Et si l'on vous disait que dormir quelques instants
au travail n'est pas si mal. C’est même excellent. Plus que ça encore, des
patrons l'encouragent. Fantasme ou réalité ?
Si l'on se fie à un article de La Presse
de juin dernier, il semblerait qu'un petit somme ou une partie de pingpong
au boulot serait bénéfique, et ce, autant pour la santé mentale et
physique des employés que pour les employeurs qui verront la productivité
de leur main-d’œuvre augmenter[1].
D’ailleurs, de plus en plus d’entreprises commencent à adopter cette pratique
informelle en aménageant des salles de repos au sein de l’entreprise ou encore
en organisant des activités de détente pour leurs employés. L’article pense,
entre autres, au Huffington Post ou à Nurun, SidLee, Ubisoft et Shopify
au Québec[2].
Il n’est pas à tort de se demander s'il
est efficace de permettre à ses travailleurs de dormir ou de s’amuser pendant
les heures de travail. De plus, y a-t-il un réel gain de productivité au profit
de l’employeur et de l’employé ou n’est-ce qu’un moyen de garder ceux-ci au
travail plus longtemps?
Tout d’abord, lorsque l’on pense «fatigue au
travail», on peut facilement faire un lien avec les études d’Elton Mayo qui a
observé les effets de la monotonie et de la fatigue sur ce qu’on a appelé au
début du 20e siècle le «spleen industriel», autrement dit une perte
d’intérêt pour le travail[3].
Qui dit travail en chaine dit aliénation, redondance et fatigue. Cela nuit
d’une part à sa sécurité, et d’une autre part, à son taux de productivité.
Puis, exiger de garder une concentration constante pendant un minimum de 8h
n’est pas très plausible. Si l’on va plus loin que ça, en adoptant des «nap
rooms» les travailleurs ne seront pas uniquement plus productifs parce qu’ils
sont reposés, mais aussi parce qu’ils se sentent considérés par leur patron et y
verront une reconnaissance mutuelle. Mayo insiste beaucoup sur le fait que ce n’est
pas tant directement les récompenses qui augmentent la productivité, mais le
fait que les employés sentent qu’on se préoccupe d’eux[4].
Organiser des activités ou leur proposer une sieste pendant leur quart de
travail est une façon de leur communiquer qu’on leur fait confiance et que l’on
est conscient des efforts qu’ils portent à l’entreprise.
À cette époque comme aujourd’hui, plusieurs dirigeants
d’entreprises craignaient que par de telles pratiques les employés se mettent à
profiter de « leurs bonnes grâces » en devenant paresseux et en ne livrant pas
la marchandise. Pourtant, des résultats concrets sont ressorties autant des
observations de Mayo dans les années 20 qu’aujourd’hui par Arianna Huffington du
Huffington Post démontrant le gain important d’efficacité des salariés
profitant de ces nouvelles techniques de management.
Dans le même ordre d’idées, les «nap rooms» ne
semblent pas être mises en place dans le but de garder les travailleurs plus
longtemps puisque les entreprises optent plutôt pour des horaires dits
flexibles. Les employés décident de quand et combien de temps durent leurs
pauses puis sont assez autonomes pour finir plus tard s’ils sont arrivés plus
tard sans excéder l’entente d’heures totales par semaine faite avec le patron[5].
Bref, peut-être tenons-nous le secret d’une
compagnie prospère. Secret qui, après tout, ne tient en compte qu’un traitement
plus humain des salariés. Montrez à vos employés que vous reconnaissez leurs
efforts par le biais d’activités et de repos et vous obtiendrez une main d’œuvre
fidèle qui accomplira de grandes choses pour votre compagnie.
Jade Caron
[1] Siag, Jean. (2016). Au
bout? Non, au dodo!. La Presse. Repéré à
http://www.lapresse.ca/vivre/sante/201606/17/01-4992984-au-boulot-non-au-dodo.php
[2] Ibid.
[3] Aktouf, Omar. 1989. «Elton Mayo et les sciences du
comportement face au management du comportement organisationnel», dans «Le
management : entre renouvellement et tradition», Gaetan Morin Éditeur,
Montréal. p.173
[4] Ibid.
[5]
Siag, Jean. (2016). Au bout? Non, au dodo!.
La Presse. Repéré à
http://www.lapresse.ca/vivre/sante/201606/17/01-4992984-au-boulot-non-au-dodo.php
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