Ce vieux cri marin, que les côtes
atlantiques américaines ont entendu de Leif Erickson[1]
à Jacques Cartier serait-il revenu à la mode ? Peut-être, car les sœurs Mac
Lean qui tiennent un petit magasin à Whycocomagh, au Cap-Breton, en
Nouvelle-Écosse, appelé Farmer’s Daughters, viennent de promettre à ceux qui
viendraient travailler pour elles de leur donner une terre de 8100m2,
2 acres[2].
Elles ont été submergées de réponses.
Au-delà de l’anecdote, cette
annonce, et surtout son succès, illustre un mouvement qui se développe dans le
monde du travail depuis plusieurs années, en particulier aux États Unis. Face à
un manque de main d’œuvre qualifiée, ou simplement motivée, et ayant du mal à
se démarquer de leurs concurrents en termes de pure rémunération, les
entreprises ont développé des offres visant à améliorer le cadre de travail, à
faciliter de bien des façons la vie de leurs employés pour qu’ils soient plus
concentrés sur leur activité.
L’imagination en ce domaine est très grande, et
recouvre 3 grandes catégories : D’abord les compléments de salaire : Findr
Interactive (Marketing, 50 employés) organise une convention annuelle dans
les Caraïbes pour tous ses employés, Freeborn & Peters (Avocats, 232 employés)
organise une « suitcase party » : les employés viennent avec
leur valise, 4 partent en week-end à Vegas, tous frais payés[3].
Mais dans ce domaine, Google va beaucoup plus loin : depuis 2011 le conjoint
de tout employé temps plein (environ 34000 personnes) qui décède se voit verser
50% de son salaire pendant 10 ans[4].
Ensuite viennent les aménagements du temps de travail : on peut amener son
chien au travail, ce qui réduit le stress perçu. Patagonia, en Californie,
encourage ses employés à faire du surf, ou du yoga[5]
pendant les pauses.
L’Institute for Integrative Nutrition a un
chef qui fournit repas bio et diététique, en plus des fleurs mises
quotidiennement sur le bureau de chaque employé. Et le plus tendance, le bureau
aménagé comme un appartement se répand dans le monde entier[6].
Enfin, le dernier volet consiste à faciliter la liaison vie familiale et
personnelle / vie professionnelle : Facebook donne jusqu’à 4000$ aux nouveaux
parents, plus 4 mois de congés payés; Starbucks prend à sa charge tous les frais
scolaires de ses employés qui veulent obtenir un baccalauréat. Parfois cela
prend des dimensions plus douteuses : Facebook et Apple vont payer les
frais de congélation des ovules pour leurs employées qui le désirent…..
Ce ne sont là que quelques exemples
plus ou moins spectaculaires d’une tendance qui va en s’affirmant : un
employé productif est un employé heureux. Pour certains employeurs modernes, ce
la va sans doute plus loin : comme le dit Laslo Bock, DRH
de Google : « we're doing these things… simply
because it's the right thing to do ». Mais qu’en pensent les employés,
sont-ils heureux au travail ? Globalement oui pour ceux de ces entreprise, mais
elles restent encore très minoritaires. Plus généralement, c’est difficile à
dire car les études sont contradictoires : en 2014 une étude publiée par Forbes
montre que 52% des employés ne sont pas heureux au travail[7].
En 2015, une étude menée par WorkplaceTrends et Staples Advantage, aux USA et
au Canada, nous dit que 86% des employés sont heureux au travail, mais sont
surchargés et épuisés[8].
Enfin, en 2016 Fortune publie l’étude annuelle de The Society for Human Resource Management (SHRM), qui dit que 88%
des employés son globalement satisfaits, le taux le plus haut depuis 10 ans[9].
L’institut attribue cela essentiellement à l’amélioration de la situation
économique...
Alors, un lopin de terre pour se
reposer ? Cela semble bien utile tant que les conditions de travail au
quotidien ne permettront pas réellement de tirer profit de ces avantages non
salariaux.
Par Christian Ousset
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