dimanche 2 octobre 2016

Maternité : un frein à l'avancement dans l'emploi?

« Le gouvernement fédéral laisse entendre que ses nouvelles mesures sur les congés parentaux comprendront une partie réservée exclusivement aux pères. » [1]
Voici une photo de bébé avec le nez qui coulent
Dans un but d’améliorer l’égalité homme femme au Canada, le gouvernement Trudeau souhaite, selon La Presse, mettre en place des mesures d’assurance-emploi pour un congé de paternité. Nous sommes en droit de nous demander si nous avons réellement progressé au niveau de l’équité entre les sexes dans les dernières années. Bien qu’il soit impossible de répondre non à cette question, je me permets de penser que nous avons encore du chemin à faire pour une réelle équité hommes femmes. Au Québec, nous avons la possibilité de partager le congé parental entre les deux parents, mais, il est important de rappeler que c’est encore généralement la femme qui est celle qui prend les congés lors des « journées de nez qui coule ». La raison est simple, pour bien des ménages, c’est la femme qui a un revenu moindre que l’homme. Toutefois, c’est en manquant ainsi le travail à chaque fois que ses enfants sont malades que la femme se retrouve encore à être celle qui perd des avantages au travail et à toucher le fameux « plafond de verre ».
Le « plafond de verre » est une image qui « désigne le fait que, dans une structure hiérarchique, les niveaux supérieurs ne sont pas accessibles à certaines catégories de personnes »[2]. Ce concept, lorsqu’appliqué à la femme, désigne généralement le manque d’équité homme femme qui rend les opportunités d’avancement pour la femme plus difficile et rare. Par exemple, on entend encore des histoires de patron qui sont retissant à engager des mères de famille (je le vois dans mon propre emploi chez Tim Horton) en nous ressortant l’idée selon laquelle les mères de famille vont faire passer leurs enfants avant leur emploi (devons-nous réellement les blâmer?) et qu’elles seront les premières à laisser l’équipe de côté lorsque leurs progénitures fera un peu de fièvre. Toutefois, lorsqu’une mère n’agit pas comme je l’ai décrit plus haut, on la considère comme une « mauvaise mère ». Si ce genre de discrimination se fait dans des emplois au bas de l’échelle salariale tel que Tim Horton, je n’imagine pas à quel point une mère de famille ou même une jeune femme en âge de vouloir (ou non) des enfants peut se retrouver diminuée face à la possibilité d’obtention d’un poste. Si l’on prend l’exemple du modèle de la centrifugation des emplois selon Jean-Pierre Durand, les employés extérieurs aux grandes firmes sont en constante compétition avec les autres dans le but d’obtenir des postes, des contrats, etc. : « ces salariés subissent des horaires difficiles, des rémunérations moindres, toujours menacées de ne pas avoir de “missions” et bien souvent cantonnées dans les fonctions ou dans les tâches les moins intéressantes »[3]. Dans une telle situation, il semble difficile d’entrer dans la compétition lorsque l’on a une famille à s’occuper et donc moins de disponibilités à faire de l’overtime. Aussi, je ne sais pas s’il serait faux d’insinuer que leur place en temps qu’employés intérieurs (soit les employés travaillant directement dans les grandes entreprises) soit compromise par le fait de devoir prendre des congés familiaux (congé maternité, jour de neige, nez-qui-coulent, etc.).
Au final, le fait de retourner plus vite au travail en laissant une partie du congé parental au père va-t-il réellement faire une différence au niveau du plafond de verre touché par les femmes? Espérons que oui. Toutefois, je suis d’avis que le changement va devoir s’opérer dans l’éducation des gens et que tant que les femmes n’auront pas réellement les mêmes chances que les hommes, ces dernières vont toujours être face au plafond de verre.

Jessica Bouchard



[1] http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201604/17/01-4972132-assurance-emploi-lidee-dun-conge-de-paternite-consideree.php[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Plafond_de_verre
[3] Durand, Jean-Pierre. 2004. «Les réformes structurelles de l'entreprise : l'intégration réticulaire et le flux tendu», dans La chaîne invisible, Travailler aujourd'hui : Flux tendu et servitude volontaire, Éditions du Seuil, Paris.
p.182

PHOTO : http://www.educatout.com/images/Un-nez-qui-coule-tout-le-temps--Que-faire--que-penser.jpg

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