La présentation des deux invités au séminaire
de la semaine dernière (du 12 octobre) m’a appris beaucoup de choses. La
principale étant que le travail des migrants temporaires, mais aussi des
immigrants qui travaillent dans les agences, est assez invisible. On connaît
tous le stéréotype de la famille de TMR (Ville
Mont-Royal) qui emploie une aide familière, souvent asiatique, mais c’est à la
lecture des textes à l’étude pour cette semaine que j’ai réellement compris
l’ampleur du phénomène. Au Québec, on estimerait entre 20 000 et 40 000 leur
nombre ! C’est pourquoi, quand j’ai lu un article du Guardian selon lequel
on prépare un événement en février prochain, One Day Without Us, de reconnaissance de la contribution des
travailleurs migrants à la Grande-Bretagne, ça m’a confirmé ce qu’on a vu en
classe comme quoi les processus à l’œuvre dans le cas des travailleurs migrants
ici se retrouvent aussi dans des contextes similaires, dans ce cas le
Royaume-Uni.
Si les conditions de travail, ou de quasi-esclavage
dans le cas des aides familières, selon lesquelles sont intégrés ces
travailleurs migrants sont déjà déplorables, c’est triste de lire qu’ils sont
en plus victimes de racisme et de xénophobie grandissants. L’organisateur de l'événement
explique comprendre que certains travailleurs ne peuvent pas légalement faire
la grève, mais pourraient plutôt décider de ne pas travailler cette journée-là. Ça
illustre bien la difficulté à mobiliser les travailleurs les plus vulnérables,
notamment les aides familiales qui résident sur leur lieux de travail et
pourraient difficilement « take the day off ». L’organisateur
affirme ensuite être surpris de l’importance du mouvement qu'il a engendré, qui atteignait 6 000
personnes au moment de la publication. Le nombre me semble toutefois assez peu
important. J’imagine que ça s’explique en partie par le fait que plusieurs
personnes ne connaissent pas les stratégies utilisées par les entreprises en
matière d’emploi, dont j’ai moi-même appris l’existence dans les dernières
semaines seulement. On ne s’imagine pas que Dollarama, par exemple, n’emploie
pas toujours les employés de ses centres de distributions, mais comblent ces
postes permanents par des travailleurs temporaires qui n’ont pas accès aux
avantages sociaux des employés réguliers, et doivent parfois payer leur
matériel de sécurité. Dans le cas de Dollarama, les employés ne sont pas des
travailleurs migrants temporaires, mais la seule existence du programme PTET-PS
laisse présager de telles stratégies de gestion d’une main d’œuvre migrante. C’est
aussi possiblement cette invisibilisation qui explique qu’on entende peu parler
de PINAY malgré de nombreuses années d’activité, et du faible soutient public
auquel l’organisation a droit.
En conclusion, One Day Without Us est un événement que je crois tout indiqué pour
nous aussi, et qui permettrait de conscientiser le public à qui on cache,
intentionnellement, des réalités qui autrement choqueraient bien davantage
selon moi.
Pierre-Hubert Leroux
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Taylor, D. (2016, 10 octobre). Migrants plan day of action to highlight contribution to Britain. The Guardian. Repéré à https://www.theguardian.com/uk-news/2016/oct/10/migrant-workers-plan-labour-boycott-to-protest-racism-highlight-contribution-to-britain
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