Peut-être
avez-vous déjà entendu parler de Malartic, ville dont la population actuelle
est de près de 3200 habitants qui fait constamment les manchettes grâce à la
plus grande mine d’or à ciel ouvert au Canada. Celle-ci a fait un grand émoi
dans la population de Malartic et les environs avant même d’avoir ouvert ces
portes pour avoir relocalisé une grande partie de la ville, dont le centre-ville.
Il est désormais notoire que les impacts sur la population de Malartic n’ont
rien d’aussi gai que les promesses qu’Osisko leur faisait[1].
Malgré son ouverture il y a déjà 5 ans de cela la mine Canadian Malartic est
constamment au centre des débats de la municipalité. Nous croyons que le cas de
Malartic reflète un problème sérieux dans les principes de politique du travail
à tout prix et devrait donc être le débat de notre société. Puisque le cas de
Malartic pose la question du coût social de l’emploi et de l’utilisation des
dites « ressources naturelles ».
Le portrait
de Malartic, comme beaucoup de petite ville ou de petit village de région, se
présente de manière complexe sur le territoire et semble difficilement
accessible à ceux qui ne le côtoient pas d’abord à cause de ce que la presse et
les politiciens en font.
Les
habitants de Malartic
Si les gens
veulent travailler et gagner leurs pains, cela ne veut pas dire pour autant
qu’ils doivent le faire au prix de leurs santés, de celle de leurs enfants,
ainsi que de celle de l’ensemble des animaux et végétaux qui habitent le territoire.
Le fait qu’une poignée de personnes reçoivent de l’argent d’une grande entreprise,
qui est en vérité la grande gagnante de cette transaction, puisqu’elle fera de
l’argent sur les propriétaires terriens qui lui ont cédé leurs milieux de vie à
un prix fixe, puis sur ces travailleurs (souvent les mêmes individus) qui ne seront
pas propriétaires de la plus-value issue de leurs forces de travail, sur ce qui
était leurs terres. C’est la santé de ces mêmes individus qui habitent à proximité
de la mine et celle des générations suivantes qui en sera minée. Les personnes
qui vivent aujourd’hui à Malartic et dans le voisinage ne recevront pas tous
des « compensations » sous forme de salaire ou de montant fixe pour racheter
une maison à l’écart des vibrations, de la poussière et du bruit, dues au
dynamitage. Actuellement, un quartier entier de la ville demande encore à être
déplacé parce qu’il souffre de cette nouvelle réalité. D’ailleurs, rien ne
viendra compenser les dégâts sur les habitants non-humain de Malartic, qui
trouveraient peu à faire de morceaux de polymère, lorsque leurs eaux, leurs
aires, et leurs nourritures se voient ensevelies sous la poussière.
Les
communautés autochtones
Osisko
soutient qu’aucune loi ne lui prescrit de redevances aux communautés autochtones
dans le cadre de ces activités, actuelles ou future, à Malartic si ce n’est que
de les tenir au courant de leurs décisions. Néanmoins, Osisko fait valoir qu’il
y eut discussion et que par conséquent il est plus que rempli sa responsabilité
auprès des premières nations touchées par la mine. Trois communautés
autochtones des environs, dont celle du Lac-Simon, ne sont pas satisfaites des propositions
de la minière. Celles-ci revendiquent un plus grand intérêt pour l’ensemble de
l’environnement et s’inquiètent de l’éventuel déplacement de la 117 sur le peu
de terre que les gouvernements blancs leur ont cédée. Ils désirent avoir des
redevances, comme la population de Malartic, se traduisant entre autres en emplois.
Des journalistes s’acharnent à demander à certains des porte-parole de ces
communautés quel montant pourrait les faire taire, pourtant ce que ces communautés
autochtones veulent et demandent ne peut pas se compenser que par des montants
d’argent, c’est ce que leurs porte-parole tentent en vain d’expliquer à des
individus qui, comme Ned Goodman (millionnaire, membre de l’ordre du Canada et
co-président d’Osisko), ne parlent qu’en termes de dollar[2].
Par conséquent, les groupes autochtones qui ne définissent pas leurs décisions sur
le seul appât du gain n’arrivent pas à trouver de terrain d’entente ni de
support sérieux auprès des autres acteurs du problème des mines, puisqu’ils ne
parlent pas la seule langue du bénéfice.
Pendant ce temps à Malartic…
…Un groupe d’habitant fait une marche pour manifester
son plaisir de vivre à Malartic sous les conditions imposées par la mine. À ce
sujet, je note cet éclaircissement édifiant, rapporter par Radio Canada « Il y a du monde qui soutiennent la mine, il y en a qui
vont soutenir la ville. Il y en a qui vont se soutenir eux autres même, parce
qu'ils sont bien à Malartic, et il y en a qui vont marcher pour changer l'image
négative que les médias ont parlé de Malartic, avec la poussière, la vibration
et tout, il y a beaucoup de monde qui vivent très bien avec ça. Malartic a pris
beaucoup d'ampleur. On a connu des années très moroses du côté de l'économie et
là, la ville a pris beaucoup de poil de la bête [3]». Il faut ici rappeler que
les années difficiles de Malartic sont elles aussi venues après le départ de minière[4] puisque comme toutes les
entreprises qui dépendent de l’extraction de ressources limitées, les mines ont
un cycle, vont et viennent comme bon leurs semble et sans garantit pour leurs
nombreux employés, livrant l’économie de ville et de région entière à elle-même
lorsque la ressource est épuisée.
L’argument économique
Quand des projets, comme celui du
plan Nord ou celui de Canadian Malartic, voient le jour les gouvernements ne
mettent pas de l’avant le caractère éphémère de ces emplois à gros salaire,
qui ne perdurent pas autant que les dégâts
environnementaux qu’ils engendrent, laissant pour compte leurs employés et le
reste de l’économie municipale. Tout un marché d’offre et de service se
développe dans ces villes lors des grandes rentrées d’argent, mais lorsque la
moitié de la ville se retrouve sans salaires les magasins ferment peu à peu
leurs portes, le prix des propriétés chute, les membres de la communauté doivent
désormais se débrouiller sans salaires pour rembourser des hypothèques qu’ils croyaient
payer avec des salaires de disons 40 à 150 mille dollars par années. Et c’est
ainsi que l’on crée une autre ville fantôme[5] dans le nord du Québec.
Si le gouvernement voulait vraiment
améliorer le sort des communautés rurales ainsi que du reste de la société, il
pourrait plutôt investir des domaines comme les nouvelles technologies, l’agriculture
biologique et l’innovation sociale, créer des emplois qui ne coûtent pas à la
nature, qui pourraient faire de nous des innovateurs et qui finalement
perduraient et ne disparaîtrait pas à la même vitesse qu’une forêt coupée à
blanc.
Des emplois à quel prix
Les institutions, qu’il s’agisse de
nos gouvernements, de nos médias et parfois même de nos familles, semblent souvent
s’unir pour dire que la priorité est à l’argent et que pour faire de l’argent
il faut travailler. Le travail en vient à former le centre de nos vies, on a
une vie d’étudiant(e) où l’on se prépare à travailler, on travaille puis
lorsqu’on arrête de travailler on est à la retraite. Mais quelle valeur a vraiment
ce travail, et quel prix sommes-nous prêts à payer pour faire plus d’argent ?
Il apparaît que la valeur des
territoires ancestraux autochtones est peu d’importance pour les écrivains du free mining act, soit notre gouvernement.
La question de l’environnement ne se propose probablement pas plus pour ceux
qui développent des mines à ciel ouvert, et qui permettent à une poignée
d’individu de devenir millionnaire. Les effets sur la « santé » sociale, physique
et psychologique de la ville semblent créer peu d’émoi même au palier municipal.
En effet, nombreuses sont les citations rapportées où Martin Ferron, le maire de Malaric, se prononce pour la
minière et contre ceux qui cherchent à recevoir des redevances, même lorsque la
minière ne respecte pas ces engagements auprès du gouvernement, de l’environnement
et d’un quartier entier.
« Je ne couche pas avec la
minière, dit-il. Mais on travaille avec eux par exemple, parce qu'on n'a pas le
choix. C'est le partenaire, je dirais. C'est la société qui est en cause
là-dedans. On n'a pas le choix d'être en relation directe. »[6]
Le cas de Malartic est l’exemple même
de la lutte constante entre les différents acteurs de la société pour définir les
conditions de vie et de cohabitations acceptables sur les territoires (ou le
territoire global). Il faut redéfinir qu’est-ce que sont des conditions de vie
acceptables et pour qui elles doivent l’être.
Si la vie dépend entièrement du
salaire aujourd’hui pour être vécu et bien je lève mon chapeau au capitalisme,
puis au salariat qui nous auront convaincus que; salir nos rivières et dévorer les
souterrains; déplacer, stresser et nuire à la santé des vivants humains ou pas;
de ne pas avoir de respect pour les premières nations dont on gruge constamment
les terres; et que la vie en générale vaut moins que tous l’or de Malartic.
Marie-Lou Desjardins
[1]
Brisson, G.,
et al., Effets individuels et sociaux
des changements liés à la reprise des activités minières à Malartic :
période 2006-2013, Rapport
de recherche, Institut nationale de la santé publique du Québec INSPQ, (2015)
article
radio Canada plainte des individus an al
http://www.miningmarkets.ca/news/ned-goodman-my-commodity-is-gold/
[3] Rivard-Boudreau, Émélie, Des citoyens ont marché à Malartic, Radio Canada (2016) lu le 25 septembre 2016 à http://ici.radio-canada.ca/regions/abitibi/2016/09/17/003-malartic-marche-mine-canadian-malartic-comite-malartic-positif.shtml
[4] « Les
principales mines qui ont produit à Malartic sont : Canadian Malartic
Mines, East-Malartic Gold Mines, Malartic GoldFields Mines ainsi que la
Barnat-Sladen Mines. Un total de plus de 8 millions d'onces d'or furent
extraits des sols de Malartic.» Malartic(Québec), Wikipédia, lu le 2 octobre 2016 à https://fr.wikipedia.org/wiki/Malartic_(Québec)
[5] À ce sujet
vous pouvez lire sur les villes de Gagnon, Joutel, Labrieville et Val-Jalbert qui furent déserté après la fermeture de mine, d’usine à papier ou d’autre
entreprise dont l’économie dépendait entièrement.
[6] Limage Vanessa,
Canadian Malartic : des citoyens demandent des actions concrètes au conseil municipal, Radio Canada, lu le 20 septembre 2016 à
://ici.radio-canada.ca/regions/abitibi/2016/02/10/001-conseil-municipal-citoyens-malartic-canadian-mine.shtml
Aucun commentaire:
Publier un commentaire