mercredi 5 octobre 2016

IKEA, post-colonialisme et stratégies antisyndicales


Une image à vendre


     On s’attendrait peut-être d’une entreprise suédoise comme IKEA, qu’elle soit ambassadrice des mêmes valeurs sociales et des mêmes idéaux démocratiques que son pays d’origine. Effectivement, elle perpétue cette image du pays nordique, lointain, avancé technologiquement et modèle de social-démocratie. Elle véhicule une ambiance, un style, des produits qui rappellent ce pays d’Europe du Nord et qui font voyager le consommateur qui déambule dans ses allées. En réalité, c’est l’image qu’elle vend. Elle est reconnue pour son succès marketing et s’insinue peut-être plus que d’autres entreprises dans le quotidien des gens[1]. Combien d'entre-vous êtes entrés au IKEA en ayant en tête d'acheter un élément précis ? Et combien d'objets ont terminé dans votre panier ? 
  
     IKEA est une multinationale, une corporation comme les autres, elle cherche à maximiser ses profits et à baisser les coûts de production. Sa « stratégie de planification fiscale agressive » est dénoncée par certains eurodéputés : « Ikea a essentiellement utilisé des échappatoires fiscales qu’offrent les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg »[2]. Elle est colonisatrice, elle impose son image partout où elle s’installe. Elle exploite les ressources et la main-d’oeuvre locale, elle délocalise et combat la syndicalisation en désinformant les travailleurs-euses, en leur faisant croire que la syndicalisation va leur faire perdre des acquis, en mettant des obstacles entre le syndicat et les travailleurs[3] [4], etc.  Elle est accusée de violer les droits syndicaux, les droits du travail et d’avoir « une attitude antisyndicale dans de nombreux pays »[5]. Elle est aussi accusée d’esclavagisme[6]  et d’avoir exploité les prisonniers des camps de travail forcé d’Allemagne de l’Est[7] [8]. Bref, une entreprise multinationale à l’ère du capitalisme avancée.     


  
     Cet article du Devoir m’a fait réagir, d’une part pour l’image que cette multinationale revêt : celle d’ambassadrice d’un modèle social démocrate d’Europe du Nord, alors qu’en réalité elle est une corporation qui vise la croissance et le profit. Cette image n’est qu’une des nombreuses manières d’arriver à leurs fins. D’autre part, pour leur réputation antisyndicale et anti-travailleurs-euses qui les précèdes, je tiens à féliciter les employé.es qui tiennent tête[9] à une entreprise multinationale qui fait fit des règles en vigueur dans la majorité des pays qu’elle colonise.

Charles Lavoie






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