Les quarts de travail sur appel consistent à téléphoner à son lieu de
travail avant le début de celui-ci afin de savoir si on doit se présenter ou
pas aujourd’hui. L’instabilité de l’emploi au Canada dans les années 2014 a
donné naissance aux quarts de travail sur appel, en conséquence ceci a amené
beaucoup de frustration de la part des travailleurs. Dans l’article Le travail
sur appel dans la mire des syndicats[1],
publié par David Friend, la pratique est considérée comme bouleversante puisqu’elle
amène aux travailleurs de la vente et du service de l’instabilité financière. Les
États-Unis ont décidé d’abolir cette pratique puisque le problème a été détecté
dans plusieurs compagnies, par exemple Gap, Abercombie & Fitch et Victoria’s
Secret. Toutefois, au Canda ça n’a pas encore été fait.
Certains syndicats se sont battus pour que l’employeur offre à ses employés
les horaires prévisibles, fixes et avec un minimum d’heures garanties. Beaucoup
de succursales d’épicerie ont ainsi mis en place un projet Pilot afin de
garantir aux employés des heures stables et les horaires disponibles d’avance.
Toutefois cette nouvelle mise en place ne s’applique pas à toutes les
succursales et il y a encore plusieurs individus qui doivent délaisser leurs
vies personnelle, familiale ou scolaire pour le bien de leur employeur et pour
le succès de l’entreprise. Ici, je pense beaucoup au texte d’Engels puisque je
remarque que souvent les employeurs oublient que les gens ne sont pas des
machines, ils ont une vie privée qui doit être minimalement respectée pour le
bien psychologique de ces individus.[2]
Avec ma propre expérience, je peux vous dire que la pression est toujours
mise sur les nouveaux employés. Étant une employée dans un des milieux de santé
au Québec, je peux vous dire que le fonctionnement des quarts de travail sur
appel est drôlement fait. En effet, être sur appel consiste à donner
maximalement nos disponibilités pour qu’on puisse se faire appeler à la dernière
minute lorsqu’il y a un manque de la main-d’œuvre ou une absence d’un de nos collègues.
Ça consiste à dire que les nouveaux sont
plus avantagés s’ils se mettent disponibles en tout temps (jour, soir et nuit),
ainsi qu’à tous les jours de la semaine et à toutes les fins de semaine pour être
en mesure d’avoir un 40 heures. Le gros désavantage de ceci est que la vie
personnelle n’existe pas. Nous avons beaucoup de pression en sachant que 3
appels manqués c’est une note dans notre dossier, 3 refus amènent à une suspension
pour 1 semaine, après 3 suspensions nous avons une rencontre avec notre supérieur
et après 3 rencontres nous sommes mises à pied. Je suis tout à fait d’accord
avec Frederick Taylor qui nous
explique dans son texte que tous les excès de normes démotivent énormément les
travailleurs.[3] Évidements, nous ne sommes
pas syndiqués dans nos 50 jours de travail, il est donc préférable de ne pas s’absenter
et de respecter tous les règlements de ces appels à la dernière minute pour
venir au travail. Heureusement, après 50 jours d’essais si nous sommes engagés,
nous avons des droits différents puisque nous allons être syndiqués, malgré que
nous devons toutefois respecter les conditions pour la limite de refus aux
appels de dernière minute. Ces 50 jours sont très souvent démotivants pour les
nouveaux, ici je pense au texte d’Elton Mayo qui porte sur les relations humaines. La baisse de motivation chez les employés provoque
souvent une perte du sentiment d’importance face à l’entreprise, il est important
de se rappeler que l’efficacité dépend toute à faite de la satisfaction, si les
employés ne sont satisfaits ils sont beaucoup moins productifs.[4]
Comme on le mentionne dans l’article, il est beaucoup plus facile d’engager
beaucoup d’individus et de les garder sur appel, afin d’assurer un bon fonctionnement
de l’entreprise, par contre ceci n’assure aucune stabilité émotionnelle, ni familiale,
ni sociale et ni financière. Ici j’aimais faire référence au modèle de la
centrifugation, puisque ce dernier touche toutes les activités de toutes les
entreprises qu’elles produisent des services ou des biens. Ce modèle impose une
compétition entre les employés, dans la production et ainsi ça crée aussi du
surplus de la main d’œuvre. Finalement, nous pouvons qualifier cette pratique
sur appel d’une intégration professionnelle disqualifiante, puisque les
individus concernés finissent souvent par se replier sur eux même en affectant leurs
vies familiales. Bref, le cumul d’un travail mal vécu a des impacts négatifs
sur la vie sociale et familiale ainsi que sur la vie économique. [5]
Alisa Zhdanova
[1] La presse, Le travail sur appel dans la mire des syndicats, publié le 06 septembre
2015, http://affaires.lapresse.ca/economie/commerce-de-detail/201509/06/01-4898264-le-travail-sur-appel-dans-la-mire-des-syndicats.php
[3] Taylor, F. W. 2008 [1911]. « Fundamentals of Scientific Management »,
dans The Principles of Scientific Management, Forgotten Books. P.8.
[4] Aktouf, Omar.
1989. « Elton Mayo et les sciences du comportement face au management du
comportement organisationnel », dans « Le management : entre renouvellement et
tradition », Gaetan Morin Éditeur, Montréal. p. 172
[5] Durand, Jean-Pierre. 2004. « Les réformes structurelles de
l’entreprise : l’intégration réticulaire et le flux tendu », dans La chaîne
invisible, Travailler aujourd’hui : Flux tendu et servitude volontaire, Éditions
du Seuil, Paris. Pp. 186.
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