La réforme
fiscale approuvée au Mexique en novembre 2013 ne plait guère à COPARMEX, une
des organisations patronales les plus importantes du pays. Selon la
Confédération Patronale de la République mexicaine, le coût du travailaugmentera de 8% environs à partir de 2014, étant donné la diminution du
pourcentage des déductions attribuées aux entreprises pour les prestations non
salariales proposées aux employés. Pourtant, il y a près d’un an, les intérêts
patronaux l’avaient emporté, contre les propositions défendues par le syndicat
UNT (Union Nationale des Travailleurs) et le parti de gauche PRD (Parti
Révolutionnaire Démocratique), lors de la réforme de la loi du travail. Les revendications
du secteur privé portaient déjà sur la diminution du coût et la flexibilité de
la main d’œuvre, éléments fondamentaux pour accroitre la compétitivité des
entreprises, face à la concurrence internationale, mais aussi nationale, celle
de l’économie informelle. En effet, les organisations patronales semblent se
préoccuper tout particulièrement de ces entreprises et travailleurs qui ne se
soumettent pas aux réglementations comme les autres. Or, cette question de la
contribution fiscale ne concerne pas seulement les entreprises qui
échapperaient au paiement de l’impôt, mais aussi les travailleurs informels qui
ne participeraient pas à l’effort collectif, en se soumettant à certains
devoirs envers l’Etat. L’argument de Santiago Levy est en ce sens exemplaire. Selon l’économiste
de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), les salariés n’auraient
pas d’intérêt à rentrer dans la formalité, préférant les bénéfices provenant
des programmes de protection sociale, plutôt que la sécurité sociale proposée
aux salariés formels (Levy, 2006 ). Le Mexique ne devrait donc pas subventionner
l’informalité en proposant des programmes sociaux accessibles à tous. Autre
solution largement débattue dans le cadre de la réforme fiscale mais retirée du
projet final, l’Etat pourrait mettre en place une taxe sur les aliments et les
médicaments. Certes régressive, cette IVA de 15% permettrait de faire
contribuer les travailleurs informels à l’effort collectif, ceux-ci recevant en
échange des revenus et des prestations étatiques. L’équilibre entre droits et
devoirs envers l’Etat serait ainsi retrouvé.
De ce fait, du côté patronal comme
celui du BID, on s’inquiète de la contribution de l’économie informelle, autant
des entreprises que des travailleurs, aux ressources étatiques. Préoccupations
légitimes et solutions intéressantes, amplement liées aux problématiques
légales, réglementaires et fiscales, elles se basent trop restrictivement sur l’hypothèse
d’un individu rationnel capable de mesurer les coûts et bénéfices de son
maintien dans l’informalité, ainsi que sur le postulat d’une intégration totale
des marchés, avec une fluidité d’entrée et de sortie entre l’économie formelle
et informelle.
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