lundi 17 octobre 2016

Les pratiques de travail qui soulèvent des questions

Les quarts de travail sur appel consistent à téléphoner à son lieu de travail avant le début de celui-ci afin de savoir si on doit se présenter ou pas aujourd’hui. L’instabilité de l’emploi au Canada dans les années 2014 a donné naissance aux quarts de travail sur appel, en conséquence ceci a amené beaucoup de frustration de la part des travailleurs. Dans l’article Le travail sur appel dans la mire des syndicats[1], publié par David Friend, la pratique est considérée comme bouleversante puisqu’elle amène aux travailleurs de la vente et du service de l’instabilité financière. Les États-Unis ont décidé d’abolir cette pratique puisque le problème a été détecté dans plusieurs compagnies, par exemple Gap, Abercombie & Fitch et Victoria’s Secret. Toutefois, au Canda ça n’a pas encore été fait.

Certains syndicats se sont battus pour que l’employeur offre à ses employés les horaires prévisibles, fixes et avec un minimum d’heures garanties. Beaucoup de succursales d’épicerie ont ainsi mis en place un projet Pilot afin de garantir aux employés des heures stables et les horaires disponibles d’avance.

Toutefois cette nouvelle mise en place ne s’applique pas à toutes les succursales et il y a encore plusieurs individus qui doivent délaisser leurs vies personnelle, familiale ou scolaire pour le bien de leur employeur et pour le succès de l’entreprise. Ici, je pense beaucoup au texte d’Engels puisque je remarque que souvent les employeurs oublient que les gens ne sont pas des machines, ils ont une vie privée qui doit être minimalement respectée pour le bien psychologique de ces individus.[2]

Avec ma propre expérience, je peux vous dire que la pression est toujours mise sur les nouveaux employés. Étant une employée dans un des milieux de santé au Québec, je peux vous dire que le fonctionnement des quarts de travail sur appel est drôlement fait. En effet, être sur appel consiste à donner maximalement nos disponibilités pour qu’on puisse se faire appeler à la dernière minute lorsqu’il y a un manque de la main-d’œuvre ou une absence d’un de nos collègues.  Ça consiste à dire que les nouveaux sont plus avantagés s’ils se mettent disponibles en tout temps (jour, soir et nuit), ainsi qu’à tous les jours de la semaine et à toutes les fins de semaine pour être en mesure d’avoir un 40 heures. Le gros désavantage de ceci est que la vie personnelle n’existe pas. Nous avons beaucoup de pression en sachant que 3 appels manqués c’est une note dans notre dossier, 3 refus amènent à une suspension pour 1 semaine, après 3 suspensions nous avons une rencontre avec notre supérieur et après 3 rencontres nous sommes mises à pied. Je suis tout à fait d’accord avec Frederick Taylor qui nous explique dans son texte que tous les excès de normes démotivent énormément les travailleurs.[3] Évidements, nous ne sommes pas syndiqués dans nos 50 jours de travail, il est donc préférable de ne pas s’absenter et de respecter tous les règlements de ces appels à la dernière minute pour venir au travail. Heureusement, après 50 jours d’essais si nous sommes engagés, nous avons des droits différents puisque nous allons être syndiqués, malgré que nous devons toutefois respecter les conditions pour la limite de refus aux appels de dernière minute. Ces 50 jours sont très souvent démotivants pour les nouveaux, ici je pense au texte d’Elton Mayo qui porte sur les relations humaines. La baisse de motivation chez les employés provoque souvent une perte du sentiment d’importance face à l’entreprise, il est important de se rappeler que l’efficacité dépend toute à faite de la satisfaction, si les employés ne sont satisfaits ils sont beaucoup moins productifs.[4]

Comme on le mentionne dans l’article, il est beaucoup plus facile d’engager beaucoup d’individus et de les garder sur appel, afin d’assurer un bon fonctionnement de l’entreprise, par contre ceci n’assure aucune stabilité émotionnelle, ni familiale, ni sociale et ni financière. Ici j’aimais faire référence au modèle de la centrifugation, puisque ce dernier touche toutes les activités de toutes les entreprises qu’elles produisent des services ou des biens. Ce modèle impose une compétition entre les employés, dans la production et ainsi ça crée aussi du surplus de la main d’œuvre. Finalement, nous pouvons qualifier cette pratique sur appel d’une intégration professionnelle disqualifiante, puisque les individus concernés finissent souvent par se replier sur eux même en affectant leurs vies familiales. Bref, le cumul d’un travail mal vécu a des impacts négatifs sur la vie sociale et familiale ainsi que sur la vie économique. [5]



Alisa Zhdanova

[1] La presse, Le travail sur appel dans la mire des syndicats, publié le 06 septembre 2015, http://affaires.lapresse.ca/economie/commerce-de-detail/201509/06/01-4898264-le-travail-sur-appel-dans-la-mire-des-syndicats.php
[2] Cours 2, power point 38, lundi 19 septembre 2016.
[3] Taylor, F. W. 2008 [1911]. « Fundamentals of Scientific Management », dans The Principles of Scientific Management, Forgotten Books. P.8.

[4] Aktouf, Omar. 1989. « Elton Mayo et les sciences du comportement face au management du comportement organisationnel », dans « Le management : entre renouvellement et tradition », Gaetan Morin Éditeur, Montréal. p. 172
[5] Durand, Jean-Pierre. 2004. « Les réformes structurelles de l’entreprise : l’intégration réticulaire et le flux tendu », dans La chaîne invisible, Travailler aujourd’hui : Flux tendu et servitude volontaire, Éditions du Seuil, Paris. Pp. 186.

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