dimanche 27 septembre 2015


La crise des migrants, une opportunité économique?

Dans la foulée de la problématique des migrants syriens fuyant leur pays par milliers, plusieurs sonnent l’alarme face aux possibles conséquences d’une intégration massive et subite d’immigrants. Dans cet élan, La Croix, un quotidien français, a publié un article faisant sommairement l’état de ces possibles conséquences pour le cas français [1].

En effet, il semble impossible d’évaluer l’impact d’une telle vague d’immigration sans prend en compte l’argument économique qui, probablement à tort, éclipse souvent des réflexions plus humaines. Ceci étant dit, il est vrai que l’intégration subite de milliers de nouveaux arrivants pose certaines questions. Quel sera le coût des mesures sociales d’intégration? Dans quelles conditions se fera l’intégration culturelle?  S’agira-t-il plutôt d’une charge sociale ou d’une contribution? Globalement, est-il profitable d’accueillir un aussi grand nombre de personnes?

Ainsi, l’article pèse les pours et les contres de cette problématique dans le contexte français. En effet, il est flagrant que cela représente un coût budgétaire en termes de mesures d’intégration immédiate que ce soit pour l’hébergement, l’alimentation ou simplement en terme de gestion. Le gouvernement français débloque ainsi 613 millions d’euros d’ici 2017 pour pallier à l’accueil des 24 000 migrants syriens. Cependant, l’envers de la médaille est également envisagé dans cet article, et ce à travers le domaine du travail. En effet, l’aspect positif de cette vague d’immigration est perçu par certains comme une opportunité à long terme, car ces derniers seraient de «futur travailleur et contribuable». Ils agiraient comme stimulant pour l’économie française.

À mon sens, il est plus pertinent de pencher pour une analyse à long terme et donc d’impliquer le retour socio-économique de cette vague d’immigrants. Cependant, encore quelques points doivent être pris en compte dont deux principaux selon moi, d’abord la condition du marché de l’emploi du pays d’accueil et ensuite le manque de prise sur ce marché que peut avoir un nouvel arrivant mal intégré.

Ainsi, il est important de prendre en compte la condition du marché de l’emploi du pays d’accueil dans la mesure où il faut s’assurer qu’il y est réellement une demande au niveau de la main d’œuvres que pourra ainsi remplir la vague d’immigrants. Dans le cas contraire, l’intégration excessive peut réellement apparaitre comme problématique autant pour les migrants que pour le pays d’accueil. En effet, sans option d’emploi les migrants se verront confiner à des conditions de vie restreintes et possèderont peu de moyens d’épanouissement dans une société articuler autour du statut de l’emploi. De plus, si ces derniers n’ont pas accès au marché du travail, ils se tourneront inévitablement vers les prestations sociales, entrainant ainsi un cout supérieur pour le pays d’accueil. Dans le cas français, certains diront que le pays est encore trop touché par la crise économique de 2008 et que l’intégration subite de nouveaux travailleurs entrainerait seulement un poids supplémentaire et un plus grand taux de chômage. Toutefois, d’autre tel que le Medef argumenteront qu’il y a en ce moment autour de 320 000 emplois que les migrants  pourraient occuper. Ainsi, si l’on considère la condition du cas français, qui est d’ailleurs encore la «5ieme puissance économique mondiale», il semblerait y avoir de la place pour les 24 000 migrants envisagés d’ici 2017 et voire même pour encore plus.

Ceci m’emmène donc à mon deuxième point de questionnement, soit celui de la prise qu’un nouvel arrivant peut avoir sur un marché du travail inconnu. Ne connaissant ni la langue ni les mécanismes, les nouveaux arrivants peuvent trouver un emploi certes, mais se trouvent souvent confiner à des emplois précaires. D’ailleurs dans le cas français, il semblerait que les 320 000 emplois disponibles seraient plutôt de ce type. Ils se trouvent alors soumis à des conditions de travail inacceptables, mais ne possèdent pas les outils ni les ressources pour accéder à de meilleures conditions. De plus, les immigrants peuvent faire face à des problèmes de reconnaissance de formation pouvant mener plusieurs personnes vers le travail surqualifié. Ainsi, il me semble important de considérer non seulement l’impact que peut avoir une vague de migrants sur le marché du travail du pays d’accueil, mais également l’effet qu’un marché inconnu peut avoir sur la mobilité socio-économique de ces derniers.

Ceci étant dit, toute analyse socio-économique est pertinente pour analyser cette crise, mais il me semble, tel que mentionner au début, que cela éclipse des réflexions plus humaines. En effet, ce type d’analyse ne prend pas en considération la différence de contexte qu’il y a entre le pays d’accueil et le pays de provenance et ainsi néglige, selon moi, la nécessité de réduire l’importance de l’argument économique face des arguments plutôt moraux ou même altruistes.

Jacob Boivin

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