lundi 17 octobre 2016

One Day Without Us


La présentation des deux invités au séminaire de la semaine dernière (du 12 octobre) m’a appris beaucoup de choses. La principale étant que le travail des migrants temporaires, mais aussi des immigrants qui travaillent dans les agences, est assez invisible. On connaît tous le stéréotype de la famille de TMR (Ville Mont-Royal) qui emploie une aide familière, souvent asiatique, mais c’est à la lecture des textes à l’étude pour cette semaine que j’ai réellement compris l’ampleur du phénomène. Au Québec, on estimerait entre 20 000 et 40 000 leur nombre ! C’est pourquoi, quand j’ai lu un article du Guardian selon lequel on prépare un événement en février prochain, One Day Without Us, de reconnaissance de la contribution des travailleurs migrants à la Grande-Bretagne, ça m’a confirmé ce qu’on a vu en classe comme quoi les processus à l’œuvre dans le cas des travailleurs migrants ici se retrouvent aussi dans des contextes similaires, dans ce cas le Royaume-Uni.

Si les conditions de travail, ou de quasi-esclavage dans le cas des aides familières, selon lesquelles sont intégrés ces travailleurs migrants sont déjà déplorables, c’est triste de lire qu’ils sont en plus victimes de racisme et de xénophobie grandissants. L’organisateur de l'événement explique comprendre que certains travailleurs ne peuvent pas légalement faire la grève, mais pourraient plutôt décider de ne pas travailler cette journée-là. Ça illustre bien la difficulté à mobiliser les travailleurs les plus vulnérables, notamment les aides familiales qui résident sur leur lieux de travail et pourraient difficilement  « take the day off ». L’organisateur affirme ensuite être surpris de l’importance du mouvement qu'il a engendré, qui atteignait 6 000 personnes au moment de la publication. Le nombre me semble toutefois assez peu important. J’imagine que ça s’explique en partie par le fait que plusieurs personnes ne connaissent pas les stratégies utilisées par les entreprises en matière d’emploi, dont j’ai moi-même appris l’existence dans les dernières semaines seulement. On ne s’imagine pas que Dollarama, par exemple, n’emploie pas toujours les employés de ses centres de distributions, mais comblent ces postes permanents par des travailleurs temporaires qui n’ont pas accès aux avantages sociaux des employés réguliers, et doivent parfois payer leur matériel de sécurité. Dans le cas de Dollarama, les employés ne sont pas des travailleurs migrants temporaires, mais la seule existence du programme PTET-PS laisse présager de telles stratégies de gestion d’une main d’œuvre migrante. C’est aussi possiblement cette invisibilisation qui explique qu’on entende peu parler de PINAY malgré de nombreuses années d’activité, et du faible soutient public auquel l’organisation a droit.

En conclusion, One Day Without Us est un événement que je crois tout indiqué pour nous aussi, et qui permettrait de conscientiser le public à qui on cache, intentionnellement, des réalités qui autrement choqueraient bien davantage selon moi. 


Pierre-Hubert Leroux
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Taylor, D.  (2016, 10 octobre). Migrants plan day of action to highlight contribution to Britain. The Guardian. Repéré à https://www.theguardian.com/uk-news/2016/oct/10/migrant-workers-plan-labour-boycott-to-protest-racism-highlight-contribution-to-britain

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