vendredi 25 septembre 2015

Fini les fins de semaine !

Fini les fins de semaine !

Un enjeu du domaine du monde du travail entraine la discorde en France. Effectivement, l’ensemble des syndicats, travailleurs et économistes ne sont pas d’accord sur la pertinence du travail le dimanche et en soirée. Il est passionnant de voir la position que prennent ces différents partis en tenant de défendre leurs intérêts.

En fait, la loi Macron, qui a été adoptée, modifie l’encadrement que la législation définissait. Et ce, en modifiant les possibilités d’ouvertures des commerce de vente au détail de biens et services le dimanche et en soirée[1]. Il est important de souligner que cette loi est limitée à des zones spécifiques ou le potentiel économique est plus intéressant. Ainsi, des zones touristiques internationales et commerciales seront définies par un décret et elles seront sujettes à ces nouveaux horaires. Autrement dit et interprété par certains, cette loi vient ouvrir la porte à une consommation plus flexible, mais elle vient aussi limiter le repos dominical et les fins de soirées fixées auparavant à 21h durant la semaine. Plus spécifiquement, les commerces auront le droit d’ouvrir 12 dimanches par an, comparativement à 5. En soirée, les heures de fermeture seront repoussées à minuit plutôt que 21h. Une volonté de protéger les employés se fait sentir dans cette loi qui oblige les employeurs à payer l’équivalent du double du salaire pour les travailleurs du dimanche, tout en offrant une compensation pour la garde des enfants pour ceux qui en ont. Aussi, le transport doit être mis à disposition pour les employés qui finissent à des heures tardives.

En analysant cette controverse, il est intéressant d’établir un parallèle avec la période de la révolution industrielle, celle-là même où les conditions de travail étaient précaires pour ne pas dire misérables. En fait, il est évident que ces conditions sont de loin meilleures! Ce qui saute aux yeux, c’est la volonté de réinstaurer le travail sur une base plus présente en ignorant le repos dominical. Anne Kouvari, dans son documentaire Il était une fois le salariat parle du bonheur et d’un sentiment de vivre un rêve que les ouvriers ont eu lorsque, finalement, la journée de semaine a été encadrée à cinq jours par semaine. Aujourd’hui, le contraire s’installe, la législation fait un pas en arrière pour étendre cette semaine de travail à un jour supplémentaire et on a le sentiment que les employés ont de moins en moins une possibilité de se construire une vie hors de ce cadre. On ne travaille plus pour vivre, on vit pour travailler dans une organisation sociétale qui bouleverse la vie privée pour instaurer un rythme de travail omniprésent dans la vie des particuliers. Une routine qui n’a rien avoir avec la simplicité de la vie de la tribu de Boschimans dans le film Les dieux sont tombés sur la tête, puisque ces derniers se sont adaptés à leur environnement contrairement au comportement du citadin qui a adapté son environnement à ses désirs. Ce qui est certain, c’est que le monde du travail a pris une place considérable à cause de l’importance de l’économie dans la société moderne. L’évolution de l’homme se construit autour de cette sphère puisque même le choix du domaine d’étude des jeunes se fait en fonction de l’emploi qu’ils veulent occuper dans leur avenir.

En se basant sur l’avis de spécialiste, il est possible de voir une vive divergence dans la perception partagée. Effectivement, même si la loi Macron limite ce changement d’horaire à certaines zones bien définies, Karl Ghazi syndicaliste français actif, prédit que cette loi s’étendra à l’ensemble du pays puisque les autres commerçants crieront à l’injustice qui les désavantage au niveau de la concurrence. Pour lui, un tel changement bouleverse l’équilibre sociétal et touche dangereusement au repos dominical. D’un autre côté, l’économiste Gilbert Cette voit en la loi Macron une liberté intéressante et pertinente pour les consommateurs, les entreprises et les employés qui se voient donner la permission de consommer, vendre ou travailler à plus d’heures et avec plus de flexibilité.

Qu’en est-il de l’opinion des employés directement touchés par cette réforme? Le journal Monde propose un article reflétant une attitude assez négative dans son dossier économie. Il est important de spécifier que la loi stipule que les employés qui choisissent de travailler dans ces nouvelles plages horaires, doivent le faire d’une manière volontaire. Des témoignages dans l’article décrivent une pression par les gérants et une attaque à la solidarité lorsque certains refusent de se présenter à ces moments, on parle donc d’un « volontariat forcé ». Certains s’attaquent aussi à la définition d’une zone touristique internationale, ils reprochent au décret de toucher des endroits qui n’ont que très rarement des touristes. Enfin, les jeunes sont les plus soumis à cette pression puisqu’ils sont souvent des intérimaires qui se retrouvent à la merci des demandes des patrons.

Alors, la valeur du travail tient une place différente d’une sphère sociale à l’autre. Villermé soutient dans son texte Tableaux de l’état physique et moral des salariés qu’il faudrait absolument réglementer  travail des enfants. Cependant, il n’encourage pas une intervention trop présente des autorités dans l’organisation des entreprises. Je pense que la même inquiétude de Villermé envers le futur des enfants doit être ressentie face à cette volonté  d’ignorer et abolir le repos dominicain et l’intervention de l’État doit se faire à ce niveau pour protéger la fin de semaine qui permet aux enfants de voir leur parents et aux employés de se reposer. Un tel changement transformerait notre société en une communauté entièrement axée vers le travail et on reviendrait à la conception du travail comme étant une valeur primordiale. Cela nous ramènerait donc à l’époque de la révolution industrielle où l’employé n’avait le droit à aucune vie personnelle mise à part à celle de son emploi.

L’évolution des mœurs et le développement technologique a radicalement changé le monde depuis la révolution industrielle : les employés ne sont plus sujet à des conditions de travail mettant leur vie en danger et une relative sécurité sociale est accordée à la majorité. Quoiqu’il en soit, le désir de produire et gagner de l’argent reste un phénomène éternel depuis cette période triste du monde. Malheureusement, cette tendance capitaliste commence à toucher des traditions, tel que le repos dominical, qui était à la base instauré pour permettre au citoyen de vivre selon un équilibre bénéfique pour lui et l’ensemble de la société qui est organisé autour du travail.

                                                                                                                                  Kerkar Ibtissam  

Référence


https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/008391

http://classiques.uqac.ca/classiques/villerme_louis_rene/tableaux_salaries_france/tableaux_salaries_fr.pdf




[1] https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/008391

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