dimanche 1 octobre 2017

Addiction d'un jour, addiction toujours...

   «Certains prennent de la cocaïne pour améliorer leur vigilance et répondre à la sollicitation de l'entreprise, d'autres du cannabis pour faire baisser la pression». [1] 

   En effet, ne vous est-il jamais arrivé d'adopter la même situation de ces diverses personnes? Oui, ces nombreux individus, qui le samedi soir, à l'occasion, fument un joint avec leurs vieux amis du collège en jouant au poker, sont les mêmes qui, le lundi matin, s'injectent une, deux, trois goûtes d'Expresso avant d'aller au travail, comme si de rien n'était. 

   
   C'est dans cet article du journal de la presse française, «2minutes», paru le 27 Septembre dernier, que cette journaliste attira mon attention en ce qui a trait à la consommation des produits psychoactifs pour gérer son stress ou améliorer ses performances au travail. En résumé, semblerait-il que les conduites additives comme la consommation d’alcool ou de drogues seraient de plus en plus répandues au travailLe travail et son environnement  peuvent être un facteur déclencheur d’une conduite addictive, ou encore favoriser une pratique personnelle. C’est d'ailleurs un phénomène qui concerne tous les métiers, avec une diversification des produits consommés. 

« Les journées étaient très longues, je n’arrivais pas à dormir, mon supérieur était vraiment stressant, je suis passé d’un joint de temps en temps à plus de vingt par jour. Je fumais comme un pompier, j’étais défoncé H24. Quand je fumais, mon travail était mieux fait, je ne stressais pas, j’étais concentré et ordonné. » (Nicholas, 16 ans) [2]  

Stress au travail 


   Tout comme le jeune Nicholas, le stress accompagné de contraintes professionnelles peuvent provoquer des conduites addictives auprès de plusieurs employeurs. Faisons un pas en arrière et analysons l'évolution du concept de travail. À la base, qu'est-ce que le travail si ce n'est qu'une activité que l'homme a choisi pour subvenir à ses besoins? Au cours de la première période du 18e siècle, le travail a été valorisé comme facteur de production de biens et services et comme création de la richesse. Le siècle suivant, il se définit comme étant l'essence de l'homme. C'est à travers le travail que l'individu parvient à s'émanciper. Alors qu'au 20e siècle, il devient le pivot du système de distribution des revenus, des droits et des protections sociales. C'est également durant ce siècle que la place que l’individu aura dans la société se définie. Ainsi, nous voyons que le travail connaît une transformation extrême, que ce soit dans l'augmentation du salaire, la libéralisation de l'individu ou encore les nouvelles méthodes de gestion. [3] Cependant, malgré toutes ces améliorations, le stress des salariés ne cesse d’accroître, ce qui les poussent à vouloir consommer pour se sentir mieux. 


Performance au travail 


    Aujourd’hui, notre place dans la société est beaucoup définie par notre travail qui est le vecteur d’intégration. Ce qui nous amène à l'autre transformation du travail : le développement des nouvelles technologies qui modifia à coup sûr la charge de travail. Selon la thèse évolutionniste, l’individu est perçu comme un être de besoin et de désirs. [4] Les salariés se retrouvent piégés dans le cercle vicieux du « faire plus avec moins », une course à la performance qui les poussent à trouver une aide en comprimé. «L’intensification, le système d’évaluation, la pression par les objectifs, énumère le sociologue Renaud, causes de ces nouvelles addictions. La réussite est un puissant anxiolytique. Et la peur de perdre son emploi pousse aussi à en rajouter.» [5] Tout comme les employés de l'entreprise de commerce électronique Amazon, nombreux des individus de nos jours ont une remise en question de leurs capacités. Selon bon nombres d'entres eux, il faut écraser les autres ou encore lutter les uns contres les autres pour se démarquer. Nous pouvons ainsi dire que nous sommes dans une société où la concurrence est à son extrême. [6] 


Éviter le jugement 


    L'article se termine sur l'avis critique de divers spécialistes. Ces derniers supposent qu'il faut avant tout changer le regard de la société sur ces addictions. « Il faut prendre de la distance avec la notion de drogue qui enferme dans un jugement entre le licite et l’illicite et empêche donc de penser la diversité des usages» [7] Selon eux, on ne doit pas se centrer sur l’individu déviant. La meilleure attitude à adopter est de se questionner sur les raisons de ces consommations, qui ne sont pas toujours des addictions. Nous devons trouver l'essence même du problème, qui selon moi, réside dans la trop grande pression du patron envers le salarié. Comme dirait Elton Mayo, les humains de la société sont le corps social de l'entreprise et non des machines. Il faut donc faire attention à eux en les traitant avec dignité pour assurer une meilleure productivité. [8]


Anne Elisabeth Démétrius


Bibliographie

Article de départ: Gabriel, O. (2017, 27 septembre). Alcool, cocaïne, tranquillisants... quand le travail mène à la drogue,  20 Minutes. Repéré à : 
http://www.20minutes.fr/sante/2137179-20170927-alcool-cocaine-tranquillisants-quand-travail-mene-drogue

1- Article de départ

2- Article de départ

3- NOISEUX, Yanick. (Automne 2017). SOL2015- Cours 1 et 2 (transformation du travail: un système productif en pleine mutation & évolution du concept de Dominique Méda, 2007), Université de Montréal.

4- NOISEUX, Yanick. (Automne 2017). SOL2015- Cours 2 (extrait du film « Les dieux sont tombés sur la tête » Jamie N, 1980), Université de Montréal.

5- Article de départ

6- NOISEUX, Yanick. (Automne 2017). SOL2015- Cours 3 (la méthode Amazon), Université de Montréal.

7- Article de départ

8- NOISEUX, Yanick. (Automne 2017). SOL2015- Cours 3 (Elton Mayo et l'école des relations humaines), Université de Montréal.






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