dimanche 27 septembre 2015

Le libéralisme et la face cachée du chômage : un exemple Québécois

L'instauration du capitalisme a transformé les dynamiques économiques au fil du temps, et ces transformations ont notamment propulsé la création du marché du travail et du salariat. Adam Smith parle d'une société moderne où le salariat fait loi, de l'essor de ce qu'il appelle le néo-libéralisme. Le travail et les problématiques qui l'entourent peuvent être vus sous plusieurs angles, mais il demeure que celles-ci sont d'autant plus présentes dans le monde actuel.

Au Québec, l'industrie manufacturière a perdu 140 000 emplois en l'espace de 10 ans, de 2004 à 2014. Il s'agissait très souvent d'emplois bien rémunérés et occupés par des travailleurs expérimentés. Seulement, ces travailleurs ont un faible niveau d'éducation, ce qui signifie qu'une perte d'emploi représente un dur coup quant à la possibilité d'en retrouver un.

Mais pourquoi ces licenciements de masse ? Il faut se ramener au système libéral, où la mobilité des travailleurs et le taux de roulement est très élevé. Villermé parle d'un système où il ne devrait pas y avoir trop de réglementation, une sorte d'ancêtre au libéralisme, qui prône la recherche de productivité ou de profits à court terme, ce qui motive les employeurs à innover, à "bouger les choses". Concrètement, ce sont les entreprises du textile, des scieries, des pâtes et papiers et l'industrie pétrochimique qui innovent dans des technologies qui deviennent mortelles pour les anciens travailleurs québécois. Ces derniers sont victimes d'un "retour à la réalité". Un employé qualifié mais avec peu de scolarité ne pourra pas trouver d'emploi à revenu égal ou supérieur en cas de licenciement, ce qui les pousse à accumuler plusieurs emplois en même temps pour survivre. De 2004 à 2014, le cumul d'emplois a augmenté de 31,1%, selon l'Institut de la statistique du Québec. Ce sont 177 100 québécois qui devaient cumuler plus d'un travail pour survivre en 2014.

Du côté des employés, on peut parler de culturalisme, puisque ceux-ci doivent se conformer à la société dans laquelle ils vivent, tandis que du côté des employeurs, on est plutôt dans une thèse évolutionniste, puisqu'elle prône que l'homme est un être de besoin, qui veut toujours plus. Alors, comment est-ce que le travail peut être un facteur de régulation et d'équilibre de la société s'il y a un tel clivage au sein de celle-ci ? Selon Karl Marx, il y a un rapport de domination camouflé, et le travail est un facteur de lutte sociale. Dans le cas de la situation manufacturière au Québec, le phénomène de la concurrence tend à "[...] effriter la transmission des savoirs, la socialisation et la transmission des compétences", selon Angelo Soares. Il rend aussi les conditions de travail moins généreuses, et les entreprises doivent "[...] gérer du harcèlement moral et de la détresse psychologique. Les travailleurs perdent toute loyauté envers l'employeur." Alors que le travail était vu auparavant comme une valorisation de l'homme, il devient une source de problèmes pour les travailleurs étant touchés par la nouvelle réalité sociale qui fait surface.

Comme l'énonce l'article étudié ici, cette situation critique des employés entraîne une mise en question de la légitimité du taux de chômage. Celui-ci est-il vraiment significatif de la réalité du marché du travail ? Il ne dit certainement pas tout, puisqu'il omet les personnes ayant déniché un travail moins payant qu'avant. Il est probablement difficile de mesurer un tel phénomène de manière concrète, mais il n'en demeure pas moins que cette dégradation des conditions de vie des travailleurs reste invisible aux yeux de la définition du chômage. Il est dit qu'il se crée "[...] d'avantage d'emplois temporaires que permanents au Québec. Or ce type d'emploi offre un salaire moyen de 19,41$ de l'heure contre 23.66$ pour les emplois permanents." Et avec ça viennent la perte d'avantages sociaux liés à ces baisses extrêmes de salaire. Dans les cas les plus graves, certains anciens employés ont même recours à l'aide sociale (bien-être social), dans le cas où ils n'arrivent tout simplement pas à retrouver un travail.

Cette nouvelle réalité remet en cause non seulement la notion de valeur du travail, vu comme un créateur de richesse, mais aussi du taux de chômage dans certains pays. Un taux de chômage bas dans un système libéral est-il signe de meilleure santé du marché du travail qu'un taux de chômage élevé dans un système conservateur ? Comme nous pouvons constater avec l'exemple décrit dans l'article, la situation des travailleurs québécois laisserait plutôt croire que le Québec s'appauvrit, et non le contraire.

Consultez l'article ici:

Condamnés à vivre avec moins d'argent


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