La crise des migrants, une opportunité
économique?
Dans la foulée de la problématique des migrants
syriens fuyant leur pays par milliers, plusieurs sonnent l’alarme face aux
possibles conséquences d’une intégration massive et subite d’immigrants. Dans
cet élan, La Croix, un quotidien français, a publié un article faisant
sommairement l’état de ces possibles conséquences pour le cas français [1].
En effet, il semble impossible d’évaluer l’impact
d’une telle vague d’immigration sans prend en compte l’argument économique qui,
probablement à tort, éclipse souvent des réflexions plus humaines. Ceci étant
dit, il est vrai que l’intégration subite de milliers de nouveaux arrivants pose
certaines questions. Quel sera le coût des mesures sociales d’intégration? Dans
quelles conditions se fera l’intégration culturelle? S’agira-t-il plutôt d’une charge sociale ou d’une
contribution? Globalement, est-il profitable d’accueillir un aussi grand nombre
de personnes?
Ainsi, l’article pèse les pours et les
contres de cette problématique dans le contexte français. En effet, il est
flagrant que cela représente un coût budgétaire en termes de mesures d’intégration
immédiate que ce soit pour l’hébergement, l’alimentation ou simplement en terme
de gestion. Le gouvernement français débloque ainsi 613 millions d’euros d’ici
2017 pour pallier à l’accueil des 24 000 migrants syriens. Cependant, l’envers
de la médaille est également envisagé dans cet article, et ce à travers le
domaine du travail. En effet, l’aspect positif de cette vague d’immigration est
perçu par certains comme une opportunité à long terme, car ces derniers
seraient de «futur travailleur et contribuable». Ils agiraient comme stimulant
pour l’économie française.
À mon sens, il est plus pertinent de
pencher pour une analyse à long terme et donc d’impliquer le retour
socio-économique de cette vague d’immigrants. Cependant, encore quelques points
doivent être pris en compte dont deux principaux selon moi, d’abord la
condition du marché de l’emploi du pays d’accueil et ensuite le manque de prise
sur ce marché que peut avoir un nouvel arrivant mal intégré.
Ainsi, il est important de prendre en
compte la condition du marché de l’emploi du pays d’accueil dans la mesure où
il faut s’assurer qu’il y est réellement une demande au niveau de la main d’œuvres
que pourra ainsi remplir la vague d’immigrants. Dans le cas contraire, l’intégration
excessive peut réellement apparaitre comme problématique autant pour les
migrants que pour le pays d’accueil. En effet, sans option d’emploi les
migrants se verront confiner à des conditions de vie restreintes et possèderont
peu de moyens d’épanouissement dans une société articuler autour du statut de l’emploi.
De plus, si ces derniers n’ont pas accès au marché du travail, ils se
tourneront inévitablement vers les prestations sociales, entrainant ainsi un
cout supérieur pour le pays d’accueil. Dans le cas français, certains diront
que le pays est encore trop touché par la crise économique de 2008 et que l’intégration
subite de nouveaux travailleurs entrainerait seulement un poids supplémentaire
et un plus grand taux de chômage. Toutefois, d’autre tel que le Medef
argumenteront qu’il y a en ce moment autour de 320 000 emplois que les
migrants pourraient occuper. Ainsi, si l’on
considère la condition du cas français, qui est d’ailleurs encore la «5ieme
puissance économique mondiale», il semblerait y avoir de la place pour les 24 000
migrants envisagés d’ici 2017 et voire même pour encore plus.
Ceci m’emmène donc à mon deuxième point
de questionnement, soit celui de la prise qu’un nouvel arrivant peut avoir sur
un marché du travail inconnu. Ne connaissant ni la langue ni les mécanismes,
les nouveaux arrivants peuvent trouver un emploi certes, mais se trouvent
souvent confiner à des emplois précaires. D’ailleurs dans le cas français, il
semblerait que les 320 000 emplois disponibles seraient plutôt de ce type.
Ils se trouvent alors soumis à des conditions de travail inacceptables, mais ne
possèdent pas les outils ni les ressources pour accéder à de meilleures
conditions. De plus, les immigrants peuvent faire face à des problèmes de reconnaissance
de formation pouvant mener plusieurs personnes vers le travail surqualifié. Ainsi,
il me semble important de considérer non seulement l’impact que peut avoir une
vague de migrants sur le marché du travail du pays d’accueil, mais également l’effet
qu’un marché inconnu peut avoir sur la mobilité socio-économique de ces
derniers.
Ceci étant dit, toute analyse
socio-économique est pertinente pour analyser cette crise, mais il me semble,
tel que mentionner au début, que cela éclipse des réflexions plus humaines. En
effet, ce type d’analyse ne prend pas en considération la différence de
contexte qu’il y a entre le pays d’accueil et le pays de provenance et ainsi
néglige, selon moi, la nécessité de réduire l’importance de l’argument économique
face des arguments plutôt moraux ou même altruistes.
Jacob Boivin
[1]
http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/L-arrivee-des-migrants-une-chance-pour-l-economie-francaise-2015-09-27-1361642,
consulté en ligne le 26 septembre 2015.
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