jeudi 24 septembre 2015

Le travail du dimanche : progrès ou régression?

Le travail du dimanche : progrès ou régression?

Référence de l’article : Travail du dimanche : du « volontariat forcé », selon les syndicats -

En France le dimanche, les magasins sont fermés. À part quelques rares marchés alimentaires et boulangeries ouverts jusqu’à midi pour les matinaux ou ceux qui n’auraient pas rempli leurs réfrigérateurs à temps pendant la semaine ou le samedi, tous les autres commerces sont fermés.

Cette proposition de remettre au goût du jour le travail du dimanche est un des volets de la loi « Macron », qui vise à assouplir les présentes lois en vigueur sur le travail le dimanche et la nuit, et s’appliquerait aux commerces des « zones touristiques internationales », telles que  Paris, Nice, Cannes, etc… Cette loi qui à l’origine était censée promouvoir la croissance et le pouvoir d’achat des Français, vise à présent d’autres buts, à savoir mettre l’accent sur la compétitivité et la réforme.

Faisons un petit retour en arrière dans l’histoire ; le repos dominical est une loi qui avait été votée en 1906, dans la lignée des lois et réglementations mis en œuvre au XXe siècle, (comme la journée de travail de 8 heures) afin d’améliorer les conditions de vie et de travail des salariés. À quelques exceptions près tels que les commerces alimentaires cités plus haut, cette loi s’applique à tous et ce faisant, restreint le principe de liberté du commerce et de l'industrie, au profit, selon le Conseil constitutionnel de l’époque, de la santé et du bien-être publics des travailleurs.[1]

Les manifestants étant contre la loi Macron ainsi que syndicats qui les supportent, sont sceptiques et cyniques face aux bienfaits supposés que la loi est censée amener et je ne peux que les approuver. Une des raisons mise en avant en faveur de la loi est que le travail du dimanche et l’ouverture des commerces jusqu’à minuit permettrait aux touristes d’avoir plus de temps pour faire leurs achats et ainsi augmenter le chiffre d’affaires des commerçants. Aussi selon « Claude Boulle, président exécutif de l’Union du grand commerce de centre-ville, […] « le touriste qui se présente le dimanche devant un magasin fermé ne va pas revenir le jeudi ». »[2]
Il est vrai qu’au Québec par exemple, nous sommes habitués à présents à ce que les commerces, services et entreprises soient pour la pluparts ouverts et disponibles sept jours sur sept. Il est ainsi fort probable qu’en position de touriste, nous pourrions effectivement trouver gênant et déstabilisant de ne pas pouvoir profiter des commerces le dimanche. Cependant est ce que cela nous frustrerait au point que nous ne voulions pas revisiter un commerce en particulier? Est-ce qu’il n’y a pas d’autres activités -  profitables à l’économie -  que le « shopping » auquel un touriste peut s’adonner quand il visite un pays?

C’est en partie pourquoi l’argument de Mr Boulle me paraît un peu faible, dans la mesure où je pense que les gens peuvent généralement s’attendre à ce que des commerces puissent être fermés un ou deux jours de la fin de semaine, d’autant plus si ce jour est le dimanche. Conclure qu’un touriste serait frustré au point de ne pas vouloir revisiter le commerce en question un autre jour de la semaine (où il est revanche prévu et normal qu’il soit ouvert) me parait exagéré. Je doute également qu’étendre l’ouverture des magasins jusqu’à minuit soit réellement profitable. Comme il est mentionné dans l’article, il y a des coûts certains à prendre en compte pour rendre effectif ces prolongations d’heures de travail, mais en revanche aucune garantie réelle quant à la rentabilité d’une telle démarche, ou du moins aucune étude ou preuve proposée en ce sens.
Enfin, il est question également dans la loi Macron d’établir ce travail du dimanche et de la nuit comme un travail de volontariat. Or peut-on réellement le considérer comme du volontariat, comme une décision libre du travailleur, quand celui-ci est fortement suggéré? Les employés des commerces ciblés sont pour la plupart des jeunes, des travailleurs temporaires et/ou à temps partiel, des femmes, bref ceux qui sont généralement dans les situations d’emploi les plus précaires.

La loi du repos dominical était parmi tant d’autres, une loi censée protéger les salariés les plus vulnérables contre les abus et pour permettre à tous de pouvoir se reposer et préserver leur santé. Rappelons qu’avant son existence le travail du dimanche n’était pas forcé, il était « volontaire » dans le sens où, un salarié qui décidait de ne pas travailler n’était pas pénalisé, il n’était simplement pas payé, tout comme la loi Macron le prévoit pour les travailleurs des commerces si elle est mise en vigueur. Nous noterons cependant que malgré son aspect volontaire, les salariés eux se sentaient bels et biens obligés de travailler, à l’instar de ceux qui témoignent en défaveur de la loi Macron. Comme l’a dit Marx : « Le domaine de la liberté commence là où s’arrête le travail déterminé par la nécessité. »[3] Les travailleurs et syndicats seraient-ils simplement pessimistes? Est-ce que la loi Macron laisserait réellement présager un retour en arrière dans le domaine des droits des travailleurs?

Autres références : - Travail du dimanche, pouvoir d'achat… ce que prévoit (ou pas) la future loi Macron - http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/12/08/travail-du-dimanche-autocars-professions-reglementees-qu-y-a-t-il-dans-la-loi-macron_4536498_4355770.html

- Repos dominical en France (la loi de 1906) -https://fr.wikipedia.org/wiki/Repos_dominical_en_France





[1] Principes généraux de la loi de 1906
[2] Cf article de référence : Travail du dimanche : du « volontariat forcé », selon les syndicats

[3] Citation de Karl Marx : http://evene.lefigaro.fr/citations/karl-marx?page=2

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