L’ordre des
ingénieurs du Québec (OIQ) est sur le point de mettre en place de nouveaux
règlements pour permettre aux immigrants de mieux s’intégrer sur le marché du
travail. Ils ont pour objectif d’augmenter le taux d’obtention des permis
d’ingénieurs pour les professionnels formés à l’étranger, tout en réduisant les
délais d’acquisition de celui-ci. En effet, le nombre de permis octroyés à des
ingénieurs immigrants a diminuer de manière considérable depuis 2013, il est
passé de 34% à 18% en 2017. L’initiative de l’OIQ à homologuer de nouvelles règles visant une
meilleure intégration des immigrants, autorisera une certaine amélioration pour
les individus s’établissant au Québec qui se cherche du travail. Or, le permis
de pratique, dorénavant plus facile d’accès, n’est pas le seul facteur qui
entre en compte lorsque vient le moment pour un ingénieur immigrant de se
trouver un emploi au Québec.
D’abord, le permis junior qui
leur ait accordé par l’OIQ, est un droit de pratiquer tout en étant supervisé.
Il est donc difficile pour les individus détenant ce genre de diplôme de se
trouver un emploi dans une entreprise qui accepte de les chapeauter. Les
employeurs ont toutefois d’autres critères d’embauche que les permis, comme le
fait remarquer une ingénieure immigrante au Québec, qui fait part de ce constat
dans l’article. Fâcheusement, elle à bien raison. Les immigrants, et en
particulier les femmes, sont sujets à être victime de discrimination lors des
processus d’embauche, et ce, malgré leur expérience, leur statut et leur scolarisation
obtenu à l’étranger. Il est possible de confirmer l’existence d’un
profilage racial à l’embauche au Québec grâce aux méthodes de testing qui consistent à envoyer des
C.V. identiques sous tout rapport sauf que l’un porte un nom de famille de
groupe majoritaire et l’autre un nom de famille d’un groupe racialisé. Le
candidat franco-québécois à 60% plus de chances d’être convoqué à une entrevue
que les autres candidats.[1]
Les facteurs d’inégalités qui touchent les immigrants sont multiples puisqu’ils recoupent en même temps des traits identitaires et des différences de
ressources en ce qui concerne l’avoir, le pouvoir ou le savoir. En effet, les
immigrants à leur arriver au Québec peuvent se retrouver en déficit de
ressources matérielles et peuvent ne pas (ou peu) posséder de ressources
sociales et politiques.
Découle
de la discrimination et de la non reconnaissance des diplômes obtenus à
l’étranger, qui est particulièrement forte au niveau des professions
réglementées, la surqualification des immigrants. Ils doivent donc souvent se résoudre à accepter des emplois
plus modestes. Or, « Une
analyse plus fine des données dans la région de Montréal révèle cependant que
le principal facteur explicatif n’est pas l’origine étrangère du travailleur ou
de son diplôme, mais la couleur de sa peau. Une fois toutes les variables
isolées, comme la langue, l’âge, le sexe ou l’expérience professionnelle, on
voit que les principaux écarts avec la majorité se trouvent chez les
Philippins, les Noirs, les Latino-Américains et les Sud-Asiatiques. »[2]
Trouver un emploi s’annonce donc être une tâche difficile et lourde de
conséquences pour les immigrants. Il est, à mon avis, déplorable de discriminer
un individu en fonction de ses traits identitaires, puisqu’ils sont propres à
lui en plus d’être impossible à dissimuler. De plus, comme le souligne une
ingénieure immigrante dans l’article, avoir la possibilité d’exercer sa
profession d’ingénieure nécessite d’une part la maitrise de l’anglais ou du
français et, d’autre part, des contacts dans une entreprise. Un point important
est ici relevé puisque les
procédures de recrutement supposent un caractère informel, non transparent et
peu démocratique. En effet, les immigrants, et en particulier les femmes,
manquent souvent d’informations et sont souvent coupés des réseaux, dont
l’appui est essentiel pour obtenir un poste ou de l’avancement au sein de
l’entreprise.
Bref, on peut prendre conscience qu’un diplôme
n’est pas automatiquement gage d’indépendance pour les immigrants. Les
changements apportés par l’OIQ auront-ils un impact? Voici la question qui était
énoncé au tout début de l’article. Selon
moi, et à la lumière de ce qui a été brièvement démontré dans le texte, l’OIQ
fera, dès mai 2018, un pas positif vers l’amélioration de l’intégration des
immigrants ingénieurs sans toutefois enrayer la discrimination subit par
ceux-ci. Une remise en question sociétal s’annonce nécessaire. La conscience
collective (en admettant qu’il est possible d’atteindre une telle conscience)
doit aplanir les préjuger qu’on tous et chacun envers les immigrés. C’est
toutefois grâce à des initiatives comme celle de l’OIQ qu’on pourrait un jour,
souhaiter arriver à une telle conscience.
Au terme de
ce blogue, on peut s’interroger sur les
conséquences qui découle de ne pas avoir d’emploi, ou d’exercer un travail qui
n’est pas en congruence avec ses qualifications. En effet, selon Durkheim,
c’est par le travail que se passe l’intégration en société. L’absence de
travail est alors un facteur d’exclusion sociale. De plus, le travail construit
l’identité des individus dans notre société où l’économique est placé au centre
de tout. Les immigrants ingénieurs qui ne trouvent pas d’emploi dans leur
domaine seront donc contraints de « modifier » leur identité. De
plus, selon Locke, le travail est le premier pas vers l’émancipation. Donc, les
immigrants, en ne trouvant pas d’emploi sont moins indépendants financièrement
et plus dépendants du gouvernement par exemple.
Par Rebecca Choquette
Lien vers
l’article : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/508012/ingenieurs-immigrants-cherchent-emploi
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