Récemment, Maurice Tardif, un chercheur au Centre de
recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante, s’est
intéressé au portrait de la profession d’enseignant. Il est plutôt pessimiste
et il « dresse un portrait peu réjouissant de l’évolution du métier et de
son avenir[1] ».
Les enseignants auraient des conditions de travail qui
se dégraderaient. Pour M. Tardif, l’école publique échoue sa mission, puisque
le taux de diplomation est très faible. Une des conséquences de cette situation
est que « les conditions de détérioration d’apprentissage dans l’école
publique se reflètent dans les conditions de travail des enseignants dans l’école
publique[2] ».
En effet, près d’un enseignant sur deux est touché par la précarité. Ainsi,
près de la moitié du personnel dans les commissions scolaires n’a pas d’emploi
permanent[3].
Cela peut paraître surprenant, mais même dans le passé, le métier d’enseignant ne
procurait pas beaucoup plus de stabilité. Cependant, les salaires ont été à la
hausse et on a noté également l’augmentation des postes permanents entre les
années 60 et 80. Mais après ces années plus « glorieuses »,
il y a eu une baisse de la stabilité. Un des problèmes liés à cette précarité
est le manque de stabilité économique. Ainsi, se projeter dans le temps n’est
pas possible. [4] De
plus, les professeurs sont souvent sur appel et font des remplacements. De plus
en plus on fait face à une situation de travail atypique dans la profession de
l’enseignement. Il arrive même parfois qu’ils ne sachent pas à quoi
ressembleront leurs classes avant d’arriver à l’école le premier jour[5].
Les enseignants spécialistes (arts plastiques, musique,
éducation physique) se sentent peu valorisés, car on considère souvent leurs
matières comme de moindre importance. Leur situation est également précaire :
le statut de permanent est long à acquérir. En effet, « la situation
précaire des enseignants spécialistes et l’incertitude qui l’accompagne durent
plusieurs années. Devant toutes ces difficultés, plusieurs se découragent
et quittent la profession[6] ».
Les conditions des professeurs doivent être
améliorées. Selon Maurice Tardif, il faudrait que la profession soit davantage
valorisée dans l’opinion publique : « les gens s’intéressent
maintenant plus à leur vieillesse qu’à l’éducation des enfants[7]. »
Pour lui, la création d’un ordre professionnel serait une bonne idée. Il estime
aussi que leur salaire doit être augmenté et qu’il soit ajusté en fonction de
leurs qualifications quant on sait que le niveau minimum est un baccalauréat.
Les tâches des enseignants et la clientèle se
complexifient. Cela fait en sorte que les enseignants « en arrachent[8] ».
Les classes sont plus hétérogènes : les professeurs doivent s’adapter à
des enfants ayant des problèmes d’apprentissage et à des élèves venant de
partout dans le monde. En plus, des tâches nouvelles leur sont demandées :
socialiser et qualifier. Cela fait en sorte que « les attentes sont
beaucoup plus lourdes[9] ».
D’ailleurs, dans les cinq premières années, environ 20 % des nouveaux
enseignants abandonnent la profession[10].
Les enseignants vivent donc de la détresse et du stress. En effet, le
non-respect, la violence des élèves, la complexité des tâches, la précarité et
la confusion des rôles sont des sources de stress auxquelles font face les
enseignants au quotidien. De plus, les enseignants sont tenus responsables de
la réussite de leurs élèves.[11]
Donc, comme nous l’avons vu dans le texte de D’Argenson
« Souffrance au travail : ce qui a changé », le stress envahit
tous les cadres de métiers. La profession d’enseignant n’y échappe pas.
Finalement, la question de l’identité du métier est présente ici. La situation
des professeurs reflète donc la souffrance au travail d’aujourd’hui[12].
Sandrine Gobeil-Comte
Lien vers l’article : http://www.lapresse.ca/lesoleil/actualites/education/201312/01/01-4716529-un-chercheur-dresse-un-portrait-inquietant-du-metier-denseignant.php
Lien vers l’article : http://www.lapresse.ca/lesoleil/actualites/education/201312/01/01-4716529-un-chercheur-dresse-un-portrait-inquietant-du-metier-denseignant.php
[1] Annie Mathieu, « Un chercheur dresse un portrait
inquiétant du métier d’enseignant », La
Presse (Montréal), 2 décembre 2013. En ligne. <http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/education/201312/01/01-4716529-un-chercheur-dresse-un-portrait-inquietant-du-metier-denseignant.php>.
Consulté le 12 décembre 2013.
[2]
Ibid
[3] Daphnée
Dion-Viens, « La détresse des enseignants est bien réelle, dit une
sociologue », La Presse (Montréal),
7 avril 2011. En ligne. <http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/education/201104/06/01-4387237-la-detresse-des-enseignants-est-bien-reelle-dit-une-sociologue.php>.
Consulté le 12 décembre 2013.
[4]
Yanick Noiseux, « Cours 7 : Transformations des marchés du travail et
précarisation ». Notes de cours. Diapositive 21, Automne 2013.
[5] Yvan
Lamontagne et Catherine Varga, Reportage « La précarité des enseignants »,
Ici Radio Canada, 19 avril 2010. En ligne. <http://www.radio-canada.ca/emissions/telejournal/2009-2010/Reportage.asp?idDoc=109110>.
Consulté le 14 décembre 2013.
[6]
Pascale Breton, « Les enseignants spécialistes se sentent dévalorisés »,
La Presse (Montréal), 9 juin 2011. En ligne. <http://www.lapresse.ca/actualites/education/201106/08/01-4407424-les-enseignants-specialistes-se-sentent-devalorises.php>.
Consulté le 13 décembre 2013.
[7]
Annie Mathieu
[8]
Ibid
[9]
Ibid
[10] Daphnée
Dion-Viens
[11]
Ibid
[12] Yanick
Noiseux, « Cours 9 : Travailler à l’ère de la flexibilité »,
Notes de cours. Diapositive 18, Automne 2013.
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