dimanche 27 septembre 2015

Une grève à n’en plus finir

Delastek, une compagnie spécialisée dans le secteur du transport et de l’aéronautique, fait beaucoup parler d’elle depuis quelques mois. En effet, cette compagnie située à Shawinigan, est en grève depuis le 1er avril 2015. 

Les syndiqués de Delastek dénoncent leurs mauvaises conditions de travail qui ne cesse de se détériorer avec les années. Ils revendiquent plus de prévention en matière de santé et de sécurité au travail. En effet, Alexandre Maranger, le président de la section locale 1209 d'Unifor, c’est exprimé en disant : «Actuellement, on a six personnes qui sont atteintes de dermatite de contact permanent à cause des mauvaises procédures de travail au niveau de la fibre de carbone».[1] La compagnie était autrefois située au secteur prioritaire de la Commission de la santé et de la sécurité au travail  mais l’employeur a fait un changement de nom en 2011 pour ne plus en faire partie.[2] Le conseiller régional à la Fédération des travailleurs du Québec, David Maden, dénonce le fait qu’un employé ne peut plus prouver qu’il est en présence de matières chimiques puisque les fiches de l’usine sont confidentielles et ne peuvent être retirées du milieu de travail. En effet, cela fait preuve d’une grande injustice car si un malaise arrive, un professionnel de la santé ne peut pas trouver la cause de celui-ci. De plus, l’employé ne peut pas être protégé par la Commission de la santé et de la sécurité au travail puisque la source de la maladie demeura inconnue.

L’environnement non sécuritaire n’est pas le seul problème, les syndiqués revendiquent un meilleur salaire. En effet, celui-ci est de 10,70$/heure, soit presque le salaire minimum, alors qu’un assembleur de produits en plastique pourrait avoir un salaire aux alentours de 16,90$ de l'heure selon Emploi Québec. De plus, l’augmentation est de seulement 0,30$ après un an de travail.[3] Les syndiqués de cette compagnie ont une multitude de revendication, mais ceux-ci sont bien justifiés. Qui ne voudrait pas profiter d’un environnement sécuritaire, un meilleur salaire, des congés de maladie, de fonds de pension et d’un climat de travail vivable?

Le patron de la compagnie Delastek, Claude Lessard, ne fait pas preuve de compassion face à ses employés. Celui-ci a publiquement insulté ses employés de «sauvages» et de «trous de cul».[4] De plus, il n’a pas amélioré la situation lorsqu’il a ouvertement avoué avoir considéré déménager l’usine au Mexique. Les employés ont clairement vu cela comme une menace, mais le président de l’entreprise s’explique en disant : « Ça fait des années que le Mexique essaie de nous attirer là-bas. Je me dois d'évaluer les possibilités de le faire. Ce n'est pas une menace, mais j'évalue toutes les possibilités en tant qu'homme d'affaires. Mes clients demandent de baisser le coût de mes produits aussi.»[5] Comme solution, le patron a préféré pensé à une délocalisation de l’entreprise, plutôt que de négocier les conditions de travail des travailleurs au Québec.

Il faut aussi ajouter que la tension au travail est assez forte. M. Lessard a raconté en entrevue : «Quand je suis arrivé ce matin, il y avait des œufs sur la bâtisse et ils avaient coupé des fils de caméra. […] Si ça c'est de vouloir négocier... C'est plus de vouloir m'insulter. Selon moi, ils ne sont vraiment plus de bonne foi».[6] La guerre entre cet employeur et ses employés n’est plus seulement démontré sur la table de négociation, celle-ci est rendu trop personnelle. Il faut avouer que lorsque les deux parties ne sont pas prêtes à faire de compromis, la situation ne peut pas s’améliorer. Les grévistes ne sont cependant pas prêts à baisser les bras. Depuis le début de cette grève, ils ont clairement montré que leurs conditions de travail et leurs salaires étaient une cause qui valait la peine d’être défendue.

Évidemment, comparer à certaines compagnies, les conditions de travail chez Delastek sont convenables. Par exemple, chez la compagnie Couche-Tard, ceux-ci sont déplorables. Si le commerce est la cible d’un vol, les employés se faisaient enlever le montant volé sur leur paie. De plus, les réunions de travail et les heures supplémentaires ne sont pas payées.[7] Ceci ne sont que quelques-uns des nombreux exemples de plaintes déposés à la Commission des normes du travail. Cela peut susciter de la controverse chez les gens qui diront que les employés travaillant pour Delastek en demande beaucoup. On se demande si on pourrait parler d’un patron profiteur ou d’employé trop demandant. Selon moi, mieux vaut en demandé plus que pas assez. Il ne faudrait surtout pas retourner en arrière dans les sociétés purement capitalistes, où, pour Marx, le travail était signification d’aliénation, soit une perte totale de liberté.[8]


Caroline Chehab



[1] Gamelin, Olivier, Lapresse, 24 juillet 2015,  http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/actualites/201507/24/01-4887775-les-syndiques-de-delastek-se-vident-le-coeur.php, consulté le 23 septembre 2015.
[2] Ibid.
[3] Ibid.
[4] Ibid.
[7] Joly, Sylvie. 2013. « Couche-Tard : une bataille inspirante », Vie économique, vol. 4, no. 4, Montréal. p.8
[8] Erbes-Séguin, Sabrine. 2010. La sociologie du travail (3e éd.), Collection Repères, La Découverte, Paris. p.8

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