samedi 8 octobre 2016

La Capitale est envahie de marchands ambulants!



L’été 2016 marqua un moment où la société civile fut bouleversée dans ses fondations les plus profondes. Vous trouverez, dans cet article, les détails de cet évènement (http://ici.radio-canada.ca/regions/ottawa/2016/07/04/003-un-stand-kiosque-limonade-ferme-faute-permis.shtml). Jamais Ottawa n’aura connu une journée aussi sombre. En début du mois de juillet, deux fillettes prirent d’assaut un espace dans un parc près du canal Rideau pour installer leur kiosque et faire commerce de leur limonade. Cela va à l’encontre du règlement du parc.

Effectivement, les fillettes n’avaient pas en leur possession le permis nécessaire pour faire valoir leur droit de commercer à cet endroit. Elles doivent obligatoirement obtenir l’approbation par la Commission de la capitale nationale (CCN). Sur l’avis d’un agent de la CCN, les fillettes ont dû plier bagage et retourner chez elles. Après que l’histoire est faite sensation sur les réseaux sociaux, la CCN s’est excusée auprès de la famille de contrevenants et a promis qu’elle allait faire ce qu’elle peut pour les permettre d’obtenir l’autorisation de vendre leur limonade dans le parc.

Cette histoire me rend perplexe à plusieurs niveaux. D’abord, après avoir demandé aux fillettes de partir, la CCN n’était même pas sûre si l’emplacement en question était sous la législation fédérale ou municipale. Il y a ici une question essentielle en ce qui a trait aux partages des pouvoirs et à la différenciation des compétences. Une personne voulant commercer doit-elle se tourner vers une institution fédérale, provinciale ou municipale? Est-ce que différents règlements se superposent (on parle ici d’un kiosque, mais la question peut se poser au niveau plus large)? La CCN avait affirmé qu’elle allait faire son possible pour accélérer le processus d’acquisition du permis. Est-ce que cela nous dévoile, comme le dirait de Soto, les mailles d’un système législatif beaucoup trop lourd pour de simples vendeurs de limonade ambulants?

En ce sens, je crois qu’il serait un peu trop fort d’avouer que notre État brime l’esprit entrepreneur des jeunes de cinq et sept ans en leur imposant un système législatif beaucoup trop contraignant. Peut-être qu’à cinq ans effectivement cela peut sembler un labyrinthe sans fin, mais, pour un entrepreneur qu’on dirait « dans la moyenne », cela ne doit pas s’avérer plus fastidieux que de tenter de remplir sa première demande pour l’assurance-emploi. Nous sommes effectivement dans un État où nous avons des règles, où les voitures doivent s’arrêter devant un feu rouge et où les chiens doivent être tenus en laisse.

Ce qui a vraiment semblé choquer le public dans cette affaire, c’est l’âge des fillettes. Il est vrai que cela semble agressif qu’un agent fédéral renvoie chez elle deux fillettes pour avoir contrevenu au règlement, mais aurait-on eu vent de cette histoire si les deux fillettes avaient 15, 20 ou 25 ans? Je mettrais ma main au feu que non. Il semblerait donc acceptable que deux fillettes puissent vendre de la limonade informellement dans un parc afin de financer leur voyage dans un camp de vacances. Une forte majorité de gens dirait que cela devrait être « toléré ». Mais si une femme de 25 ans vendait de la limonade informellement dans un parc pour « financer » l’école de ses deux fillettes, ça ne passerait surement pas. Les autorités feraient simplement appliquer les lois.

Je ne suggère pas que ces deux fillettes mériteraient une contravention. Je tente simplement de faire réfléchir sur ce sujet. Vous avez beau être un(e) citoyen(n)e honnête toute votre vie, si vous avez une contravention pour vous être garé au mauvais endroit au mauvais moment une seule fois dans votre vie, et bien « sorry body » tu vas payer un ticket comme tout le monde, peu importe ce que tu inventeras comme histoire.

Nous sommes dans une société très imparfaite, inégalitaire et impersonnelle.


Maxime Flibotte

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