samedi 14 décembre 2013

Un chercheur dresse un portrait inquiétant du métier d'enseignant


Récemment, Maurice Tardif, un chercheur au Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante, s’est intéressé au portrait de la profession d’enseignant. Il est plutôt pessimiste et il « dresse un portrait peu réjouissant de l’évolution du métier et de son avenir[1] ».

Les enseignants auraient des conditions de travail qui se dégraderaient. Pour M. Tardif, l’école publique échoue sa mission, puisque le taux de diplomation est très faible. Une des conséquences de cette situation est que « les conditions de détérioration d’apprentissage dans l’école publique se reflètent dans les conditions de travail des enseignants dans l’école publique[2] ». En effet, près d’un enseignant sur deux est touché par la précarité. Ainsi, près de la moitié du personnel dans les commissions scolaires n’a pas d’emploi permanent[3]. Cela peut paraître surprenant, mais même dans le passé, le métier d’enseignant ne procurait pas beaucoup plus de stabilité. Cependant, les salaires ont été à la hausse et on a noté également l’augmentation des postes permanents entre les années 60 et 80. Mais après ces années plus « glorieuses », il y a eu une baisse de la stabilité. Un des problèmes liés à cette précarité est le manque de stabilité économique. Ainsi, se projeter dans le temps n’est pas possible. [4] De plus, les professeurs sont souvent sur appel et font des remplacements. De plus en plus on fait face à une situation de travail atypique dans la profession de l’enseignement. Il arrive même parfois qu’ils ne sachent pas à quoi ressembleront leurs classes avant d’arriver à l’école le premier jour[5].

Les enseignants spécialistes (arts plastiques, musique, éducation physique) se sentent peu valorisés, car on considère souvent leurs matières comme de moindre importance. Leur situation est également précaire : le statut de permanent est long à acquérir. En effet, « la situation précaire des enseignants spécialistes et l’incertitude qui l’accompagne durent plusieurs années.  Devant toutes ces difficultés, plusieurs se découragent et quittent la profession[6] ».

Les conditions des professeurs doivent être améliorées. Selon Maurice Tardif, il faudrait que la profession soit davantage valorisée dans l’opinion publique : « les gens s’intéressent maintenant plus à leur vieillesse qu’à l’éducation des enfants[7]. » Pour lui, la création d’un ordre professionnel serait une bonne idée. Il estime aussi que leur salaire doit être augmenté et qu’il soit ajusté en fonction de leurs qualifications quant on sait que le niveau minimum est un baccalauréat.

Les tâches des enseignants et la clientèle se complexifient. Cela fait en sorte que les enseignants « en arrachent[8] ». Les classes sont plus hétérogènes : les professeurs doivent s’adapter à des enfants ayant des problèmes d’apprentissage et à des élèves venant de partout dans le monde. En plus, des tâches nouvelles leur sont demandées : socialiser et qualifier. Cela fait en sorte que « les attentes sont beaucoup plus lourdes[9] ». D’ailleurs, dans les cinq premières années, environ 20 % des nouveaux enseignants abandonnent la profession[10]. Les enseignants vivent donc de la détresse et du stress. En effet, le non-respect, la violence des élèves, la complexité des tâches, la précarité et la confusion des rôles sont des sources de stress auxquelles font face les enseignants au quotidien. De plus, les enseignants sont tenus responsables de la réussite de leurs élèves.[11]

Donc, comme nous l’avons vu dans le texte de D’Argenson « Souffrance au travail : ce qui a changé », le stress envahit tous les cadres de métiers. La profession d’enseignant n’y échappe pas. Finalement, la question de l’identité du métier est présente ici. La situation des professeurs reflète donc la souffrance au travail d’aujourd’hui[12].





[1] Annie Mathieu, « Un chercheur dresse un portrait inquiétant du métier d’enseignant », La Presse (Montréal), 2 décembre 2013. En ligne. <http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/education/201312/01/01-4716529-un-chercheur-dresse-un-portrait-inquietant-du-metier-denseignant.php>. Consulté le 12 décembre 2013.
[2] Ibid
[3] Daphnée Dion-Viens, « La détresse des enseignants est bien réelle, dit une sociologue », La Presse (Montréal), 7 avril 2011. En ligne. <http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/education/201104/06/01-4387237-la-detresse-des-enseignants-est-bien-reelle-dit-une-sociologue.php>. Consulté le 12 décembre 2013.
[4] Yanick Noiseux, « Cours 7 : Transformations des marchés du travail et précarisation ». Notes de cours. Diapositive 21, Automne 2013.
[5] Yvan Lamontagne et Catherine Varga, Reportage « La précarité des enseignants », Ici Radio Canada, 19 avril 2010. En ligne. <http://www.radio-canada.ca/emissions/telejournal/2009-2010/Reportage.asp?idDoc=109110>. Consulté le 14 décembre 2013.
[6] Pascale Breton, « Les enseignants spécialistes se sentent dévalorisés », La Presse (Montréal), 9 juin 2011. En ligne. <http://www.lapresse.ca/actualites/education/201106/08/01-4407424-les-enseignants-specialistes-se-sentent-devalorises.php>. Consulté le 13 décembre 2013.
[7] Annie Mathieu
[8] Ibid
[9] Ibid
[10] Daphnée Dion-Viens
[11] Ibid
[12] Yanick Noiseux, « Cours 9 : Travailler à l’ère de la flexibilité », Notes de cours. Diapositive 18, Automne 2013.

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