Une image à vendre
On s’attendrait
peut-être d’une entreprise suédoise comme IKEA, qu’elle soit ambassadrice des
mêmes valeurs sociales et des mêmes idéaux démocratiques que son pays
d’origine. Effectivement, elle perpétue cette image du pays nordique, lointain,
avancé technologiquement et modèle de social-démocratie. Elle véhicule une
ambiance, un style, des produits qui rappellent ce pays d’Europe du Nord et qui
font voyager le consommateur qui déambule dans ses allées. En réalité, c’est
l’image qu’elle vend. Elle est reconnue pour son succès marketing et s’insinue
peut-être plus que d’autres entreprises dans le quotidien des gens[1]. Combien d'entre-vous êtes entrés au IKEA
en ayant en tête d'acheter un élément précis ? Et combien d'objets ont terminé
dans votre panier ?
IKEA est une multinationale, une corporation
comme les autres, elle cherche à maximiser ses profits et à baisser les coûts
de production. Sa « stratégie de planification fiscale agressive »
est dénoncée par certains eurodéputés : « Ikea a essentiellement
utilisé des échappatoires fiscales qu’offrent les Pays-Bas, la Belgique et le
Luxembourg »[2].
Elle est
colonisatrice, elle impose son image partout où elle s’installe. Elle exploite
les ressources et la main-d’oeuvre locale, elle délocalise et combat la
syndicalisation en désinformant les travailleurs-euses, en leur faisant croire
que la syndicalisation va leur faire perdre des acquis, en mettant des
obstacles entre le syndicat et les travailleurs[3] [4], etc. Elle est accusée de violer les droits
syndicaux, les droits du travail et d’avoir « une attitude antisyndicale
dans de nombreux pays »[5]. Elle est aussi accusée d’esclavagisme[6]
et d’avoir exploité les prisonniers des
camps de travail forcé d’Allemagne de l’Est[7] [8]. Bref, une entreprise
multinationale à l’ère du capitalisme avancée.
Cet article du Devoir m’a
fait réagir, d’une part pour l’image que cette multinationale revêt :
celle d’ambassadrice d’un modèle social démocrate d’Europe du Nord, alors qu’en
réalité elle est une corporation qui vise la croissance et le profit. Cette
image n’est qu’une des nombreuses manières d’arriver à leurs fins. D’autre
part, pour leur réputation antisyndicale et anti-travailleurs-euses qui les
précèdes, je tiens à féliciter les employé.es qui tiennent tête[9] à une entreprise
multinationale qui fait fit des règles en vigueur dans la majorité des pays
qu’elle colonise.
Charles Lavoie
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