Depuis quelques semaines, plusieurs articles sont parus dans
les médias de la province concernant les revendications actuelles des employés
de la restauration rapide aux États-Unis, notamment une hausse de salaire jusqu’à
un taux horaire de 15 dollars de l’heure. C’est normal, vous me direz,
considérant l’ampleur que prend la mobilisation au sud de la frontière, qu’on
commence à en parler de plus en plus. Dans les médias québécois, toutefois, il
n’y a pas la même animosité dans ceux du
pays concerné; on se contente ici d’énumérer les faits, même si les différentes
luttes de pouvoir qui se jouent à l’étranger y transparaissent.
Jeudi le 5 décembre eut lieu une grève dont La Presse
faisait l’état dans un billet de Jeremy Tordjman, un de leurs collaborateurs
situé à Washington. Celui-ci soulève le fait que le salaire horaire minimum des
employés de ce secteur n’est que de $7.15, conférant à ceux-ci le même pouvoir
d’achat (sinon moindre) qu’à l’époque du Président Truman, considérant l’inflation.
Le Président actuel affirme vouloir bien augmenter celui-ci à $9, mais ce
dernier fait face à l’opposition non seulement des républicains, mais aussi de
l’association nationale de la restauration. Ces derniers présentent la
mobilisation présente comme une «opération de communication montée par les
syndicats », syndicats qui traditionnellement n’en mènent pas très large
dans un pays considéré comme un des berceaux du libre-marché; à ce sujet, donc,
la simple syndicalisation dans un établissement de restauration est vue comme
quelque chose de quasiment contre-nature. De plus, selon le vice-président de l’association
nationale de la restauration «L'industrie de la restauration est une des seules
à avoir continué à créer des emplois pendant la récession (...). Une importante
hausse des salaires (...) conduirait à réduire le nombre d'emplois créés»,
essayez donc d’imaginer sa position sur l’effet qu’aurait une syndicalisation
massive! Bref, d’un côté comme de l’autre, c’est-à-dire du patronat et des
politiciens, les appuis envers les travailleurs de la restauration rapide sont
laissés de côté.
Aux États-Unis comme ailleurs, les emplois dans ce secteur
sont souvent considérés (à tort comme à raison) comme des « emplois
charnières », qu’occupent des étudiants ou des travailleurs qui se retrouvent
entre deux emplois ou bien qui en sont aux premiers barreaux de l’échelle. Mais
comme le spécifie Tordjman à l’aide d’exemples, cette situation supposée n’est
pas toujours représentative de la réalité : un nombre quand même important
de travailleurs y font carrière. Il faut donc éviter de faire des
généralisations lorsqu’il s’agit d’emplois atypiques (heures coupées, horaires
instables) et de mettre dans l’ombre les réalités de ceux qui sont touchés par
le manque d’encadrement des conditions de travail dans ce type d’établissements.
Peu importe ce que l’élite politique ou financière semble
croire, il y aura toujours des gens qui occuperont ce type d’emplois. Peut-être
par manque de moyens, mais la raison importe-t-elle vraiment? Y en a-t-il de
mauvaises? Mais surtout, il y aura toujours une demande ainsi qu’une nécessité
à ce qu’Il y en ait; comme les éboueurs, par exemple, certains métiers
demeurent essentiels et ne bénéficient pourtant pas d’une valorisation
adéquate. Quel pays peut espérer prospérer sans qu’il n’y ait de collecte d’ordures
ou de restauration? Quel humain peut-il espérer prospérer quand son travail ne lui permet même pas de payer son loyer?
Yann Clavette Charbonneau
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