Dans un contexte socio-économique
caractérisé par une forte mainmise de l'emploi par les baby-boomers
(représentant près de 2,4 millions de Québécois), la génération Y sera soulagée
d'apprendre qu'elle aura la possibilité d'accéder à davantage d'emplois, et ce
dans quelques années. En effet, d'ici 2016, près de 700 000 emplois seront disponibles
et d'ici 2030, la majorité des baby-boomers auront pris leur retraite. Face à
la libération de près de 30% des postes au Québec, «
Emploi-Québec
prévoit une baisse importante du taux de chômage: actuellement à 7 %, il
passera à 6,1 % en 2016, puis à 5,3 % en 2021. [...] il s’approchera
de ce que les économistes appellent le "taux de chômage de plein emploi"
».
De
ce fait, face à l'essor d'une demande grandissante de main d'œuvre, l'on se
questionne sur les conditions de travail de la relève. Souvent sous-représentés
dans la fonction publique principalement de par la non-reconnaissance de leurs
diplômes, les nouveaux arrivants feront, selon Emploi-Québec, partis des
gagnants de cette situation. En effet, ces derniers «
occuperont 16 % des 700
000 postes à pourvoir d’ici 2016, (...). Dans les cégeps, ces derniers
s’inscrivent par milliers dans les formations professionnelles », selon Jean Beauchesne, président de la
Fédération des cégeps du Québec. Également, ce sont les générations ultérieures
à celle du baby-boom qui composeront la relève des travailleurs.
Néanmoins, l'insertion de ces
dernières sur le marché du travail engendre, chez certains, plusieurs inquiétudes
et appréhensions. L'expérience et l'efficacité des jeunes travailleurs seraient
au cœur des débats. Pauline Brassard, présidente de PB Conseils en ressources
humaines, affirme que: « Le problème ne sera pas la quantité de travailleurs,
mais la qualité de la main-d’œuvre. Il est toujours difficile de remplacer un
travailleur expérimenté par un jeune sans expérience ». Rejoignant les préjugés discriminatoires
entourant l'efficience des jeunes travailleurs, la circulation sociale de ces
proclamations contribue au maintien et à l'oppression des jeunes dans une
position sociale au bas de l'échelle[1].
Selon Brassard, les entreprises se doivent d'agir afin de limiter «
un effet sur la marge bénéficiaire
des entreprises » dû à
un manque de main d'œuvre expérimentée. Elle leur propose de maintenir en poste
les travailleurs plus âgés afin que ces derniers puissent aider à recruter et
conseiller la relève. Par ailleurs, cette démarche semble bien fondée lorsque
l'on considère le contexte économique global et l'avenir social des nouveaux
travailleurs.
Plus précisément, cette ouverture du
marché du travail comporte, certes, des répercussions positives telles la
possibilité des jeunes travailleurs de surpasser les structures coercitives et ainsi
d'accéder beaucoup plus facilement et rapidement à des postes davantage élevés.
Néanmoins, cet article semble faire abstraction des retentissements négatifs majeurs
que cette ouverture « florissante » du marché provoquera à long terme.
Dans
le but de remplacer les travailleurs de la génération du baby-boom, la nouvelle
main d'œuvre sera contrainte d'acquérir une expérience de travail beaucoup plus
valable, et ce de manière beaucoup plus rapide que leurs prédécesseurs. Dans un
contexte où le marché du travail est en constante évolution de par l'essor des
nouvelles connaissances et technologies, des niveaux d'éducation plus élevés sont
de plus en plus requis comparativement à autrefois. Afin de subvenir aux
besoins de cette génération très nombreuse et bientôt retraitée en majorité,
les jeunes générations devront subvenir aux besoins de cette dernière. Face à
cette réalité problématique "inattendue", de nouvelles gestions et
réformes furent appliquées au sein de la société. Ces nouvelles organisations
du travail comportent l'élévation de l'âge de retraite jusqu'à 67 ans ainsi que
l'augmentation et l'allongement de la durée de cotisations. Ces dernières
servant de moyens de financement pour la classe retraitée et vieillissante.
Ce
sont donc la génération Y et les générations ultérieures qui doivent assumer le
déficit d'un système qui aurait tendance à contribuer l'écart générationnel en
privilégiant les baby-boomers[2]. Ces nouvelles réformes renvoient à l'augmentation
de la précarisation du travail, puisque les nouveaux travailleurs auront
possiblement accès à de moins bonnes conditions et mesures de protection de travail.
Également, l'accès à un système d'assurance-maladie n'est possiblement plus
assuré, puisque ce dernier pourrait ne plus parvenir à répondre aux besoins de
tous (entre autres de par le fait qu'une population vieillissante coûte considérablement
chère)[3].
Sur ce, quelle belle perspective d'avenir!
Source
de l'article:
Barlow, Julie. L’actualité. Disponible en ligne: « http://www.lactualite.com/lactualite-affaires/emploi-au-quebec-changement-de-generation/
»,
consulté le 14 décembre 2013
Laurence Nadeau-Sicard
[1] Hamel, Jacques. 2003. « Pour une vue longitudinale sur
les jeunes et le travail », Cahiers internationaux
de sociologie, vol. 2, no 115.
[2] Smati,
Rafik. Le nouvel observateur. Disponible en ligne: "http://leplus.nouvelobs.com/contribution/926973-reforme-des-retraites-les-baby-boomers-restent-ultra-privilegies-c-est-injuste.html",
consulté le 14 décembre 2013
[3] http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-suffit-quelques-graphiques-pour-se-convaincre-que-assurance-maladie-ne-survivra-pas-en-etat-acrithene-773180.html
Barlow, Julie. L’actualité. Disponible en ligne: « http://www.lactualite.com/lactualite-affaires/emploi-au-quebec-changement-de-generation/ », consulté le 14 décembre 2013
[1] Hamel, Jacques. 2003. « Pour une vue longitudinale sur
les jeunes et le travail », Cahiers internationaux
de sociologie, vol. 2, no 115.
[2] Smati,
Rafik. Le nouvel observateur. Disponible en ligne: "http://leplus.nouvelobs.com/contribution/926973-reforme-des-retraites-les-baby-boomers-restent-ultra-privilegies-c-est-injuste.html",
consulté le 14 décembre 2013
[3] http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-suffit-quelques-graphiques-pour-se-convaincre-que-assurance-maladie-ne-survivra-pas-en-etat-acrithene-773180.html
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