mardi 3 décembre 2013

La ministre Agnès Maltais invitée à mieux protéger les travailleurs domestiques

Cet article met très bien en valeur le travail précaire des travailleurs domestiques. En lisant cet article, on peut voir à quel point le travail domestique est encore un sujet à débat. Ce débat se situe, entres autres, autour de la reconnaissance de ce statut de travail en termes de « vrai travail », même s’il est rémunéré. Dans le cas de cet article, les 25 000 personnes dont il est question, exercent un emploi domestique rémunéré. Il peut s’agir « de femmes de ménage, de nourrices, de gens qui s'occupent d'aînés à domicile ou encore d'animaux domestiques » (La Presse Canadienne, 2013). Cet article a été écrit dans le cadre de la Coalition «la CSST pour les travailleuses et travailleurs domestiques» qui revendique le droit d’accès « automatique » à la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles, des travailleurs et travailleuses domestiques. Cette revendication est faite à l’égard de la ministre provinciale du travail, Agnès Maltais et ce n’est pas la première revendication faite dans ce genre à un ministre du Travail. De plus, il ne semble qu’aucune mesure d’action ne sera prise en considération prochainement dans ce cas. Le problème exposé dans l’article, ce n’est pas l’impossibilité d’accès à cette protection, car en fait ils peuvent y accéder. Le problème ce sont les deux conditions d’accès à cette protection : payer une cotisation annuelle et s’inscrire à la Commission de la santé et la sécurité au travail. Il est en fait estimé que ces travailleurs doivent cotiser environ 1000$ par année pour pouvoir avoir accès à cette protection, et ce avec un salaire qui atteint un maximum de 20 000$ par année.  L’auteur de l’article donne l’exemple d’une femme qui s’est cassé un poignet et qui a dû continuer de travailler, malgré son état. C’est ridicule de penser qu’une personne qui se fracture le poignet dans des conditions de travail domestique n’a pas accès à une certaine protection et doit s’inscrire à la CSST pour avoir droit à des indemnités. Tandis qu’une autre personne qui se fracture le poignet en travaillant dans le « backstore » d’un magasin, peut toucher à des indemnités. Je dis cela car je connais personnellement quelqu’un qui dit s’être « cassé » le poignet en travaillant dans un magasin et cette personne a eu sa part en indemnités! C’est franchement ridicule de penser qu’un travailleur ou travailleuse domestique ne devrait pas avoir un accès automatique à un minimum de protection car son statut de travail n’est pas reconnu. Ces travailleurs sont carrément exclus de cette loi comme s’ils étaient qu’une classe distincte de travailleurs.

Je ne pense pas que les gens réalisent à quel point le travail domestique peut être extrêmement fatiguant et demandant. J’ai moi-même travaillé un été en faisant du jardinage et du ménage chez des sœurs missionnaires et ça été vraiment épuisant. Passer une journée complète à faire le ménage et à bouger dans un endroit qui n’a pas d’air climatisé et qu’il fait 30 degrés dehors, c’est assez ardu comme travail. De plus, j’étais constamment surveillée pour que je fasse mon travail sans m’arrêter. La madame que j’ai remplacée cet été-là et qui est une employée à temps plein, ne gagne que le salaire minimum. Elle travaille dans des conditions assez difficiles (même l’hiver) et elle n’a évidemment pas d’accès à aucune protection contre les accidents et maladies de travail. Je parle de cette expérience personnelle pour illustrer que ce n’est pas un travail facile.

Le travail domestique est un travail que Standing appelle « précaire ». Un travail précaire est caractérisé, entres autres, par l’absence de stabilité économique et un accès restreint (ou non existant) aux assurances collectives privées et aux régimes publics de protections sociales. Ceci est en lien avec la revendication menée par la Coalition «la CSST pour les travailleuses et travailleurs domestiques» pour l’accès automatique aux protections sociales des travailleurs et travailleuses domestiques. Le travail domestique est en rupture avec quelques formes de sécurité d’emploi dont Standing traite dans son texte « The Precariat » (2011). Ces travailleurs ne jouissent pas d’une sécurité de marché car ils n’ont pas d’opportunités de gagner des salaires qui dépassent les 20 000$ par année. Comme le précise l’article de journal, le salaire annuel d’une grande partie des travailleurs domestiques est très bas et cela ne permet aucune perspective en termes de carrière. De plus, ils n’ont pas de chances de mobilité sociale vers une classe supérieure et ce, en termes de statut d’emploi aussi. Ces travailleurs n’ont pas non plus l’opportunité d’acquérir de nouvelles compétences car leur emploi ne leur permet pas de mettre en œuvre les compétences qu’ils peuvent avoir. Ces travailleurs domestiques peuvent très bien avoir des compétences dans un certain domaine, mais ils se retrouvent dans des situations dans lesquelles ils doivent travailler pour gagner le minimum d’argent pour survivre (c’est le cas, entre autres, de la madame que j’ai remplacé).

Delia Momirla


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