Le travail du dimanche :
progrès ou régression?
Référence
de l’article : Travail du dimanche :
du « volontariat forcé », selon les syndicats -
En France
le dimanche, les magasins sont fermés. À part quelques rares marchés
alimentaires et boulangeries ouverts jusqu’à midi pour les matinaux ou ceux qui
n’auraient pas rempli leurs réfrigérateurs à temps pendant la semaine ou le
samedi, tous les autres commerces sont fermés.
Cette
proposition de remettre au goût du jour le travail du dimanche est un des
volets de la loi « Macron », qui vise à assouplir les présentes lois
en vigueur sur le travail le dimanche et la nuit, et s’appliquerait aux
commerces des « zones
touristiques internationales », telles que Paris, Nice, Cannes, etc… Cette loi qui à
l’origine était censée promouvoir la croissance et le pouvoir d’achat des
Français, vise à présent d’autres buts, à savoir mettre l’accent sur la
compétitivité et la réforme.
Faisons
un petit retour en arrière dans l’histoire ; le repos dominical est une loi qui
avait été votée en 1906, dans la lignée des lois et réglementations mis en œuvre
au XXe siècle, (comme la journée de travail de 8 heures) afin d’améliorer
les conditions de vie et de travail des salariés. À quelques exceptions près
tels que les commerces alimentaires cités plus haut, cette loi s’applique à
tous et ce faisant, restreint le principe de liberté du commerce et de
l'industrie, au profit, selon le Conseil constitutionnel de l’époque, de
la santé et du bien-être publics des travailleurs.[1]
Les
manifestants étant contre la loi Macron ainsi que syndicats qui les supportent,
sont sceptiques et cyniques face aux bienfaits supposés que la loi est censée
amener et je ne peux que les approuver. Une des raisons mise en avant en faveur
de la loi est que le travail du dimanche et l’ouverture des commerces jusqu’à
minuit permettrait aux touristes d’avoir plus de temps pour faire leurs achats
et ainsi augmenter le chiffre d’affaires des commerçants. Aussi selon « Claude
Boulle, président exécutif de l’Union du grand commerce de centre-ville, […] «
le touriste qui se présente le dimanche devant un magasin fermé ne va pas
revenir le jeudi ». »[2]
Il est
vrai qu’au Québec par exemple, nous sommes habitués à présents à ce que les
commerces, services et entreprises soient pour la pluparts ouverts et
disponibles sept jours sur sept. Il est ainsi fort probable qu’en position de
touriste, nous pourrions effectivement trouver gênant et déstabilisant de ne
pas pouvoir profiter des commerces le dimanche. Cependant est ce que cela nous
frustrerait au point que nous ne voulions pas revisiter un commerce en
particulier? Est-ce qu’il n’y a pas d’autres activités - profitables à l’économie - que le « shopping » auquel un touriste
peut s’adonner quand il visite un pays?
C’est en
partie pourquoi l’argument de Mr Boulle me paraît un peu faible, dans la mesure
où je pense que les gens peuvent généralement s’attendre à ce que des commerces
puissent être fermés un ou deux jours de la fin de semaine, d’autant plus si ce
jour est le dimanche. Conclure qu’un touriste serait frustré au point de ne pas
vouloir revisiter le commerce en question un autre jour de la semaine (où il
est revanche prévu et normal qu’il soit ouvert) me parait exagéré. Je doute
également qu’étendre l’ouverture des magasins jusqu’à minuit soit réellement
profitable. Comme il est mentionné dans l’article, il y a des coûts certains à
prendre en compte pour rendre effectif ces prolongations d’heures de travail,
mais en revanche aucune garantie réelle quant à la rentabilité d’une telle
démarche, ou du moins aucune étude ou preuve proposée en ce sens.
Enfin,
il est question également dans la loi Macron d’établir ce travail du dimanche
et de la nuit comme un travail de volontariat. Or peut-on réellement le considérer
comme du volontariat, comme une décision libre du travailleur, quand celui-ci est
fortement suggéré? Les employés des commerces ciblés sont pour la plupart des
jeunes, des travailleurs temporaires et/ou à temps partiel, des femmes, bref
ceux qui sont généralement dans les situations d’emploi les plus précaires.
La loi
du repos dominical était parmi tant d’autres, une loi censée protéger les
salariés les plus vulnérables contre les abus et pour permettre à tous de
pouvoir se reposer et préserver leur santé. Rappelons qu’avant son existence le
travail du dimanche n’était pas forcé, il était « volontaire » dans
le sens où, un salarié qui décidait de ne pas travailler n’était pas pénalisé,
il n’était simplement pas payé, tout comme la loi Macron le prévoit pour les
travailleurs des commerces si elle est mise en vigueur. Nous noterons cependant
que malgré son aspect volontaire, les salariés eux se sentaient bels et biens
obligés de travailler, à l’instar de ceux qui témoignent en défaveur de la loi
Macron. Comme l’a dit Marx : « Le domaine de la liberté commence là
où s’arrête le travail déterminé par la nécessité. »[3] Les travailleurs et
syndicats seraient-ils simplement pessimistes? Est-ce que la loi Macron
laisserait réellement présager un retour en arrière dans le domaine des droits
des travailleurs?
Autres références : - Travail du dimanche, pouvoir d'achat… ce que prévoit (ou pas) la future loi Macron - http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/12/08/travail-du-dimanche-autocars-professions-reglementees-qu-y-a-t-il-dans-la-loi-macron_4536498_4355770.html
- Repos dominical en France (la loi de 1906)
-https://fr.wikipedia.org/wiki/Repos_dominical_en_France
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