiment épuisant. Passer
une journée complète à faire le ménage et à bouger dans un endroit qui n’a pas
d’air climatisé et qu’il fait 30 degrés dehors, c’est assez ardu comme travail.
De plus, j’étais constamment surveillée pour que je fasse mon travail sans m’arrêter.
La madame que j’ai remplacée cet été-là et qui est une employée à temps plein,
ne gagne que le salaire minimum. Elle travaille dans des conditions assez
difficiles (même l’hiver) et elle n’a évidemment pas d’accès à aucune
protection contre les accidents et maladies de travail. Je parle de cette
expérience personnelle pour illustrer que ce n’est pas un travail facile.
Le travail domestique est
un travail que Standing appelle « précaire ». Un travail précaire est
caractérisé, entres autres, par l’absence de stabilité économique et un accès
restreint (ou non existant) aux assurances collectives privées et aux régimes
publics de protections sociales. Ceci est en lien avec la revendication menée
par la Coalition «la CSST pour les travailleuses et travailleurs domestiques» pour
l’accès automatique aux protections sociales des travailleurs et travailleuses
domestiques. Le travail domestique est en rupture avec quelques formes de
sécurité d’emploi dont Standing traite dans son texte « The
Precariat » (2011). Ces travailleurs ne jouissent pas d’une sécurité de marché car
ils n’ont pas d’opportunités de gagner des salaires qui dépassent les 20 000$
par année. Comme le précise l’article de journal, le salaire annuel d’une
grande partie des travailleurs domestiques est très bas et cela ne permet
aucune perspective en termes de carrière. De plus, ils n’ont pas de chances de mobilité
sociale vers une classe supérieure et ce, en termes de statut d’emploi aussi. Ces travailleurs n’ont pas non plus l’opportunité
d’acquérir de nouvelles compétences car leur emploi ne leur permet pas de
mettre en œuvre les compétences qu’ils peuvent avoir. Ces travailleurs
domestiques peuvent très bien avoir des compétences dans un certain domaine,
mais ils se retrouvent dans des situations dans lesquelles ils doivent
travailler pour gagner le minimum d’argent pour survivre (c’est
le cas, entre autres, de la madame que j’ai remplacé).
Delia Momirla
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