lundi 16 décembre 2013

Génération Y : Ouverture accrue et prochaine des portes du marché du travail

Dans un contexte socio-économique caractérisé par une forte mainmise de l'emploi par les baby-boomers (représentant près de 2,4 millions de Québécois), la génération Y sera soulagée d'apprendre qu'elle aura la possibilité d'accéder à davantage d'emplois, et ce dans quelques années. En effet, d'ici 2016, près de 700 000 emplois seront disponibles et d'ici 2030, la majorité des baby-boomers auront pris leur retraite. Face à la libération de près de 30% des postes au Québec, « Emploi-Québec prévoit une baisse importante du taux de chômage: actuellement à 7 %, il passera à 6,1 % en 2016, puis à 5,3 % en 2021. [...] il s’approchera de ce que les économistes appellent le "taux de chômage de plein emploi" ».
            De ce fait, face à l'essor d'une demande grandissante de main d'œuvre, l'on se questionne sur les conditions de travail de la relève. Souvent sous-représentés dans la fonction publique principalement de par la non-reconnaissance de leurs diplômes, les nouveaux arrivants feront, selon Emploi-Québec, partis des gagnants de cette situation. En effet, ces derniers « occuperont 16 % des 700 000 postes à pourvoir d’ici 2016, (...). Dans les cégeps, ces derniers s’inscrivent par milliers dans les formations professionnelles », selon Jean Beauchesne, président de la Fédération des cégeps du Québec. Également, ce sont les générations ultérieures à celle du baby-boom qui composeront la relève des travailleurs.

            Néanmoins, l'insertion de ces dernières sur le marché du travail engendre, chez certains, plusieurs inquiétudes et appréhensions. L'expérience et l'efficacité des jeunes travailleurs seraient au cœur des débats. Pauline Brassard, présidente de PB Conseils en ressources humaines, affirme que: « Le problème ne sera pas la quantité de travailleurs, mais la qualité de la main-d’œuvre. Il est toujours difficile de remplacer un travailleur expérimenté par un jeune sans expérience ». Rejoignant les préjugés discriminatoires entourant l'efficience des jeunes travailleurs, la circulation sociale de ces proclamations contribue au maintien et à l'oppression des jeunes dans une position sociale au bas de l'échelle[1]. Selon Brassard, les entreprises se doivent d'agir afin de limiter « un effet sur la marge bénéficiaire des entreprises » dû à un manque de main d'œuvre expérimentée. Elle leur propose de maintenir en poste les travailleurs plus âgés afin que ces derniers puissent aider à recruter et conseiller la relève. Par ailleurs, cette démarche semble bien fondée lorsque l'on considère le contexte économique global et l'avenir social des nouveaux travailleurs.
            Plus précisément, cette ouverture du marché du travail comporte, certes, des répercussions positives telles la possibilité des jeunes travailleurs de surpasser les structures coercitives et ainsi d'accéder beaucoup plus facilement et rapidement à des postes davantage élevés. Néanmoins, cet article semble faire abstraction des retentissements négatifs majeurs que cette ouverture « florissante » du marché provoquera à long terme.
            Dans le but de remplacer les travailleurs de la génération du baby-boom, la nouvelle main d'œuvre sera contrainte d'acquérir une expérience de travail beaucoup plus valable, et ce de manière beaucoup plus rapide que leurs prédécesseurs. Dans un contexte où le marché du travail est en constante évolution de par l'essor des nouvelles connaissances et technologies, des niveaux d'éducation plus élevés sont de plus en plus requis comparativement à autrefois. Afin de subvenir aux besoins de cette génération très nombreuse et bientôt retraitée en majorité, les jeunes générations devront subvenir aux besoins de cette dernière. Face à cette réalité problématique "inattendue", de nouvelles gestions et réformes furent appliquées au sein de la société. Ces nouvelles organisations du travail comportent l'élévation de l'âge de retraite jusqu'à 67 ans ainsi que l'augmentation et l'allongement de la durée de cotisations. Ces dernières servant de moyens de financement pour la classe retraitée et vieillissante.

            Ce sont donc la génération Y et les générations ultérieures qui doivent assumer le déficit d'un système qui aurait tendance à contribuer l'écart générationnel en privilégiant les baby-boomers[2]. Ces nouvelles réformes renvoient à l'augmentation de la précarisation du travail, puisque les nouveaux travailleurs auront possiblement accès à de moins bonnes conditions et mesures de protection de travail. Également, l'accès à un système d'assurance-maladie n'est possiblement plus assuré, puisque ce dernier pourrait ne plus parvenir à répondre aux besoins de tous (entre autres de par le fait qu'une population vieillissante coûte considérablement chère)[3]. Sur ce, quelle belle perspective d'avenir!


Source de l'article:
Barlow, Julie. L’actualité. Disponible en ligne: « http://www.lactualite.com/lactualite-affaires/emploi-au-quebec-changement-de-generation/ », consulté le 14 décembre 2013

Laurence Nadeau-Sicard


[1] Hamel, Jacques. 2003. « Pour une vue longitudinale sur les jeunes et le travail », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 2, no 115.

[2] Smati, Rafik. Le nouvel observateur. Disponible en ligne: "http://leplus.nouvelobs.com/contribution/926973-reforme-des-retraites-les-baby-boomers-restent-ultra-privilegies-c-est-injuste.html", consulté le 14 décembre 2013
[3] http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-suffit-quelques-graphiques-pour-se-convaincre-que-assurance-maladie-ne-survivra-pas-en-etat-acrithene-773180.html

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