Delastek, une
compagnie spécialisée dans le secteur du transport et de l’aéronautique, fait
beaucoup parler d’elle depuis quelques mois. En effet, cette compagnie située à
Shawinigan, est en grève depuis le 1er avril 2015.
Les syndiqués de
Delastek dénoncent leurs mauvaises conditions de travail qui ne cesse de se
détériorer avec les années. Ils revendiquent plus de prévention en matière de
santé et de sécurité au travail. En effet, Alexandre Maranger, le président de
la section locale 1209 d'Unifor, c’est exprimé en disant : «Actuellement,
on a six personnes qui sont atteintes de dermatite de contact permanent à cause
des mauvaises procédures de travail au niveau de la fibre de carbone».[1] La
compagnie était autrefois située au secteur prioritaire de la Commission de la
santé et de la sécurité au travail mais
l’employeur a fait un changement de nom en 2011 pour ne plus en faire partie.[2] Le conseiller régional à la Fédération des travailleurs du Québec, David Maden,
dénonce le fait qu’un employé ne peut plus prouver qu’il est en présence de
matières chimiques puisque les fiches de l’usine sont confidentielles et ne
peuvent être retirées du milieu de travail. En effet, cela fait preuve d’une
grande injustice car si un malaise arrive, un professionnel de la santé ne peut
pas trouver la cause de celui-ci. De plus, l’employé ne peut pas être protégé par
la Commission de la santé et de la sécurité au travail puisque la source de la
maladie demeura inconnue.
L’environnement non sécuritaire
n’est pas le seul problème, les syndiqués revendiquent un meilleur salaire. En
effet, celui-ci est de 10,70$/heure, soit presque le salaire minimum, alors
qu’un assembleur de produits en plastique pourrait avoir un salaire aux
alentours de 16,90$ de l'heure selon Emploi Québec. De plus, l’augmentation est
de seulement 0,30$ après un an de travail.[3] Les syndiqués de cette compagnie ont une multitude de revendication, mais
ceux-ci sont bien justifiés. Qui ne voudrait pas profiter d’un environnement
sécuritaire, un meilleur salaire, des congés de maladie, de fonds de pension et
d’un climat de travail vivable?
Le patron de la
compagnie Delastek, Claude Lessard, ne fait pas preuve de compassion face à ses
employés. Celui-ci a publiquement insulté ses employés de «sauvages» et de
«trous de cul».[4] De plus,
il n’a pas amélioré la situation lorsqu’il a ouvertement avoué avoir considéré déménager
l’usine au Mexique. Les employés ont clairement vu cela comme une menace, mais
le président de l’entreprise s’explique en disant : « Ça fait des
années que le Mexique essaie de nous attirer là-bas. Je me dois d'évaluer les
possibilités de le faire. Ce n'est pas une menace, mais j'évalue toutes les
possibilités en tant qu'homme d'affaires. Mes clients demandent de baisser le
coût de mes produits aussi.»[5] Comme solution, le patron a préféré pensé à une délocalisation de l’entreprise,
plutôt que de négocier les conditions de travail des travailleurs au Québec.
Il faut aussi ajouter
que la tension au travail est assez forte. M. Lessard a raconté en
entrevue : «Quand je suis arrivé ce matin, il y avait des œufs sur la
bâtisse et ils avaient coupé des fils de caméra. […] Si ça c'est de vouloir
négocier... C'est plus de vouloir m'insulter. Selon moi, ils ne sont vraiment
plus de bonne foi».[6] La
guerre entre cet employeur et ses employés n’est plus seulement démontré sur la
table de négociation, celle-ci est rendu trop personnelle. Il faut avouer que lorsque
les deux parties ne sont pas prêtes à faire de compromis, la situation ne peut
pas s’améliorer. Les grévistes ne sont cependant pas prêts à baisser les bras.
Depuis le début de cette grève, ils ont clairement montré que leurs conditions
de travail et leurs salaires étaient une cause qui valait la peine d’être
défendue.
Évidemment, comparer
à certaines compagnies, les conditions de travail chez Delastek sont convenables.
Par exemple, chez la compagnie Couche-Tard, ceux-ci sont déplorables. Si le
commerce est la cible d’un vol, les employés se faisaient enlever le montant
volé sur leur paie. De plus, les réunions de travail et les heures
supplémentaires ne sont pas payées.[7]
Ceci ne sont que quelques-uns des nombreux exemples de plaintes déposés à la Commission
des normes du travail. Cela peut susciter de la controverse chez les gens qui
diront que les employés travaillant pour Delastek en demande beaucoup. On se
demande si on pourrait parler d’un patron profiteur ou d’employé trop
demandant. Selon moi, mieux vaut en demandé plus que pas assez. Il ne faudrait
surtout pas retourner en arrière dans les sociétés purement capitalistes, où, pour
Marx, le travail était signification d’aliénation, soit une perte totale de
liberté.[8]
Caroline Chehab
[1] Gamelin, Olivier, Lapresse, 24 juillet
2015, http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/actualites/201507/24/01-4887775-les-syndiques-de-delastek-se-vident-le-coeur.php, consulté le 23 septembre 2015.
[5] Marceau, Pierre, Radio-Canada, 1er avril 2015, http://ici.radio-canada.ca/regions/mauricie/2015/04/01/003-igreve-delastek-shawinigan-direction-menace-demenagement-mexique.shtml, consulté le 23 septembre 2015.
[6] Noreau, Laurie, Lapresse, 18
août 2015http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/economie/201508/18/01-4893417-conflit-chez-delastek-je-ne-peux-pas-avoir-de-la-bonne-foi-pour-deux.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4887775_article_POS1, consulté le 23 septembre 2015.
[7] Joly, Sylvie. 2013.
« Couche-Tard : une bataille inspirante », Vie économique, vol.
4, no. 4, Montréal. p.8
[8] Erbes-Séguin, Sabrine. 2010. La
sociologie du travail (3e éd.), Collection Repères, La Découverte,
Paris. p.8
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