Fini les fins de semaine !
Un enjeu du
domaine du monde du travail entraine la discorde en France. Effectivement,
l’ensemble des syndicats, travailleurs et économistes ne sont pas d’accord sur
la pertinence du travail le dimanche et en soirée. Il est passionnant de voir
la position que prennent ces différents partis en tenant de défendre leurs
intérêts.
En fait, la loi
Macron, qui a été adoptée, modifie l’encadrement que la législation
définissait. Et ce, en modifiant les possibilités d’ouvertures des commerce de
vente au détail de biens et services le dimanche et en soirée[1].
Il est important de souligner que cette loi est limitée à des zones spécifiques
ou le potentiel économique est plus intéressant. Ainsi, des zones touristiques
internationales et commerciales seront définies par un décret et elles seront
sujettes à ces nouveaux horaires. Autrement dit et interprété par certains,
cette loi vient ouvrir la porte à une consommation plus flexible, mais elle
vient aussi limiter le repos dominical et les fins de soirées fixées auparavant à 21h durant la semaine. Plus
spécifiquement, les commerces auront le droit d’ouvrir 12 dimanches par an,
comparativement à 5. En soirée, les heures de fermeture seront repoussées à
minuit plutôt que 21h. Une volonté de protéger les employés se fait sentir dans
cette loi qui oblige les employeurs à payer l’équivalent du double du salaire
pour les travailleurs du dimanche, tout en offrant une compensation pour la
garde des enfants pour ceux qui en
ont. Aussi, le transport doit être mis à disposition pour les employés qui
finissent à des heures tardives.
En analysant
cette controverse, il est intéressant d’établir un parallèle avec la période de
la révolution industrielle, celle-là même où
les conditions de travail étaient précaires pour ne pas dire misérables. En fait, il est évident que ces
conditions sont de loin meilleures! Ce qui saute aux yeux, c’est la volonté de
réinstaurer le travail sur une base plus présente en ignorant le repos
dominical. Anne Kouvari, dans son documentaire Il était une fois le salariat parle du bonheur et d’un sentiment de
vivre un rêve que les ouvriers ont eu lorsque, finalement, la journée de
semaine a été encadrée à cinq jours par semaine. Aujourd’hui, le contraire
s’installe, la législation fait un pas en arrière pour étendre cette semaine de
travail à un jour supplémentaire et on a le sentiment que les employés ont de
moins en moins une possibilité de se construire une vie hors de ce cadre. On ne
travaille plus pour vivre, on vit pour travailler dans une organisation sociétale
qui bouleverse la vie privée pour instaurer un rythme de travail omniprésent
dans la vie des particuliers. Une routine qui n’a rien avoir avec la simplicité
de la vie de la tribu de Boschimans dans le film Les dieux sont tombés sur la tête, puisque ces derniers se sont
adaptés à leur environnement contrairement au comportement du citadin qui a
adapté son environnement à ses désirs. Ce qui est certain, c’est que le monde
du travail a pris une place considérable à cause de l’importance de l’économie
dans la société moderne. L’évolution de l’homme se construit autour de cette
sphère puisque même le choix du domaine d’étude des jeunes se fait en fonction
de l’emploi qu’ils veulent occuper dans leur avenir.
En se basant sur
l’avis de spécialiste, il est possible de voir une vive divergence dans la
perception partagée. Effectivement, même si la loi Macron limite ce changement
d’horaire à certaines zones bien définies, Karl Ghazi syndicaliste français
actif, prédit que cette loi s’étendra à l’ensemble du pays puisque les autres
commerçants crieront à l’injustice qui les désavantage au niveau de la concurrence.
Pour lui, un tel changement bouleverse l’équilibre sociétal et touche
dangereusement au repos dominical. D’un autre côté, l’économiste Gilbert Cette
voit en la loi Macron une liberté intéressante et pertinente pour les
consommateurs, les entreprises et les employés qui se voient donner la
permission de consommer, vendre ou travailler à plus d’heures et avec plus de
flexibilité.
Qu’en est-il de
l’opinion des employés directement touchés par cette réforme? Le journal Monde
propose un article reflétant une attitude assez négative dans son dossier
économie. Il est important de spécifier que la loi stipule que les employés qui
choisissent de travailler dans ces nouvelles plages horaires, doivent le faire
d’une manière volontaire. Des témoignages dans l’article décrivent une pression
par les gérants et une attaque à la solidarité lorsque certains refusent de se
présenter à ces moments, on parle donc d’un « volontariat forcé ».
Certains s’attaquent aussi à la définition d’une zone touristique internationale,
ils reprochent au décret de toucher des endroits qui n’ont que très rarement
des touristes. Enfin, les jeunes sont les plus soumis à cette pression
puisqu’ils sont souvent des intérimaires qui se retrouvent à la merci des
demandes des patrons.
Alors, la valeur
du travail tient une place différente d’une sphère sociale à l’autre. Villermé
soutient dans son texte Tableaux de l’état
physique et moral des salariés qu’il faudrait absolument réglementer travail des enfants. Cependant, il n’encourage
pas une intervention trop présente des autorités dans l’organisation des
entreprises. Je pense que la même inquiétude de Villermé envers le futur des
enfants doit être ressentie face à cette volonté d’ignorer et abolir le repos dominicain et l’intervention
de l’État doit se faire à ce niveau pour protéger la fin de semaine qui permet
aux enfants de voir leur parents et aux employés de se reposer. Un tel
changement transformerait notre société en une communauté entièrement axée vers
le travail et on reviendrait à la conception du travail comme étant une valeur
primordiale. Cela nous ramènerait donc à l’époque de la révolution industrielle
où l’employé n’avait le droit à aucune vie personnelle mise à part à celle de
son emploi.
L’évolution des
mœurs et le développement technologique a radicalement changé le monde depuis
la révolution industrielle : les employés ne sont plus sujet à des
conditions de travail mettant leur vie en danger et une relative sécurité
sociale est accordée à la majorité. Quoiqu’il en soit, le désir de produire et
gagner de l’argent reste un phénomène éternel depuis cette période triste du
monde. Malheureusement, cette tendance capitaliste commence à toucher des
traditions, tel que le repos dominical, qui était à la base instauré pour
permettre au citoyen de vivre selon un équilibre bénéfique pour lui et
l’ensemble de la société qui est organisé autour du travail.
Référence
https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/008391
http://classiques.uqac.ca/classiques/villerme_louis_rene/tableaux_salaries_france/tableaux_salaries_fr.pdf
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