Dernièrement au Québec,
la Coalition «CSST pour les travailleuses et travailleurs domestiques du
Québec», des groupes de défense des aides familiales et divers groupes se sont
mobilisés pour que ces travailleuses et travailleurs domestiques puissent
bénéficier des mêmes droits que tous les autres travailleurs. Ces groupes et
associations souhaitent notamment que les aides familiaux soient intégrés à la
Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP) et
souhaitent que la ministre Agnès Maltais s’occupe du dossier le plus rapidement
possible. En effet, les aides familiaux sont sous la protection des normes du
travail, mais demeurent exclus de la LATMP, comme le mentionne Pineda dans son
article. Certaines personnes et des regroupements ont tenu à mentionner que
les conditions de travail de cette catégorie de profession n’ont presque pas
progressées et stagnent depuis longtemps.
Il faut rappeler que
les travailleuses et les travailleurs domestiques (ou aides familiales)
représentent une catégorie professionnelle vulnérable, en raison principalement
des mauvaises conditions de travail de ces types de travail (quantité des
tâches à effectuer, salaire minimum, longues heures de travail, lourd
investissement personnel demandé dans le travail, etc.), mais aussi à cause des
caractéristiques particulières de ces types de travail. Une grande proportion
des aides familiales résidentes (AFR) proviennent de d’autres pays (des
Philippines principalement), et cherchent à
fuir le cercle vicieux de la
pauvreté de leur pays d’origine et recherchant une meilleure qualité de vie. Via
le programme PAFR du gouvernement, les travailleuses domestiques philippines
peuvent venir travailler dans un ménage canadien et chez des particuliers. Après
24 mois au service d’un ménage ou après un certain nombre d’heures de travail,
ces travailleuses peuvent éventuellement acquérir leur résidence permanente.
Les revendications et
les mobilisations des aides familiales résidantes (93 % seraient des femmes au
Québec), des travailleurs domestiques et des groupes de soutien font suite à un
certain état des choses. En effet, les travailleuses domestiques n’ont pas le
sentiment d’avoir le même statut et les mêmes protections que les autres
travailleurs. Il existe un flou concernant ce travail, peut-être en partie
parce qu’il est effectué souvent dans des maisons privées chez des particuliers.
Durant les premiers mois de travail dans leur nouveau pays (24 mois), les travailleuses
domestiques émigrantes du programme PAFR
sont dans l’impossibilité de changer d’employeur, ce qui peut ouvrir la porte à
des formes d’abus de la part de l’employeur. De plus, les aides familiales
résidantes doivent souvent demeurer chez leur employeur (parfois les fins de
semaine également) et rester constamment à la disposition du ménage pour lequel
ils travaillent. L’objectif des groupes de travailleuses et travailleurs
domestiques et des groupes de soutien est donc de créer des liens de
solidarité, afin de réduire l’isolement, de construire un réseau d’entraide et
de protéger les droits de ces types de travailleurs.
À mon avis, le cas des
aides familiaux représente un bel exemple de la division sexuelle et ethnique du
travail et les inégalités qui s’ensuivent. Ainsi, certaines catégories
professionnelles sont composées majoritairement de femmes ou d’individus issus
de l’immigration. Le recours aux immigrants dans le secteur domestique et
sanitaire est fréquent et n’est pas nouveau (Cognet et Fortin, 2003). Il y a des
disparités notamment quand certains groupes sociaux se voient enfermés dans des
emplois atypiques ou précaires. Le Canada accueille un certain nombre de
travailleurs migrants qui participent ainsi pleinement au développement
économique du pays. Au Québec, il y a aussi l’exemple des travailleurs migrants
temporaires qui travaillent aux champs et qui proviennent majoritairement de
pays du Sud. Les conditions de ces travailleurs et travailleuses sont
généralement difficiles et sont dans une situation qui peut les rendre
vulnérable aux abus. Avec la fragmentation du travail et le développement du
secteur périphérique, tous les travailleurs n’ont pas tous le même statut, ni
les mêmes avantages/protections les uns par rapport aux autres (Durand, 2004). C’est la réalité de la grande flexibilité du
travail : on multiplie les stratégies pour réduire les coûts
(sous-traitance, délocalisation, etc.), combler les besoins de main-d’œuvre et cela creusent les écarts entre les statuts
des travailleurs et créé des classes de travailleurs et travailleuses en
position précaire.
Par ailleurs, c’est
dans ce contexte que les travailleurs domestiques travaillant dans des ménages
privés réclament une amélioration de leurs conditions de travail et souhaitent
avoir les mêmes droits et les mêmes protections que les autres groupes de
travailleurs. La catégorie de profession des aides familiaux a souvent eue à lutter pour sortir de l’ombre. Il y une
sorte de pensée unilatérale qui se développe : on dénonce les coûts de
l’immigration, mais en même temps la main-d’œuvre immigrante est souvent
indispensable pour certains secteurs où il y a un manque de main-d'oeuvre au niveau local. Actuellement,
des groupes se sont associés pour
dénoncer les conditions de travail des travailleurs domestiques qui exercent un
métier qui est bien souvent dévalorisé.
Simon
Gélinas-Leguerrier
Sources :
Durand, Jean-Pierre. 2004. «Les réformes
structurelles de l’entreprise : l’intégration réticulaire et le flux
tendu», Éditions du seuil, Paris.
Cognet, M. et Fortin, S. (2003). «Le
poids du genre et de l’ethnicité dans la division du travail en santé », dans
Lien social et politique.
Pineda, Amélie (2013). «Travailleurs
domestiques : ils veulent être couverts par la CSST»
<http://24hmontreal.canoe.ca/24hmontreal/actualites/archives/2013/10/20131027-160422.html>
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